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La Izquierda Diario
7 de décembre de 2016 Twitter Faceboock

Après les propositions de la direction
Grève nationale à la Poste dans le pire bagne salarial de France
Arthur Nicola

La Poste est peut être une des entreprises de France où travailler cause parmi les plus grandes souffrances : suicides à répétition, burn-out, pression continue avec des réorganisations systématiques. 14 000 équivalents temps plein perdus en deux ans, pour un service qui doit rester le même : là est toute l’ambivalence de la gestion de la Poste. Face à cette situation, l’intersyndicale composée de la CGT-FAPT, SUD-PTT et l’Unsa, appelle à la grève ce jeudi 8 décembre. Une grève qui revêt un haut caractère symbolique, dans une entreprise qui incarne sûrement un modèle de ce que veux faire François Fillon à la France, et qui donne la bonne réponse aux propositions ridicules de la direction aux revendications des postiers.

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Le pire bagne salarial de France ?

La Poste apparaît maintenant depuis quelques mois comme une des entreprises qui concentrent le plus de souffrance au travail, et le bon facteur souriant des cartes postales est devenu devant nos boites aux lettres un réceptacle rempli à ras bord de souffrance. Pression managériales, coupes sévères dans les effectifs (14 000 en deux ans), répression syndicale sévère, augmentation du temps de travail effectif sans augmentation de salaire, explosion des CDD et des intérims, fermetures des agences ont amenés à autant de suicides, de burn-out, de dépression, et toutes les conséquences familiales et émotionnelles qu’on connaît. Combien de familles brisées par des divorces ? Combien d’amis perdus ? La direction de la Poste, qui s’incarne aujourd’hui dans Philippe Wahl, est responsable de toutes ces souffrances.

Cette situation avait largement été dénoncée par un collège de cabinets d’expertises, sous la forme d’un « J’accuse » particulièrement glaçant, décrivant l’ampleur de la misère sociale dans l’entreprise. Une situation particulièrement dure, dans une entreprise où les salariés sont peu concentrés, éclatés entre les diverses agences, et où la précarité est extrême : chaque personne en CDI qui part, c’est l’occasion pour les directions de prendre plus de CDD et d’intérim. Une précarité contre laquelle beaucoup cherchent à lutter.

Le « modèle Fillon » de l’entreprise

Mais certains se revendiquent de la casse de La Poste, dont un certain Fillon qui annonce, sans sourciller « une dizaine de réformes nécessaires [qui] pourrait être menée dans un délai très court après la présidentielle et les législatives. Ça pourrait passer. J’ai bien réussi à privatiser la Poste et les Télécoms. Plus personne en France ne réclame le retour de leur monopole ni du Minitel. Pas même Olivier Besancenot. »

En effet, celui qui brigue actuellement le mandat présidentiel au nom des Républicains est celui qui a été à l’œuvre des réformes dans les PTT au cours des années 1990. Des réformes sanglantes au sens propre du mot, notamment chez France Télécom (aujourd’hui Orange), où 60 travailleurs en tout se sont suicidés à cause de la souffrance causée par leur employeur. Une souffrance, des morts, autant de vies broyées, dont le candidat se réclame pour son programme économique. La Poste, qui a suivi France Télécom dans son avalanche de suicides, est de fait l’avenir que veut donner Fillon à la France : plus de précarité, plus de pressions, plus de travail, et ce pour toujours moins de rémunérations.

Pour un soutien unanime de notre classe à la grève des postiers !

Les grèves latentes et répétition dans toute la France des différents bureaux de postes n’ont échappé à personne : le plus grand centre de tri postal, Wissous, était en grève le 15 novembre ; quelques semaines avant, c’était la poste de Paris 13 qui était en grève contre la fermeture de son agence. Hors région parisienne, les conditions de travail sont tout autant exécrables, et au Havre, une grève avec blocage a tenu des dizaines de jours. Face à l’éparpillement de ces mobilisations, qui ont toutes les mêmes origines (réorganisations à répétition, réductions des effectifs, fermetures des agences…), cet appel national à la grève, chez les 220 000 agents de ce service public, est une bonne nouvelle et permettra de poser la question d’un rapport de force à large échelle, contre une direction qui entend éclater au maximum les luttes contre une politique unique. Car c’est bien à la tête de la Poste qu’il faut frapper, et tous ensemble, frapper sur ce même clou.

La temporalité de cette grève rêvée montre finalement l’ampleur du désastre social : en plein mois de décembre, quinze jours avant Noël, et de surcroit en pleine période électorale, les salariés de la Poste cherchent à faire entendre une position que personne, de Le Pen à Mélenchon en passant par Fillon, Macron ou Valls ne veulent entendre : la voix des travailleurs pour lesquels la seule survie passe aujourd’hui par une lutte contre leur direction.

 
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