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La Izquierda Diario
21 de novembre de 2016 Twitter Faceboock

Encore une surprise
Que dit la presse internationale sur la primaire de la droite française ?
Philippe Alcoy

La primaire de la droite française a pris des dimensions qui débordent non seulement les frontières politiques, dans le sens où même des sympathisants de gauche la suivent et y ont même pris part, mais aussi les frontières hexagonales. En effet, après le Brexit et la victoire de Donald Trump aux États-Unis, beaucoup affirment que la France pourrait être le prochain théâtre d’un « tremblement politique » avec une éventuelle victoire de Marine Le Pen aux élections présidentielles de l’année prochaine. C’est pour cette raison que la presse internationale n’a pas manqué de commenter le résultat du premier tour de la primaire à droite.

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Une défaite humiliante pour Sarkozy

La première observation qui revient dans l’écrasante majorité d’articles, ce n’est pas tant la nouvelle de la victoire de François Fillon que celle de la défaite humiliante de Nicolas Sarkozy. Ainsi, pour le journal espagnol El País « Sarkozy a subi ce dimanche le plus humiliante des défaites, celle parmi ses propres rangs. L’ex président de France, qui est revenu en politique en 2014 avec l’objectif de reconquérir l’Élysée, a été éliminé au premier tour des primaires de droite ».

Le journal britannique The Guardian va aussi dans ce sens : « l’ancien président Sarkozy a subi une défaite humiliante, mis hors compétition après avoir mené une campagne de droite dure axée sur l’identité nationale française, ciblant les musulmans et les minorités. Son pauvre score (…) a montré qu’il était devenu une figure détestée aussi bien à droite qu’à gauche ».

Beaucoup, à l’étranger, estiment que la stratégie de Sarkozy a échoué car en essayant d’apparaître comme un « rempartcontre le FN » il a adopté un discours trop « à droite », ce qui l’aliénait des voix des sympathisants du centre et de centre-gauche. Cela ne veut pas dire que les concurrents de Sarkozy véhiculaient des idées moins réactionnaires sur l’identité nationale, sur la population musulmane ou sur l’immigration. Au contraire, comme affirme le New York Times, François Fillon a « repris les même thématiques[mais] en utilisant un langage moins dur ».

Le résultat est en tout cas que l’ancien président de la France a été défait par son ancien premier ministre. Ce qui, dans les codes des politiciens de la classe dominante, semble être l’une des plus grandes humiliations politiques. Sarkozy est ainsi le plus grand perdant de la primaire de droite. Cependant, il n’est pas le seul qui a reçu un coup dimanche soir. D’après le Financial Times « le résultat de la primaire est une déception pour Alain Juppé, qui a cherché à faire appel à une large portion du centre du spectre politique portant des valeurs libérales et une position plus modérées sur l’économie. Il est maintenant confronté à une difficile bataille pour remporter le second tour ».

À la recherche du meilleur candidat pour battre le FN ?

Tout le monde sait que ce qui se joue en grande partie dans cette primaire de la droite c’est le possible et probable rival de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017. Un scénario qui comme affirme El País d’Espagne est « celui de la France la plus à droite de la Ve République ». Non seulement les classes dominantes françaises sont inquiètes d’une victoire du FN mais cela est aussi une inquiétude pour les différentes capitales des puissances mondiales. Et leurs journaux expriment cette inquiétude.

Le britannique The Guardian est l’un des journaux qui a le plus ouvertement pris parti ces derniers temps pour les partis et orientations de l’establishment face « au danger populiste ». C’est pour cela que dans un édito d’avant le premier tour des primaires des Républicains, en imaginant un duel entre Juppé et Sarkozy, on y évaluait qui serait le meilleur pour vaincre Marine Le Pen : « Ni la France ni l’Europe peuvent se permettre une présidence de Le Pen : cela pourrait être une menace sévère pour la démocratie dans un pays où la concentration du pouvoir présidentiel est la plus forte en Occident, et cela pourrait probablement sonner la fin du projet européen. Dans l’état des choses, Juppé apparait le mieux positionné pour vaincre l’extrême-droite en 2017. Son attitude calme et son ouverture à la diversité ont le potentiel de rallier les électeurs de gauche au second tour. Sarkozy non. Après que l’élection de Donald Trump ait secoué les bases de la démocratie libérale occidentale, les enjeux ne pourraient pas être plus élevés ».

Pour le Wall Street Journal, le résultat inespéré du premier tour de la primaire encoche « un autre bouleversement dans une année de bouleversements électoraux pour l’establishment politique occidental ». Même son de cloche pour le Financial Times qui considère que « le résultat inespéré de la primaire a renforcé le sentiment de bouleversement du régime politique français ».

Cependant, la figure de Fillon présentée comme un « outsider » capable de battre le FN dans un éventuel duel au second tour ne tient pas. Comme expliquait un éditorialiste du journal brésilien Folha De São Paulo dans un article publié avant les résultats : « le problème c’est que les trois candidats […] sont la quintessence de l’establishment : Alain Juppé, 71 ans, ex-premier ministre et maire de Bordeaux depuis des années ; Nicolas Sarkozy, 61 ans, ex président ; François Fillon, 62 ans, aussi ex-premier ministre ».

Une campagne axée sur les questions économiques ?

L’arrivée en tête de Fillon au premier tour laisse penser qu’à travers une éventuelle investiture en tant que candidat de la droite, les débats présidentiels vont porter plus sur les questions économiques. En tout cas, c’est ce que le Wall Street Journal pense : « l’arrivée de Fillon au second tour de la primaire va probablement changer l’axe de la compétition vers la question de l’économie française stagnante. [Fillon] soutient que le malaise derrière tous les maux de la France est économique et financier. Le plus pro-business des candidats, il propose de démanteler des pans entiers du code du travail, d’abandonner la semaine de 35 heures, de réduire le pouvoir des syndicats et d’augmenter les impôts comme la TVA pour aider à financer les allégements fiscaux pour les entreprises ».

Pour le New York Times également les questions économiques pourraient revenir sur le devant de la scène. Mais on voit cette question comme un point faible de François Fillon : « une grande majorité des électeurs ont déclaré dimanche que les questions économiques les inquiétaient le plus, et sur ce sujet, M. Fillon pourrait être vulnérable. Il a promis des mesures sévèresdans le contexte françaispour faire reculer le rôle de l’État dans l’économie du pays : réduire de 500 000 à 600 000 postes de fonctionnaires, éliminer la semaine de travail de 35 heures et passer à une semaine de travail de 39 heures dans les services publics comme les hôpitaux. Ce type de déclarations de campagne amènent généralement des dizaines de milliers de manifestants dans les ruescomme M. Juppé a appris à ses frais au milieu des années 1990 ».

Et en effet c’est cela la question centrale pour les travailleurs, pour la jeunesse précarisée dans les quartiers et les « emplois poubelle », pour les opprimés et pour les couches populaires : gagne qui gagne à la primaire de droite et ensuite aux présidentielles, tous promettent de renforcer les attaques contre les conditions de vie des masses, d’augmenter les mesures sécuritaires et xénophobes contre les migrants. Face à cela ce dont les travailleurs et les classes populaires ont besoin c’est de commencer à préparer la résistance, reprendre le chemin de la lutte comme au printemps dernier et aller plus loin. C’est la seule façon de commencer à changer les vents réactionnaires qui soufflent sur la planète.

 
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