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La Izquierda Diario
4 de janvier de 2017 Twitter Faceboock

Pour une fois pas d’impunité pour la barbarie de Tsahal
Israël : le soldat Elor Azaria condamné pour homicide après avoir achevé un palestinien
Sadek Basnacki

Le verdict du procès du soldat franco-israélien, Elor Azaria, est tombé. Le militaire qui a achevé un palestinien blessé au sol d’une balle dans la tête a été condamné pour homicide. La sentence sera prononcée à une date ultérieure. Le caractère rarissime de ce procès est le symbole de la politique coloniale de l’État israélien.

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Les images font froid dans le dos, c’est pourtant le quotidien des populations palestiniennes. Un jeune palestinien, Abdel Fattah al-Sharif, 21 ans, est allongé sur le sol, il bouge difficilement mais il est encore en vie. On voit un soldat israélien à quelques mètres de lui armer son arme puis tirer. Le corps d’Abdel sursaute une dernière fois, une traînée de sang s’échappe de sa tête, il ne bougera plus, il vient d’être assassiné. Le problème pour Tsahal est que cet acte a été filmé par un membre de l’association israélienne B’Tselem qui défend les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés puis diffusé sur les réseaux sociaux. L’auteur du crime, le franco-israélien Elor Azaria, 19ans à l’époque des faits, a été jugé par un tribunal militaire ce mercredi 4 janvier.

Sa ligne de défense était la légitime défense, prétextant la possibilité que sa victime déclenche un hypothétique gilet explosif, gilet explosif inexistant bien entendu. Cet assassinat intervient après une attaque au couteau qu’ont mené deux palestiniens et qui ont blessé un soldat israélien. L’un a été abattu lors de l’attaque le deuxième n’est autre qu’Abdel. Azaria s’est justifié dans la foulée en expliquant que "le terroriste méritait de mourir". Ses collègues et supérieurs ont expliqué lors de l’enquête et du procès qu’ils ne partageaient pas sa vision et qu’il n’y avait aucune crainte que le palestinien ait des explosifs sur lui. D’autres témoins partage l’avis du soldat, comme le chef de la sécurité civile à Hébron, Eliayu Lebman. D’anciens généraux ont pris sa défense dont Uzi Dayan qui exprimait l’idée que "les terroristes devraient être tous tués". Ses avocats ont ajouté que des incidents semblables dans le passé n’avaient pas abouti à un procès dans la mesure où les autorités concluent en général que les soldats ou les policiers devraient avoir une "marge d’erreur" dans certaines situations complexes. Elor Azaria risque 20ans de prison. Son avocat a d’ores et déjà prévu de faire appel.

Ce procès a divisé la société israélienne. Des rassemblements de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu afin de réclamer l’arrêt des poursuites et la libération d’Azaria. Pour eux c’est un "héros qui a protégé son peuple". Une pétition de soutien a recueilli 50 000 signatures. Selon un sondage 67% des israéliens seraient pour une grâce. Certains hommes politiques vont également dans ce sens. L’actuel ministre d’extrême droite en poste au ministère de la Défense, Lieberman, a déclaré qu’il s’agissait d’un verdict difficile en ne cachant pas qu’il ne l’approuvait pas. Il a recommandé à tous de "respecter la décision du tribunal et à faire preuve de retenue". Au départ du procès, il était assis aux côtés du soldat. Netanyahou s’est prononcé favorablement pour une grâce.

Un assassin parmi tant d’autres

Chaque année, de nombreuses accusations d’exécutions extrajudiciaires par l’armée israélienne sont révélées par Amnesty international. En 1983, 4 palestiniens prennent en otages les passagers d’un bus. Les israéliens prennent le bus d’assaut, deux preneurs d’otages sont tués, deux autres arrêtés. Madjdi Abou Jama et Subhi Abou Jama, furent amenés aux hommes du Shabak (Service de sécurité générale). Le directeur du Shabak, Abraham Shalom ordonna à Ehoud Yaton, le chef des opérations du Shabak se trouvant sur place, de ne pas les laisser en vie par crainte que la vague des prises d’otages des années 70 ne reprennent. Ehoud Yatom et ses hommes massacrent à coups de barres de fer les deux prisonniers pour ne pas faire de bruit avec une arme à feu. Toutes ces exactions sont à mettre dans le contexte politique de la situation israélo-palestinienne.

La politique des colonies.

