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La Izquierda Diario
25 de octobre de 2016 Twitter Faceboock

Quand beauté rime avec morbidité
Miss Islande quitte un concours de beauté. « Trop grosse » pour qui ?!

Arna Ýr Jónsdóttir, élue Miss Islande en 2015, a été jugée par les organisateurs du concours de « Miss Grand International », à Las Vegas, trop grosse pour y concourir. Sommée de se mettre au régime sec, elle a décidé de quitter la compétition et « explorer la ville, bien manger et profiter de [son] séjour ».

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A. Bronstein

Bien évidemment, on ne peut que se réjouir pour elle d’avoir osé partir avant de mettre sa santé en danger, mais aussi, et surtout, on est en droit de s’interroger sur le fondement même de ce genre de compétition. Basés exclusivement sur des normes physiques (culte de la maigreur, phobie des rondeurs, teint lisse – bonus pour les femmes blanches, symétrie du visage…), ces concours ne font que renforcer les liens étroits qui unissent capitalisme et patriarcat.

Pour ces milliers de femmes tout d’abord, qui sont mises en concurrence entre elles, se pliant à des régimes qui mettent bien trop souvent leur vie en danger, jugées par des regards inquisiteurs, soumises à l’avis d’une poignée de personnes – bien souvent des hommes. Dépossédées de leurs corps, elles sont transformées en marchandises que les capitalistes tentent ensuite de vendre à la ménagère de moins de quarante ans, sous forme de pilules-minceur, crèmes anti-ride, talons aiguilles, fonds de teint extra-couvrant, mascaras ultra-volume et autres outils de torture. Évidemment, il est de notoriété publique qu’après quarante ans, les femmes sont des causes perdues, trop vieilles pour être belles.

Violence également pour celles qui sont la cible de ce discours médiatique dominant qui ne critique que très peu les fondements même de ce type d’événements (à peine commencent-ils à dénoncer le risque encouru par ces concurrentes toutes plus squelettiques les unes que les autres). Des femmes comme vous et moi, qui finissent par croire qu’on ne peut exister et être belle qu’au travers des yeux d’un juge. Qu’on est obligées de se comparer sans cesse à sa voisine pour se sentir valorisée. Que notre corps ne nous appartient pas, car en dernière instance, « c’est aux téléspectateurs de trancher ».

Violence esthétique, donc, véhiculée à l’heure actuelle par ces mêmes médias qui font de Arna Ýr Jónsdóttir une héroïne, une nouvelle rebelle qui refuse de se plier aux critères trop sévères des concours de beauté, et qui inondent leurs pages des photos de cette nouvelle égérie. Pourtant, elle dont on n’a rien d’autre à vendre que sa plastique avec son mètre 73, sa taille de guêpe et ses grands yeux bleus, anticonformiste mais pas trop, cette Miss Islande a déjà de quoi nous complexer toutes.

À quand l’abolition de ces concours nauséabonds qui nous vendent un idéal de morbidité ? A quand la suppression de toutes ces publicités sexistes qui font du corps des femmes une marchandise comme une autre ? À quand l’arrêt de la mise en concurrence des femmes entre elles et cette volonté mortelle de contrôler nos corps ?
Il nous faut dès à présent œuvrer à la solidarité entre celles qui subissent ces diktats au quotidien, ces violences esthétiques, physiques et psychologiques, derrière leur poste de télé, dans la rue, au travail, parce que ce n’est qu’ensemble nous pourrons changer cet état de fait.

 
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