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La Izquierda Diario
16 de décembre de 2016 Twitter Faceboock

Université française et malaise étudiant
L’université à l’aune du néolibéralisme : ce que disent les études et ce que vivent les étudiants

Selon une enquête récente de la SMEREP, 66% des étudiants subiraient un stress régulier et près de 49% estiment avoir déjà fait face à des situations de déprime allant jusqu’à une perte de confiance en soi. Les causes de ce mal-être sont en grande partie issue de la structure de l’université française et des conditions de vie qui l’entourent.

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Angio S.


Études et précarité

Un des facteurs explicatifs les plus courants est bien évidemment la précarité chez une grande partie des étudiants. Ainsi, une enquête de l’OVE montre que 54% des étudiants ont rencontré des difficultés financières. Plus explicite encore est le rapport délivré par l’IGAS qui alarme qu’environ 19% des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. Face à ça et de manière logique, on assiste à une croissance du salariat étudiant, qui conduit les étudiants salariés à un taux d’échec du diplôme préparé de près de 50%.

Bien évidemment, le manque de ressources financières a un impact direct sur les conditions de vie des étudiants. En effet, les difficultés de satisfaction des besoins essentiels et d’accès aux activités de loisirs et de cultures entraînent un mal-être croissant, et des situations d’isolement et de précarité pouvant aboutir à des situations tragiques.


Impact du tournant austéritaire

Les pressions austéritaires ont eu un effet désastreux dans les universités. En effet, ces politiques de réduction du déficit public ont conduit à la dégradation des conditions d’enseignement, d’étude et de travail au sein des universités. Cela se ressent en premier lieu dans de nombreuses facs au travers des locaux souvent dégradées, les cours étant parfois donnés dans des préfabriqués pourrissants. Comparée aux resplendissantes écoles de commerce payantes, l’université publique pâlit et se détériore à grande vitesse.

Le deuxième effet de ce manque de moyens est la baisse du nombre d’heures de cours avec professeurs au profit de cours numériques, sur internet. Dans une logique de réduction des coûts, on licencie, et restructure les maquettes d’enseignement. Comme le soulignent JC. Pacitto, M. Gay et JL.Charlet dans « Malaise à l’Université : Les enseignants-chercheurs ont la parole », le résultat est un gros manque d’interactions entre étudiants et enseignants, et des TD et des amphi surchargés.

Ainsi, les conséquences sur le moral des étudiants sont fortes. Des conditions matérielles peu favorables aux études et des enseignements toujours plus low-cost impliquent des taux d’échec élevés et une sélection de fait qui laisse les étudiants issus des masses populaires sur le carreau.


Sélection et concurrence

Pour se tourner un peu plus sur la structure même de l’université on peut se pencher sur la question de la sélection à tous les niveaux que ce soit. Sélection qui est d’ailleurs influencée à la hausse par les politiques d’austérité évoquées précédemment. L’exemple du Mirail illustre cette politique consciente menée à échelle nationale.

Nous remarquons que la sélection est un facteur important de stress dans le milieu étudiant. Il est essentiellement provoqué par la mise en concurrence des individus, étudiée par François Dubet dans « La préférence pour l’inégalité. Comprendre la crise des solidarités ». Le chercheur utilise l’expression très explicite de « malaise dans la solidarité » pour décrire ce phénomène caractérisé par une croissante méfiance envers les autres notamment.

Cette orientation de « l’individu au centre » (F.Dubet) se répercute sur la vie sociale des étudiants et sur leur condition de réussite.


Marché du travail et Université


Dans l’enseignement supérieur, de plus en plus de filières sont tournées vers les attentes du marché du travail. Dans ce sens-là, l’université devient de plus en plus professionnalisante. Cela induit notamment une perte croissante de sens critique, de développement des capacités individuelles de réflexion.

Ainsi, l’université prend tout son rôle de reproduction sociale et écrase peu à peu sa part d’opposition face aux idées et mouvements réactionnaires.

Les baisses drastiques de financements publics des universités, la liquidation de ses contenus au profit de filières de plus en plus liées aux besoins du marché du travail, l’accroissement de la sélection, sont non seulement le projet d’une université qui fasse de plus en plus office de couloir direct vers le marché du travail, mais a également des conséquences brutales sur les milliers de jeunes qui ont fait le choix de remettre leur avenir entre les mains de celle-ci.

Et il est clair que le programme de présidentiables pressentis comme Fillon ont pour vocation d’approfondir cette orientation. Selon le candidat de la droite, l’autonomie déjà imposée aux universités devrait être étendue aux collèges et aux lycées, et le bac ne devrait pas automatiquement amener à tous les diplômes de l’enseignement supérieur. Toujours plus de sélection, pour maintenir bien à leur place les membres des différentes classes sociales.

 
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