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La Izquierda Diario
6 de juin de 2016 Twitter Faceboock

À nouveau cette année, une mobilisation massive
Argentine. Contre les violences faites aux femmes, #NiUnaMenos reprend la rue

Buenos Aires comme de nombreuses villes d’Argentine a été le théâtre d’une très large mobilisation féministe, vendredi dernier, faisant fait suite aux manifestations contre les féminicides de l’année dernière. Un réveil de la lutte pour le droit des femmes en Amérique latine qui doit nous inspirer ici en France !

Andrea D’Atri

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À nouveau, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées dans tout le pays au son d’un seul cri : « Ni una menos ! Vivas nos queremos ! » [NDT, littéralement : « Pas une de moins ! Nous nous voulons vivantes ! »]. À Buenos Aires, plus de 100 000 manifestantes ont marché depuis le Congrès jusqu’à la place de Mai, derrière un cortège de tête composé par les familles de victimes de féminicides.

De manière indiscutable, #NiUnaMenos s’est imposé dans l’agenda politique national, installant la date du 3 juin comme date emblématique de la dénonciation des responsabilités du gouvernement, du parlement et de la justice face aux violences de genre qui coûtent la vie à une femme toutes les trente heures en Argentine.

Cette année, la journée de mobilisation a été marqué par une revendication particulière : la liberté pour Belén, une jeune femme de Tucuman condamnée à 8 ans de prison pour avoir pratiqué un avortement – ce qui n’a par ailleurs jamais été prouvé. La question de la légalisation de l’avortement, dont l’interdiction est la cause de la mort de 300 femmes chaque année dans le pays, victimes des conséquences des avortements dangereux et clandestins, a été au cœur de la manifestation. La blessure ouverte des violences faites aux femmes, qui ne peut cicatriser du fait du manque de politiques pour pallier au moins de manière minimales leurs conséquences, s’est transformée en un canal d’expression du mécontentement contre le gouvernement et les mesures d’austérité, contre la hausse des prix et les licenciements que subissent les familles travailleuses.

La manifestation a été marquée par une participation massive et majoritaire de la jeunesse. Lycéennes et étudiantes de la région de Buenos Aires ont été nombreuses à manifester avec leurs propres pancartes confectionnées les jours précédents, ou improvisées au moment même, et leurs propres inscriptions peintes sur leurs vêtements ou leurs visages. Dans de nombreux établissements scolaires, les cours ont été annulés pour permettre aux étudiantes et aux professeures de participer à la mobilisation, après de nombreuses journées pendant lesquelles des débats, des discussions et des projections ont été organisés sur la question de la violence machiste.

Les grands groupes médiatiques liés au gouvernement n’ont pas promu l’événement avec le même enthousiasme que l’année dernière. Cependant, face au succès évident qu’allait avoir la mobilisation, ils ont commencé à en parler quelques heures avant le début de la manifestation. Le gouvernement national a fait de même, en lançant un spot télévisé sur la violence de genre réalisé par le ministère du Développement social dirigé par Carolina Stanley. De la même manière, certains journalistes qui l’an dernier avaient joué un rôle actif dans la diffusion et l’organisation de l’évènement, et qui cette fois n’ont pas participé aux préparatifs, ont lancé un sondage anonyme via les réseaux sociaux pour réaliser une carte indicative de la violence de genre en Argentine. Un autre exemple est celui de Fabiana Tuñez, qui avait été l’année passée une des organisatrices de la manifestation à travers l’ONG La casa del encuentro, et qui occupe aujourd’hui la présidence du Conseil national des femmes au sein du gouvernement de Mauricio Macri.

Les rues qui séparent le Congrès de la place de Mai ont été envahies par des collectifs étudiants, des collectifs féministes, par la coordination nationale pour le droit à l’avortement, des organisations syndicales et politiques, et notamment notre collectif féministe Pan y Rosas ainsi que le PTS.

NiUnaMenos démontre qu’il est plus que jamais nécessaire de réaliser ce que nous affirmons dans notre slogan « S’ils s’en prennent à l’une d’entre nous, nous nous organiserons par milliers » [« Si tocan a una, nos organizamos miles »]. Il est plus que jamais nécessaire d’organiser en une force militante des centaines de milliers de femmes, prêtes à partir au combat contre le machisme et contre les gouvernements, la justice et les institutions qui le perpétuent, le légitiment et le reproduisent. Nous invitons toutes celles qui veulent prendre part à cette tâche à se joindre à nous !


Trad. SM. CS.

 
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