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La Izquierda Diario
4 de juillet de 2016 Twitter Faceboock

Matraques, boucliers, casques, masques à gaz, lacrymogènes, flashball...
Récit des rafles policières contre les migrants à Paris le 29 juin
  •  PAR LA CHAPELLE EN LUTTE
  •  BLOG :LE BLOG DE LA CHAPELLE EN LUTTE

    Un jeune homme qui passait par là raconte les scènes violentes de rafle contre les migrants devant les locaux de FTDA et l’Eglise Saint Bernard. Après avoir résisté avec les migrants et les soutiens, il rentrera choqué et blessé par la police ...

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    Il y a quelques jours je rentrais de mon stage ;marchais le long du canal pour aérer un peu des idées qui avaient passé la journée cloitrées dans un bureau. J’arrive à Stalingrad, et comprend très rapidement que quelque chose ne va pas : une lignée de gendarmes positionnée, prête à charger sous le métro aérien, en face de moi, sur des réfugiées qui portent à bout de bras quelques affaires ou une tente. « Comment tu as tout de suite su que c’était des réfugiés ? », me demanda le soir même ma sœur, comme si voir des policiers charger des personnes qui ne sont pas blanches, fuyant et essayant d’emporter une tente n’était pas le lieu commun de la réalité raciste et policière de la gestion des réfugiés en France...

    Les gendarmes agressifs ; je ramasse quelques tentes abandonnées dans la fuite avec deux jeunes filles,tandis qu’ils s’avancent vers nous en ligne ; j’ai une tente à la main – je fais partie des indésirables – « On t’a dit de bouger, tu bouges » me crient deux gendarmes après m’avoir attrapé par le bras ; ils me poussent en arrière.Je me dégage, aidé par un autre jeune, puis on s’éloigne, avec quelques autres soutiens. En face de nous, les gendarmes précipitent les réfugiés et d’autres soutiens dans le métro, nassés sous le pont depuis une vingtaine de minutes : la scène est violente bien sûr ; les gendarmes ne nous laisseront pas passer. Face à face avec eux, suivent une quinzaine de minutes durant lesquelles on ne sait trop quoi faire – aller chercher les tentes restées dans le métro ? – Il y a un rassemblement devant St Bernard ! Les rumeurs circulent ; on apprend ce qui s‘est passé dans le 15èmearrondissement, un réfugié nous dit qu’en France les policiers sont « de grosses brutes ». Un jeune s’en va, tente de passer, un gendarme lui barre la route ; d’autres passants nous demandent ce qui se passent, on leur explique et ils répondent « Quelle honte ! »…

    Je m’éloigne discrètement avec une jeune fille, nous faisons le touret ramassons les quelques tentes qui restent, devant le regard strict de gendarmes militairement alignés : ils ont à leur tour alignés les réfugiés le long du trottoir, à côté d’un ramassis de tentes entassées ; la plupart blessés, tous exténués des harcèlements successifs qu’ils subissent. Deux bandes d’hommes qui se regardent ; ou plutôt un petit bout d’humanité qui contemple ses tortionnaires. Je donne les tentes que j’ai ramassées ; et on discute un peu ; tous sont sonnés : « c’est ça la France, la liberté ! où est ce qu’on va aller maintenant ? » Je donne un paquet de gâteaux que je transportais dans mon sac ; seul geste utile de réparation que j’ai d’ailleurs eu l’impression d’avoir pu faire ce soir.

    Deux autres soutiens vont à St Bernard en voiture ; je monte avec eux - je ne les connais pas et nous n’avons échangé que quelques mots ; nous partons ensemble.

    On s’arrête un peu avant l’église : un parvis sur lequel sont assis quelques réfugiés ; une dizaine a déjà été embarquée. On rejoint les réfugiés ; les gendarmes se groupent peu à peu sur le côté droit. On se groupe à notre tour. Matraques, boucliers, casques, masques à gaz, lacrymogènes, flashball, l’un d’eux a même une caméra qu’il s’amuse à nous pointer dessus. Soudainement ils s’avancent ; on s’interpose, aide à déplacer les tentes ; les gendarmes nous crient dessus, on les interpelle en retour ; ils bousculent un homme à la jambe cassée, en poussent d’autres qu’ils ne veulent pas bouger. D’un coup, rompent les rangs ; nous foncent dessus, se saisissent des tentes, l’un donne un coup de pied à des personnes qui ne veulent pas lâcher.

    Le service "propreté de Paris" jette les tentes des exilés © NJLe service "propreté de Paris" jette les tentes des exilés © NJ

    Désarroi ; Pourquoi vous faites ça ? Vous trouvez vraiment que c’est un métier de déposséder les gens les plus démunisdu peu qu’ils ont pour vivre à la rue ? De garder pendant des heures un carré de pavés pour empêcher les gens d’y aller ? – nos interpellations sont suppléées par l’intervention d’un voisin, qui, les fenêtres grandes ouvertes, diffuse « Assassin de la Police ! ». Quelques slogans sont scandés, quelques klaxons nous soutiennent, puis nous discutons un peu, médusés ; il pleut, et au bout d’une heure la moitié des gendarmes s’en vont ; je dois y aller, je salue soutiens et réfugiés… Je m’en vais un peu fébrile ; un hématome sur le torse, une plaie sur la main et la rage en guise de souvenirs.

     
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