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La Izquierda Diario
20 de juillet de 2016 Twitter Faceboock

Tournant sécuritaire : vers un Etat de plus en plus autoritaire
Prolongation de 6 mois de l’état d’urgence. Le PS et la droite s’accordent contre nos libertés
Arthur Nicola

Nous passerons un an sous l’état d’urgence, surement plus. La « République », cette « démocratie représentative » ne semble plus trouver de moyens pour assurer son emprise sur la population au nom de la « sécurité collective ». Et pourtant cette politique non seulement s’est déjà révélée un échec complet mais elle ne sert en fin de comptes qu’à redoubler la répression contre des militants politiques, syndicalistes, associatifs ou toute personne s’opposant aux différents projets du patronat et du gouvernement. Les attaques contre le droit de manifester pendant les mobilisations contre la Loi Travail en sont une preuve. Maintenant le gouvernement et la droite voudraient aller plus loin encore !

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Même si l’attentat de Nice a provoqué certaines réactions racistes et islamophobes, il semblerait que la capacité de manipulation du gouvernement soit moindre par rapport aux attentats du 13 novembre. L’effet « d’unité nationale » recherché semble moins marcher, allant jusqu’à voir le premier ministre, Manuel Valls, hué lors des hommages aux victimes de Nice.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a fait voter au parlement et au sénat la prolongation de l’état d’urgence pour six mois. C’est-à-dire la prolongation la plus longue depuis que celui-ci a été instauré en novembre 2015. Cela a été le résultat d’une concession faite à la droite qui veut que le gouvernement applique des mesures plus « fermes » dans sa soi-disant « lutte contre le terrorisme ».

On ne peut pas exclure qu’il s’agisse également d’une manœuvre électoraliste de la droite visant à pousser le gouvernement à adopter des mesures qui vont au-delà de ce que sa base électorale traditionnelle pourrait tolérer.

Finalement, seul le groupe Front de gauche et quelques députés écologistes ont voté contre le projet au sénat.

L’impérialisme français et ses politiques ultra-sécuritaires préparent de nouveaux attentats

Nous passerons un an dans l’urgence. Le non sens de la précédente phrase souligne une chose : c’est que cette urgence tendra à devenir la non urgence, la « normalité » que l’on devra vivre tous les jours. A l’instar de Vigipirate, lancé en 1995 et dont le niveau n’a jamais été abaissé et systématiquement relevé, il est peu probable que la France puisse se passer d’un état d’urgence permanent, du moins du point de vue de ceux qui définissent « l’intérêt national », c’est à dire les intérêts d’une minorité. En effet, ses politiques impérialistes, dans toutes ses formes, c’est à dire de l’intervention armée (dans des pays comme le Mali, la RDC ou la Syrie) à l’impérialisme économique et politique tout aussi destructeur, ne cesse de créer des troupes de plus en plus violentes qui s’en prennent à leur agresseur.

La logique de groupes comme Daesh est claire et connue de tous : il s’agit de frapper dans les pays impérialistes occidentaux afin que ceux ci augmentent leur riposte interventionniste, créant ainsi les bases de révoltes qui profiteront à ces mêmes organisations. Doit on encore rappeler que les organisations terroristes que l’armée française veut combattre ont été initiées par nos gouvernements, que ce soit directement (le cas d’Al Qaida dans le cadre de la guerre en Afghanistan en 1979 est frappant) ou indirectement (Daesh a en effet été largement financée par l’Arabie Saoudite, le principal allié de la bourgeoisie française au Moyen Orient) ?

Si certaines voix tentent de s’élever pour réclamer l’arrêt des frappes en Syrie, ces voix semblent occulter sciemment le fait que c’est toute la politique étrangère de la France qui alimente la situation actuelle. Dans les pays du Maghreb, ex-colonies françaises, devenus de véritables semi-colonies, à l’instar de la Tunisie où la politique française a été systématiquement de soutenir les régimes les plus autoritaires pour servir avant tout ses intérêts économiques, la colère ne peut être que grande vis à vis de la France. Ce sera la même chose dans les pays de l’ex-AEF et ex-AOF, où la France est véritablement le « gendarme de l’Afrique », intervenant sans cesse et installant ses dictateurs ou ses républiques autoritaires afin de garder la main mise sur les richesses du pays.

Ajoutons à cela la misère sociale, inévitable quand on comprend la nature du capitalisme, et on ne peut pas penser une seconde que c’est par plus d’interventions à l’étranger, plus de stigmatisions des populations musulmanes et immigrées, plus de surveillance étatique que le terrorisme s’arrêtera. Il ne fera que continuer à croitre, et, systématiquement, ceux qui payeront de leur vie ces politiques impérialistes et anti-sociales seront les travailleurs et les masses, celles et ceux qui emmènent leurs enfants voir un feu d’artifice ou qui vont écouter un concert de métal.

La France à un tournant de son histoire ?

Matériellement, le système n’est que peu menacé par ce terrorisme ; au contraire, dans un contexte où la « démocratie représentative » commence à perdre énormément de légitimité, parce qu’elle montre quels intérêts elle sert, le terrorisme et la peur permettent de trouver une nouvelle source de légitimité pour le régime. Le système électoral n’apporte plus beaucoup de légitimité aux gouvernants ; il suffit de se pencher sur les taux de participation et sur les taux de confiance des élus quelques mois après leur élection. Les 49.3 utilisés à répétition, pour des lois aussi antisociales que l’ANI, la loi Macron ou la loi El Khomri ont fait qu’une partie de la base électorale du PS rompe avec celui-ci et son gouvernement.

Dans cette crise de légitimité, lorsque les masques tombent, le terrorisme est une aubaine pour revenir à la définition hobbesienne de l’Etat, c’est à dire une institution avant tout pensée pour la sécurité des individus avant leur liberté. La réaction d’Eric Ciotti, député des Alpes Maritime le montre bien : à la question « voulez vous rompre avec l’Etat de droit, enfermer des gens dans des centres qui ne sont pas condamnés ? », le député répond « si vous aviez vu les cadavres sur la promenade des Anglais je crois que vous ne me poseriez pas cette question ». Rappelons que le député soutien pour la primaire LR Nicolas Sarkozy : il ne s’agit même pas d’un député du Front National !

La bourgeoisie prépare donc ses armes contre son principal ennemi, tout en taisant son nom ; le nommer serait en effet lui donner une existence, une conscience qui à elle seule, menacerait l’ordre des choses. Nous sommes bien en train de vivre un tournant autoritaire, bonapartiste, en France. En effet, aussi bien le PS que la LR savent qu’il sera très important pour eux et le patronat de maintenir la paix sociale d’ici les prochaines élections et éviter des mouvements comme celui qu’on a connu au printemps dernier. Bien que, au moment même où nous écrivons, le gouvernement annonce une nouvelle utilisation du 49.3 au parlement pour adopter la Loi Travail, nous ne pouvons pas encore exclure une reprise du mouvement ou qu’un autre type de mouvement, notamment parmi les jeunes, se déclenche à la rentrée. Il s’agit donc pour les classes dominantes de renforcer l’arsenal répressif contre les travailleurs et la jeunesse, même si de faon préventive. Cela explique en partie cette nouvelle prolongation, pour une plus grande période, de l’état d’urgence.

Pour la jeunesse et les travailleurs il s’agira donc de prolonger leur résistance contre les attaques et leurs luttes pour défendre nos libertés démocratiques dont la remise en cause ne peut favoriser que ceux qui nous oppriment et exploitent.

 
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