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La Izquierda Diario
13 de mai de 2016 Twitter Faceboock

Un sens aigu des responsabilités
Motion de censure. A quoi jouent les frondeurs ? A quoi joue la droite ?
Corinne Rozenn

Valls a le sourire : Hollande est à Bangui, Macron empêtré dans des soupçons de (quasi) pots-de-vin londoniens, alors que lui triomphe avec le 49.3 au Palais Bourbon. Pour quelqu’un qui cache mal ses ambitions élyséennes, quoi de mieux ? La motion de censure de la gauche n’a pas pu être déposée, mercredi, à deux voix près, alors que celle déposée par la droite, jeudi, a échoué. Il lui manquait quarante-deux voix. C’est à se demander si la gauche frondeuse et la droite avaient réellement envie de faire passer à Valls un sale quart-d’heure ou non.

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Pour ce qui est du rapport de la Loi Travail avec le Parlement dès lors que le gouvernement avait recours au 49.3, c’est assez simple : dès lors que cette procédure particulière était mise en œuvre, la seule façon de s’opposer à la Loi Travail en première lecture (avant un retour devant les députés le 13 juin après un passage par le Sénat), c’était de voter une motion de censure.

Exit les arguments de certains ministres à commencer par celui que voter la motion de censure c’était faire le jeu de la droite et la rappeler au pouvoir : si la confiance fait défaut à un gouvernement, alors celui-ci doit démissionner et un autre gouvernement doit se former sur la base du rapport de force préalablement existant. En cas d’hypothétique victoire d’une motion de censure, il n’y a donc pas dissolution de la Chambre et encore moins passage de témoin à l’opposition. Tout juste aurait-on pu avoir, dans le cas actuel, un gouvernement socialo-bis ou une nouveau gouvernement rose-rouge-vert comme le réclament certains.

Systématiquement, donc, en cas de 49.3, l’opposition parlementaire dépose une motion de censure pour le folklore, puisqu’étant dans l’opposition, ses chances d’être majoritaire sont minces. Cette fois-ci, cependant, on peut imaginer que deux députés de droite aurait pu signer le texte des 46 députés (déjà paraphé par Jean Lassalle, député bayroutiste), pour leur permettre de déposer ladite motion, ou encore que les frondeurs (qui, pourtant, votent LR ou UDI pour faire barrage au FN) auraient pu voter pour celle de la droite pour rayer de la carte la Loi Travail.

Et pourtant personne n’a voulu entrer dans aucune combine parlementaire : signe d’un sens aigu des responsabilités ? Oui. Ni les députés PS, ni les députés de droite n’ont réellement envie de déclencher la crise politique majeure que signifierait la chute du gouvernement Valls sur fond de mobilisation sociale.

A gauche, certains disent que les deux signatures manquantes étaient courues d’avance. Christian Paul aurait fait semblant de se démener en sachant qu’aucun des aubrystes n’allait signer, ce qui rendait d’autant plus confortable la signature des proches de Benoît Hamon ou Montebourg.

A droite, personne ne s’est hasardé à jeter de l’huile sur le feu en donnant sa signature à la gauche, ce qui est loin d’être exceptionnel sur un certain nombre de textes de loi. Mais tant Eric Ciotti qu’Eric Gosselin, pourtant classés très à droite, ont dit tout fort ce que la droite marmonne tout bas : les divisions de la gauche sont une mauvaise chose, d’abord parce que personne ne veut d’un gouvernement d’union nationale ou technocratique à un an des présidentielles (ce qui ferait le jeu du FN) et personne ne veut mettre Hollande réellement en difficulté… car tout ce beau monde soutient en dernière instance la Loi Travail.

Tout juste a-t-on eu droit à un jeu de posture. Ce n’est pas la motion de censure déposée par la droite, qui prône des attaques dans la droite ligne de la Loi Macron ou de la Loi El Khomri, qui représente un rempart contre l’offensive actuelle du gouvernement. Nous ne sommes pas dupes, néanmoins, de tous ces députés qui accepteraient d’un côté les règles anti-démocratiques de la Ve mais qui refuseraient de ratifier la seule option qui existe pour exprimer la défiance à l’égard du gouvernement. C’est dans la rue et par la grève que l’on pourra faire reculer la Loi Travail et son monde. Mais c’est dans l’Hémicycle que les députés qui se disent de gauche, qu’ils soient frondeurs, ou à gauche de la majorité présidentielle, doivent déposer une motion de censure ou voter celle qui a été déposée mardi pour dire à Hollande et Valls tout le mal que les manifestants contre la Loi Travail pensent d’eux.

Tout au plus la dernière séquence aura permis à certains de se mettre en avant à la télévision, à d’autres de gagner à bon compte leurs galons (reconfirmés) de frondeurs (à la petite-semaine) alors que d’autres encore, à l’instar de Montebourg, prépare le lancement de sa candidature en 2017. Une chose est sûre : plus que jamais, c’est à travers la reconductible que l’on fera reculer leur monde.

 
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