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La Izquierda Diario
7 de juillet de 2016 Twitter Faceboock

Qui a tué Alton Sterling ?

Ce mardi 5 juillet, deux policiers ont tué de sang-froid Alton Sterling devant une agence de dépannage à Baton Rouge en Louisiane. La vidéo du meurtre a rapidement circulé et les gens ont commencé à descendre dans la rue pour protester. De nombreuses organisations locales et fédérales ont suivi la marche.

Traduction de l’article de Tre Kwon
Source originale

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Qui-a-tue-Alton-Sterling

Un policier blanc de Baton Rouge n’a pas tué Alton Sterling.
Deux policiers ne l’ont pas jeté au sol, plaqué contre le parechoc avant d’une voiture. De « multiples blessures de tirs » ne l’ont pas fait saigner jusqu’à la mort.
Du sang noir sur le pavé noir. Des cris noirs derrière la caméra. Incrédules mais conscients.
Mardi 12h35 : les policiers Blane Salamoni et Howie Lake arrivent devant l’agence de dépannage. Ils cherchent quelqu’un : un corps qui correspond à leur description. Ils trouvent Alton Sterling, 37 ans, noir aux Etats-Unis.
Nous regardons la vidéo et notre sang se glace, puis s’enflamme à entendre Sterling crier. Ces flammes, nous les connaissons déjà. Eric Garner. Rekia Boyd. Sandra Bland. Michael Brown. Tamir Rice. Jamar Clark.
Un policier blanc de Baton Rouge n’a pas mis fin à la vie d’Alton Sterling. Le système l’a fait. Piétiner une histoire, déformer la réalité d’un peuple et communauté. Un homme dont le fils a la parole étouffée par les sanglots. Un homme dont la femme, Quinyetta Mcmillon, manifeste sa rage aux caméras avides d’informations :
« Je suis maintenant forcée d’élever un fils qui va se souvenir de ce qui est arrivé à son père. Que je ne vais pas pouvoir lui retirer. Il est en âge de comprendre. J’ai mal pour lui, et sa perte. En tant que parent, une des plus grandes peurs est de voir votre enfant blessé et savoir qu’il n’y a rien à faire. »
Les médias commencent l’exécution post-mortem de la victime. La CNN harcèle la tante de Sterling, lui demandant trois fois le casier judiciaire de son neveu assassiné, imperturbable devant ses sanglots. Son « passé criminel ». Voyou. Une arme dissimulée. Les mélodies racistes des médias capitalistes défendent un meurtre de sang-froid par la police, ne permettant la souffrance qu’aux familles blanches qui ont perdu un être cher.
Un racisme bien huilé, employé par l’Etat, au service de la lutte des classes. Il a déjà pris plus de 550 vies cette année. Le meurtre est le job ordinaire d’un policier aux Etats-Unis, où les armes étincelantes, les uniformes bien repassés, les menottes, les chiens d’attaque sont simplement les moyens du commerce pour garder la main sur les gens, les rendre serviles et craintifs. Pour garder le contrôle sur les opprimés.
Les mots sortent de la bouche du gouverneur John Edward : le meurtre d’Alton Sterling, « pour le moins perturbant ». Il fait des promesses de routine. Ceux qui ont vu, ceux qui savent que la police meurtrière des Black lives (vies des Noirs) règne telle une règle sociale ne sont pas dupés. Ces mensonges prononcés par des persécuteurs en costard et des fonctionnaires, sont aussi réguliers que l’augmentation des vies noires, des lumières noires qui s’éteignent.
Nous savons comment ça marche. A Chicago, le gouvernement de Rahm a passé sous silence l’évidence de l’exécution policière du Mcdonald depuis plus d’un an. A New-York, un juge a pris soin de la liberté de Daniel Pantaleo, après qu’il ait étouffé Eric Garner jusqu’au dernier souffle. Le policier qui a tiré sur Tamir Rice dans un espace de jeux n’a eu aucune mise en examen.
Le gouvernement fédéral a déjà mis en marche une enquête « minutieuse » et « impartiale ». Les mêmes personnes, les mêmes deux partis, persécuteurs, et cours de justice qui gardent 2,2 millions de personnes derrière les barreaux ne seront jamais les champions de notre libération. Les têtes du Parti Démocrate, le système légal qui criminalise Blacks, Browns, immigrants, queers, classe ouvrière et communautés pauvres ne feront pas volte-face aujourd’hui pour Alton Sterling.
Ils nous noieront dans des mensonges pour faire disparaître notre rage, prévenir d’une rébellion, et sécuriser la puissance d’un système criblé de fissures et de brutalité.
Les Démocrates, qui ont présidé l’exécution et l’emprisonnement des personnes noires, vont utiliser le meurtre de Sterling pour feindre l’ignorance et l’innocence dans les meurtres de personnes noires. Cyniquement, ils récupèrent la bannière des « droits civils » et recommencent leurs discours persécutant, dans l’espoir de marquer des points aux prochaines élections.
Le département de la justice, le FBI, l’Etat de l’Attorney, tout le monde est en train d’étudier ce cas. Le système promulgue sa guerre préventive contre la classe ouvrière. Parce que le Pouvoir a entraperçu le pouvoir, lorsque la jeunesse noire était dans les rues de Baltimore l’année dernière.
Les marionnettes du gouvernement, compradores, et libéraux auraient donné leur costumes pour nous trainer en justice pour nous berner dans des débats sur la police « appeurée pour leur vie ». Ici, nous rencontrons le poison de notre mouvement. Même si un policier était condamné, la suprématie blanche et le capitalisme ne sera jamais mis en procès.
La destruction de la police viendra par des mobilisations foudroyantes, blocages des rues, cessation de travail, grèves, qui s’étirent au-delà de Baton Rouge dans chaque coin du pays.
Nous ne garderons aucune foi dans les cours de justice. Nous ne resterons pas à la maison, ni écouterons leur appel au « calme ». La justice n’est pas possible dans ce système. A la place, nous devons nous lever et prendre notre justice dans la rue, commencer un mouvement qui peut élever un nouveau système basé sur la logique d’égalité et de libération.
La nuit du mardi 5 juillet, quelques heures après qu’Alton Sterling ait été tué, 150 personnes ont protesté à Baton Rouge, les voix étranglées, les poings levés, « Fuck the police ». Comme avec Baltimore et Ferguson, nous attendons aujourd’hui de voir si la colère prend Baton Rouge. Ainsi que nous tous, nous allons ajouter notre gaz sur le feu, pour en finir de compter les vies noires consumées par le système.

 
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