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La Izquierda Diario
15 de août de 2016 Twitter Faceboock

Indécence médiatique et racisme d’Etat
Des « traces de cannabis » dans le sang d’Adama Traoré. Mais qu’y avait-il dans celui des policiers qui l’ont assassiné ?
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C’est la grande nouvelle des médias depuis jeudi. Une analyse toxicologique révélée par le procureur de Pontoise affirme que des traces de THC (molécule active du cannabis) auraient été trouvé dans le sang d’Adama Traoré. Il aurait, d’après cette expertise, consommé du cannabis « dans les douze heures » précédant sa mort, peut-être « une ou deux heures avant ». Alors que c’est la dissimulation et le mensonge qui entourent jusqu’à aujourd’hui les circonstances de la mort d’Adama Traoré et la responsabilité des policiers qui l’ont interpellé, à quoi peut donc bien servir cette nouvelle « révélation » ?

Sarah Carah

Quand la victime est jeune et noire, c’est qu’elle est coupable

« Adama Traoré avait consommé du cannabis avant sa mort » titrent en cœur 20 minutes, Le Point, Europe 1, BFM… Un « titre-choc » qui permet d’omettre deux choses importantes : qu’une seule expertise sur les deux menées tire cette conclusion, mais plus encore, que même celle-ci indique que cela « ne permet pas d’expliquer le décès ». Un titre-choc donc, pour nous révéler que comme un très grand nombre de jeune de son âge, la victime avait fumé du cannabis, la veille ou le jour même…et que cela n’a rien à voir avec sa mort.

Un autre élément récurrent de tous ces articles est celui de répéter que la présence de cannabis dans son sang contredirait les avocats de la famille. La parole de la famille, relayée par les avocats, est ainsi mise en doute. Et qu’importe si l’avocat de la famille se base lui aussi sur une expertise médicale, et donc que c’est celle-ci qui est contredite, et non la parole de ceux et celles qui ont perdu leur enfant, frère, ami.

Ainsi, grâce à cette « petite révélation » tombée du ciel, on aura assisté ces derniers jours à un procès inversé. Par un habile tour de passe-passe, ce sont les victimes qui sont suspectes, et les policiers mis en cause…disparus du radar. Des procédures de la justice bourgeoise jusqu’aux médias dominants, c’est dans la vie d’Adama que l’on fouille, c’est son corps que l’on inspecte, c’est sa famille que l’on met en doute. Pendant ce temps-là, ni le procureur qui avait donné de fausses informations pendant les jours suivants sa mort, ni les policiers qui l’ont interpellé, ni le silence des juges ne sont mis sous les projecteurs. Le temps sans doute que les forces de l’ordre, qui craignent un nouveau « 2005 », puissent faire le tri dans leurs sales affaires.

Ce procès inversé sert sur un plateau un nouveau récit, celui que les classes dominantes rêveraient de voir valider. Finies, les accusations de racisme contre la police, dont les contrôle aux faciès et la violence envers les personnes racisées sont pourtant bien connus. Fini aussi, le parallèle avec le mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis. La police bleu-blanc-rouge tient à garder son pedigree de police de l’Etat des Droits de l’Homme. À l’inverse, le nouveau récit qui tente d’être écrit est celui d’un jeune des quartiers, probablement voyou puisqu’il fumait du cannabis, probablement menteur puisque sa famille est « contredite » par les experts du procureur de Pontoise, et certainement, après tout, responsable de sa propre mort. Contre cette parodie de justice, à nous d’exiger la vérité, pour Adama et tous les autres, la vérité du racisme et de la violence qui coulent dans les veines des institutions policières et judiciaires de cet Etat.

 
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