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La Izquierda Diario
20 de avril de 2016 Twitter Faceboock

Même si Martinez essaye d’arrondir les angles
Dans les couloirs et à la tribune, ça gueule au Congrès de la CGT

Alors que pour Philippe Martinez ce congrès devait être une consécration et asseoir une légitimité qu’il tend à cultiver dans la dernière période, notamment de par la posture « contestataire » de la CGT, en pleine mobilisation contre la loi Travail, les plans ne semblent pas se dérouler comme prévu. La pression de la base se fait sentir, celle qui souhaite une autre orientation et qui exige du syndicat « une impulsion », en se montrant notamment plus offensif face à la loi El Khomri, en posant notamment la question de la grève reconductible, pour construire réellement le « tous ensemble » jusqu’au retrait pur et simple du texte qui devrait arriver devant le Parlement le 3 mai.

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Damien Bernard

Pourtant, alors que la pression de la base se fait sentir, la direction confédérale de la CGT joue à la politique de l’autruche pour éviter toute voix trop dissonante susceptible d’influer sur l’orientation aujourd’hui défendue par la direction confédérale. C’est d’abord sur la question du scandale de l’ancien secrétaire générale, Thierry Lepaon, qu’une partie des représentants mandatés, a voulu marquer le coup, et exiger des comptes à la direction. Une déléguée du syndicat des journalistes SNJ-CGT, Sonia Deputier, a évoqué ce « triste épisode » qui « a fait beaucoup de mal à la CGT et a meurtri les militants ». « Où en sommes-nous aujourd’hui ? », exige-t-elle. Mardi après-midi, lors du débat sur le rapport financier, un militant de Normandie, la région de l’ancien secrétaire général de la CGT, a directement interpellé Lepaon. Cette exigence de transparence, de la base, s’est notamment exprimée par un camouflet pour la direction de la CGT. Le rapport d’activité – qui sanctionne le bilan de la direction confédérale depuis le précédent congrès de 2013 – a été adopté par les congressistes avec un score relativement bas, ce qui est inédit.

L’autre question tient au silence total de la direction confédérale de la CGT quant à la répression policière, notamment de la jeunesse. Martinez a tenté d’abord d’apporter quelques éléments d’explication à travers une réponse à Cazeneuve. Tout en affirmant, qu’un « certain nombre d’épisodes violents émaillent les différentes mobilisations dans le pays », Martinez a tenté de désamorcer la situation en ne remettant pas en question « le rôle essentiel d’encadrement et de maintien de l’ordre des salariés et professions concernées ». Pour Martinez, il s’agit ainsi de désamorcer l’affaire de l’affiche d’Info’Com-CGT, après s’en être dissocié en partie, sans la condamner, après les attaques de Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. La pression a été tellement forte qu’Info’Com-CGT a été amené à relativiser* en partie sur la question de la remise en cause de la police dans son ensemble qui doit, selon le syndicat, « protéger les citoyens et non les frapper ». *« L’objectif de cette communication, que l’on assume, c’est de dénoncer des forces de l’ordre qui réagissent à un certain nombre d’ordres, ou en tous cas de consignes du pouvoir en place », a réagi Romain Altmann, secrétaire général Info’Com CGT au micro d’Europe 1. Le responsable concède toutefois qu’il s’agit d’une affiche « un peu acide et qui se veut provocante ». Ces déclarations ont alors permis selon la CGT Police de mettre « fin à la confusion » expliquant alors que « la même affiche avec la photo de nos deux ministres, plutôt que le logo CRS, aurait réellement ciblé les responsables ».

Mais c’est aussi et surtout vis-à-vis de la question de l’orientation que la direction confédérale de la CGT, pressée par la base, a décidé de hausser le ton, allant même jusqu’à empêcher certaines voix beaucoup trop dissonantes de s’exprimer. La direction confédérale a notamment empêché la CGT Goodyear de s’exprimer avant les votes, utilisant même pour cela des méthodes intimidantes en musclant le service d’ordre. L’intervention visait à défendre une autre orientation pour « renforcer l’orientation de lutte de notre syndicat en commençant par l’organisation d’une manifestation énorme de rassemblement à Paris de tous pour imposer le retrait de la loi Travail. ». Mais ils étaient aussi plusieurs congressistes à se relayer au micro pour demander au syndicat « une impulsion », en se montrant notamment plus offensif face à la loi El Khomri, posant même la question de la grève reconductible. Des militants combatifs ont alors défilé à la tribune pour prôner la grève générale contre cette « loi de merde et de soumission », selon un délégué des transports routiers. Un syndicaliste de Cap Gemini a défendu la grève générale reconductible en citant Lénine : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin. »

On le voit, la pression à la base se fait sentir et cela d’autant plus que la mobilisation crée un contexte propice ouvrant un espace pour réfléchir aux possibles de la lutte contre la loi Travail. C’est dans ce contexte que la direction confédérale de la CGT a rédigé un appel pour « amplifier la riposte, dès le 28 avril, par la grève interprofessionnelle et des manifestations pour obtenir dans un premier temps le retrait du projet de loi de casse du code du travail ». Il s’agit donc pour Martinez de simplement confirmer l’appel à la grève du 28 avril, ne cédant pas aux griefs de nombres de délégués qui plaidaient pour une « grève générale reconductible », à partir du 28 avril, jusqu’au retrait de la loi travail. « On est loin du compte », a réagi un délégué défendant l’idée d’une « grève interprofessionnelle reconductible » ; un autre suggérant de « bloquer le pays, notamment à travers les dépôts de carburant ». Pour les militants, dont la combativité et l’envie d’en découdre ne sont plus à prouver, il s’agit de continuer à batailler pour un autre appel et exiger de Martinez d’appliquer le mandat qu’un grand nombre de militants combatifs ont exprimé durant ce congrès, pour une autre politique. Pour construire réellement le rapport de force face au gouvernement et au patronat, cela sera seulement possible en œuvrant à la grève reconductible, seule à même de bloquer l’économie, pour imposer une dynamique à la grève générale, en lien avec la jeunesse, les étudiants et les lycéens. Batailler lors de ce congrès pour cette orientation sera la meilleure façon de préparer un 28 avril en reconductible, jusqu’au retrait total de la loi Travail.

* Version du 22 avril corrigée suite à une remarque sur une erreur factuelle envoyée par un de nos lecteurs.

 
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