En effet ces actes sont dus à la politique de colonisation du territoire palestinien par l’état israélien. Le peuple palestinien se voit spolier ses terres, son eau, ses villes et villages depuis la nakba en 1948. A chaque fois qu’il relève la tête, il subit une répression sans nom, il suffit de constater le bilan de l’opération à l’appellation que seuls les militaires peuvent trouver poétique, "plomb durci" et qui a fait plus de 1400 morts ; ou bien la dernière en date "bordure protectrice" qui a fait plus de 2100 morts. La ville où Abdel Fattah al-Sharif a trouvé la mort, Hébron ou Al-Khalil en arabe, est le symbole de cette guerre coloniale. La ville est quadrillée par des check points, il y a cinq colonies au sein même de la ville, les colons occupent les étages supérieures des immeubles du centre-ville les palestiniens les rez-de-chaussée. Ils ont installé des grillages au dessus de la rue pour ne plus recevoir les pierres et les déchets que jettent les colons mais ça n’empêche pas l’urine, les excréments et les eaux usées de leur tomber dessus. Près de 1500 colons, aidés des soldats de Tsahal qui veulent selon leur propre mot, "stériliser" Hébron, font vivre un enfer aux 200 000 palestiniens de la ville. L’exécution d’Abdel est une parmi tant d’autres. On peut citer Hadeel Hashlamon, étudiante de 19 ans abattue à un Check point pour rien, le 22 septembre 2015 ou encore Yasmin Rashid al-Zarou, une adolescente palestinienne qui s’est fait tirée dessus puis abandonnée par les soldats qui ont sciemment empêché quiconque de s’approcher d’elle, la laissant se vider de son sang. Sur la vidéo montrant le sort d’Abdel, on voit l’ambulance s’occuper du soldat visiblement légèrement blessé au ventre mais personne ne vient s’occuper du palestinien gravement blessé. C’est une pratique courante de la part des autorités israéliennes qui préfèrent s’occuper des leurs plutôt que des palestiniens qui ne mériteraient pas les soins israéliens.

Cette situation est "dénoncée" par les alliés indéfectibles de l’état israélien, les Etats-unis. Pour la première fois, ils n’ont pas opposé leur veto à la résolution du Conseil de sécurité des nations unies, interdisant la colonisation du territoire palestinien. John Kerry a mis en avant le fait que cette politique de colonisation met en danger l’État israélien. Il continue en disant que la politique des colons "est en train de décider de l’avenir d’Israël", et parlant des israéliens et palestiniens il met en avant le fait qu’ "ils n’ont pas le choix. [Qu’]ils peuvent choisir de vivre ensemble dans un État, ou [qu’]ils peuvent se séparer en deux Etats". Et le secrétaire d’état de continuer,"mais il y a une réalité fondamentale : si le choix est celui d’un seul État, Israël peut être soit juif soit démocratique – il ne peut pas être les deux – et il ne sera jamais vraiment en paix". Évidemment ces propos ont été condamnés par Netanyahou qui a annoncé la construction de 618 nouveaux logements israéliens en territoire palestinien. Une paix avec deux états n’est pas dans l’intérêt israélien. Nos Etats malgré leur position de façade collaborent et participent à cette politique et ces massacres. Israël vient de se voir octroyer il y a quelque semaine une aide militaire de 38 milliards de dollars sur dix ans par les USA. L’entreprise Manitou participe à la construction illégale du mur de séparation. Véolia et Alstom s’occupent des transports dans les colonies à Jérusalem.

Les palestiniens seuls peuvent décider de leur avenir en luttant pour leur survie, malheureusement c’est au sens propre du terme. On ne peut que se réjouir de la condamnation du soldat même si ce n’est que pour homicide alors que c’est un crime de guerre mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas un cas isolé et que c’est le quotidien du peuple palestinien. Depuis le début de la deuxième Intifada, en septembre 2000, plus de 250 enquêtes ont été menées par l’armée israélienne à la suite de décès de Palestiniens. « Seuls 17 de ces dossiers ont conduit à des poursuites militaires et seulement sept soldats ont été condamnés en seize ans pour leur responsabilité dans ces morts de Palestiniens. On ne parle pas bien sûr des dirigeants israéliens tels Sharon, Netanyahou et consorts qui ne seront sans doute jamais inquiétés.
Pas de justice pas de paix. Palestine vivra, Palestine vaincra même si elle doit encore perdre de nombreuses personnes sous les balles et bombes israéliennes.

 
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