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La Izquierda Diario
14 de novembre de 2016 Twitter Faceboock

LEUR MORALE N’EST PAS LA NOTRE
Pendant qu’elle licencie pour trois fois rien, la grande distribution joue à l’évasion fiscale

Accusée à tort d’avoir mangé une chocolatine qui valait 0,39 centimes, Sarah a été licenciée par son employeur, un LIDL de Gondreville, en Lorraine. Elle s’est battue et a gagné son procès aux prud’hommes. Elle devrait donc toucher plus de 15.000€ de dommages et intérêts. Sarah a toujours nié les faits, elle n’a pas mangé cette chocolatine, aucune preuve n’est à sa charge.

Michi Rosso et Mariana Cano

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Ceux qui travaillent dans la grande distribution savent parfaitement les risques encourus, et la surveillance acharnée envers les employés ainsi qu’envers les clients. « Souriez, vous êtes filmés », dans les magasins nous sommes tous suspectés de vol avant d’être un employé ou un client.

LIDL a stipulé que Sarah « a manqué à son obligation de loyauté envers la société ainsi qu’aux consignes applicables dans l’entreprise, à savoir que les achats pour consommation sur le lieu de travail donnent lieu à un ticket par article acheté et sont payés immédiatement »…

Sarah n’est pas la première à être licenciée dans la grande distribution à cause des accusations aussi fausses que risibles. Cet été nous relayions un article sur Stéphanie, qui avait laissé passer de manière involontaire une boite de conserve à 0,85 centimes.

Ou encore le cas de Frank, caissier à Dia, qui a été licencié pour une erreur de caisse de 18€ à cause d’un client qui est parti sans payer.

Toujours dans nos pensées, Corinne Bernard, caissière d’un magasin Zara du Luxembourg, qui s’est suicidée à 37 ans laissant un petit mot : « Merci Zara d’avoir gâché ma vie », après avoir subi le harcèlement de sa direction.

Nous avons relayé également dans différents articles les conditions de travail épouvantables de la grande distribution.

C’est leur morale, un double discours, faux jusqu’à la moelle, que veulent nous imposer les capitalistes, avec leurs belles paroles sur la « loyauté » et l’« honnêteté »… Avec de telles conditions de travail, le zéro faute est bien évidemment impossible. C’est le stress, la pression, les reproches, et l’exigence de travailler toujours plus vite qui poussent à faire des erreurs…Mais quand la persécution ne suffit plus, ils vont jusqu’à inventer les faits…

Ceux-là même qui donnent des leçons de morale à leurs employés et licencient pour des miettes, fraudent le fisc. C’est le cas d’Auchan, appartenant à la famille Mulliez, troisième fortune de France avec une fortune de 26 milliards d’euros. Celle-ci est également propriétaire de Leroy Merlin, Décathlon, Boulanger, Norauto, Jules, Flunch, Saint-Maclou,…

Depuis le mois de mai, le groupe Auchan, ou plus précisément la famille Mulliez, fait l’objet de perquisitions dans plusieurs de ses propriétés en France, Belgique et au Luxembourg pour soupçon de fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, dans le cadre d’une information judiciaire. Passés maîtres en « optimisation fiscale », les Mulliez ont multiplié les holdings intermédiaires en Belgique, aux Pays Bas, ou au Luxembourg dans le but d’éluder la taxation des plus-values sur les cessions de valeurs immobilières …

Carrefour (2ème groupe mondial de la distribution) ne fait pas mieux, payant 0,008% d’impôt sur un milliard d’euros grâce à un montage financier avec des filiales à l’étranger. Ainsi, Eastshore Finance, crée en 2009 par SA GMR, est la maison mère de Carrefour Belgium. GMR étant elle-même détenue par Four Finance Holding, elle-même détenue par Northshore Finance, elle-même détenue par…Carrefour SA (France), vous suivez ?

Le groupe Inditex, propriété d’Amancio Ortega, deuxième fortune mondiale avec 67 milliards de dollars (équivalant à 60 milliards d’euros), détenteur de l’enseigne Zara parmi d’autres, se sert des montages financiers aussi détournés que ceux de Carrefour et les Mulliez, pour ne pas payer 906,55 millions d’euros au fisc espagnol.

De plus, les groupes de la grande distribution n’ont pas toujours des négociations commerciales harmonieuses avec les fournisseurs. Ils perçoivent des commissions de ces prestataires pour mettre en évidence certains produits dans les rayons. Ces commissions sont envoyées à l’étranger pour échapper au fisc.

En février 2016, la Répression des Fraudes a multiplié les contrôles et les perquisitions pour traquer les clauses abusives dans les contrats avec les fournisseurs, reprochant aux enseignes de « leur imposer comme préalable à la négociation le versement d’une remise d’un montant significatif non négociable » (Le Monde.fr).

Ces contrôles interviennent au moment où plusieurs manifestations ont eu lieu de la part des agriculteurs au bord de l’asphyxie. Ces grands groupes qui pressent les petits producteurs du secteur agroalimentaire comme des citrons, les poussant à la faillite et parfois jusqu’au suicide, ainsi que leurs employés, ont le toupet de donner des leçons de morale et de licencier pour des « erreurs » de quelques centimes. Que représentent les 0,85 centimes d’euros pour lesquels a été licenciée Stéphanie par rapport aux 26 milliards d’euros de la famille Mulliez ? Eh bien il ne représentent que 0,00000000003% !...Ils fraudent le fisc pour des sommes millionnaires…ils licencient pour des centimes, et ils appellent cela « moral ».

 
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