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La Izquierda Diario
15 de octobre de 2016 Twitter Faceboock

Le lendemain de l’Existrans
Manif pour Tous. Fachos et jupes plissées s’apprêtent à ressortir du placard

Xavier Dolan 2

Sous le silence depuis près de deux ans, le mouvement né dans la lutte contre le mariage pour tous fait son come-back à la rentrée 2016. Il s’était vu aussi recevoir en 2014 de nombreux soutiens importants dans sa lutte contre la gestation pour autrui (GPA). Au programme, dans l’optique d’une reconstruction de la famille « à nouveau menacée » et d’une contestation vis-à-vis du « changement d’identité sexuelle sur simple déclarations », l’organisation d’une manifestation le 16 octobre prochain. Soit… Le lendemain de l’Existrans.

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Une date clé pour un programme chargé

Si le terme de manifestation semble a priori convenir à ce qui est au tableau des festivités le 16 octobre prochain, celui de contre-manifestation est d’autant plus approprié. En effet, cette date n’a pas été choisie au hasard, elle correspond en réalité au lendemain de la 20ème Marche des personnes Trans, intersexes et de toutes les personnes qui les soutiennent, plus connue sous le nom d’Existrans.

Et évidemment, la Manif pour tous est fermement contre le changement d’état civil libre et gratuit, ou plutôt la facilitation de celui-ci, qui est encore bien loin de satisfaire les associations trans. Elle réclame que ce changement ne puisse se faire que dans un cadre rigide nécessitant l’attestation d’une association ou d’un médecin. Le problème ne serait pas soi-disant « la transsexualité, mais le transgenre », comme a pu le théoriser Ludivine de La Rochère, présidente de La Manif pour tous. Nous pourrions alors croire qu’il s’agit là de propos rentrant dans le top 10 des plus transphobes de la semaine. Mais heureusement les dires de la présidente, quelques minutes après, viennent invalider cette remise de médaille. En effet, telle Nadine Morano et son « amie noire », La Rochère a « un ami qui est transsexuel, et c’est un sujet douloureux, difficile » a-t-elle avouée dans une interview a TETU

S’inscrivent aussi dans ce sympathique programme la remise en cause de la filiation, les atteintes à la liberté éducative et la politique familiale, soit « les trois thématiques qui choquent nos sympathisants, trois motifs majeurs de redescendre dans la rue » selon la présidente. A interpréter ici comme ‘le renouveau’ du débat sur la Procréation médicalement assistée (PMA) et la Gestation pour Autrui (GPA).

Rythmer la campagne des primaires de droite, et flirter avec l’extrême droite.

En plus de se tenir le lendemain de l’Existrans, il va de soi que la manifestation tombe au milieu des débats organisés dans le cadre des scrutins des primaires de la droite et du centre, sur lesquels les opposants au mariage pour tous veulent peser. Ils espèrent ainsi contraindre les candidats aux primaires à se positionner clairement sur toutes ces questions. Un sujet sur lesquels les cadres Les Républicains n’ont cessé de se défiler, ou ‘au mieux’ changer d’avis. Le cas de Nicolas Sarkozy, ex-président de la République, l’illustre bien. Après s’être prononcé en faveur de l’abrogation de la loi Taubira en 2014, il a relaté dans son livre La France pour la vie qu’il ne « reviendrait pas sur le mariage gay ». La seule exception étant peut-être Valérie Pécresse, depuis sept mois présidente du conseil régionale d’Ile de France, qui envisageait de « démarier les couples » homosexuels déjà passés devant le maire lorsque la droite reviendrait au pouvoir.

Compte tenu des ‘bons contacts’ entretenus par la Manif pour Tous avec des élus du FN, il n’est pas non plus exclu qu’elle puisse être tentée de se tourner vers ce parti pris. Notamment si en 2014, Alain Juppé s’était prononcé en faveur de l’adoption des couples homosexuels, tout en gardant une position très ambigüe sur le sujet et le considérant maintenant comme « une question compliqué ».
Et comme chacun le sait, s’il y a bien une personne catholique en politique qui porte aujourd’hui le message de la Manif pour tous, c’est Marion Maréchal Le Pen. Bien plus ouvertement que Marine Le Pen ou Florian Philippot. Contrairement à ces deux derniers, elle a participé activement aux démonstrations de la Manif pour tous. En atteste aussi ses invitations à des universités d’été, faites par des responsables de l’Eglise, et en compagnie de la cathosphère politique qui n’y trouve guère à redire.

Face à cette vague réactionnaire, continuons le combat

Quelles figures politiques, de gauche comme de droite, vont prendre part au débat ? Avec quelle stratégie ? L’inter-LGBT va-t-elle s’atteler à une contre offensive ou s’en tenir à sa satisfaction de l’obtention du mariage pour tous ? Tout autant de questions qui émergent suite à la découverte du retour sur scène de la Manif Pour Tous. On peut d’ores et déjà émettre des hypothèses quant aux positionnements de cette association, qui brille par sa politique conciliatrice avec le Parti Socialiste. Qui avait accepté, par exemple, de raccourcir la marche des Fiertés de juillet dernier, en raison de l’état d’urgence et de l’euro. Qui a aussi refusé le maintien de la revendication du changement d’état civil libre et gratuit pour les personnes trans, après avoir signé le compromis comprenant cette demande en 2014. Une chose est sûre, c’est que toute une frange ne se laissera pas faire. Celle qui rejette l’institutionnalisation et la mollesse d’une machine telle que peut l’être l’inter-LGBT, mais aussi plus généralement tout un gouvernement prétendu socialiste. Ce nouveau souffle de combativité, ayant émergé lors de la mobilisation contre la loi travail, s’est notamment incarné à travers l’émergence du Pôle Radical en ce qui concerne la question LGBTI.

Cette frange est aussi celle qui ne se leurre plus quant à la réalité de la crise mondiale que nous traversons, et qui a rompu avec toute forme « d’illusions démocratiques ». Le rôle des institutions par exemple, ou encore les forces de l’ordre comme étant au service du maintien de l’état bourgeois, et non à la protection et à l’égalité pour tous, notamment des plus précaires. Elle est pleinement consciente de l’encrage structurel de l’hétéro-patriarcat sous le système capitaliste, et du fait qu’il participe à entretenir la monogamie, la double journée de travail, la prostitution, les violences machistes. Avec dans le même temps, l’immense force qu’il a d’invisibiliser ces thématiques, tout comme des milliers de personnes ne se reconnaissant pas dans le spectre de la binarité imposée par cette société, ou les normes d’orientations sexuelles et romantiques.

Autant de sujet face auxquels, en tant que féministes marxistes révolutionnaires, nous nous devons d’apporter des réponses. Et ce grâce aux nombreux apports des principales référentes du marxisme, telle que Rosa Luxembourg, Alexandra Kollontaï ou encore Clara Zetkin, et ainsi développer pleinement notre stratégie d’émancipation des femmes.

 
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