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20 de janvier de 2017 Twitter Faceboock

Violences faites aux femmes
Roman Polanski. Etre condamné pour rapports sexuels avec une mineure ne nuit gravement pas à la célébrité

Mercredi 18 janvier, la presse dévoile le nom du prochain maître de cérémonie des César : Roman Polanski. Roman Polanski, réalisateur émérite de nombreux chefs-d’œuvre aux yeux de la presse et de la critique. Roman Polanski, également condamné pour « rapports sexuels illégaux » avec une mineure, qui bénéficie en France d’une protection judiciaire ahurissante depuis 40 ans.

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« Ce n’est pas moins de huit fois que l’Académie a distingué le cinéaste », écrit Alain Terzian, le président des César, dans un communiqué révélant l’identité du prochain maître de cérémonie. « Esthète insatiable, Roman Polanski réinvente son art et ses œuvres au fil des époques. » .

En effet le palmarès de Roman Polanski depuis 1977 est impressionnant ; 11 films, un Oscar, 2 Golden Globes, 8 César, une Palme d’Or, 2 Ours d’Or et enfin, la consécration, maître de cérémonie des César. Pourquoi choisir 1977 comme origine du compteur ? Parce que c’est en 1977 que ce grand cinéaste fuit les États-Unis après avoir été condamné pour « rapports sexuels illégaux » avec une mineure (soit un rapport sexuel avec une personne qui n’est pas le conjoint de l’auteur de l’acte, si la personne est mineure, d’après le code pénal californien).

Petit rappel de l’affaire : en 1977, Roman Polanski est poursuivi pour viol d’une mineure de 13 ans sous emprise de sédatif et d’alcool pendant une séance photo. L’accusé plaide coupable pour « rapports sexuels illégaux avec une mineure » mais il récuse l’accusation de viol. Il passe 47 jours en prison puis est libéré sous caution avant son procès. Il prend alors la fuite en Grande-Bretagne puis en France pour échapper aux condamnations des tribunaux américains. Depuis, il n’est jamais revenu aux États-Unis mais cela ne l’empêche pas de circuler un peu partout dans le monde, comme en France où il bénéficie d’une protection judiciaire.

La culture du viol au service de l’agresseur

En plus de la protection dont il bénéficie en France, Roman Polanski est soutenu publiquement par beaucoup de personnalités qui voient en lui une victime persécutée. En 2010, Bernard-Henri Lévy publie une pétition « écrivains et artistes » pour l’abandon des charges portées sur Polanski et récolte plus de 4000 signatures. Alain Finkielkraut prend sa défense sur France Inter : « Polanski n’est pas le violeur de l’Essonne. Polanski n’est pas pédophile », « c’était une adolescente qui posait dénudée pour Vogue homme, et Vogue homme n’est pas un journal pédophile. C’est quand même une chose à prendre en considération » ou encore « la France est en proie à une véritable fureur de la persécution. Et il n’y a pas que la France. C’est toute la planète internet qui est devenue comme une immense foule lyncheuse. »... Ainsi, pour Finkielkraut, un homme qui a des rapports sexuels avec une mineure de 13 ans sous l’emprise de sédatif et d’alcool, ce n’est pas de la pédocriminalité, ce n’est pas un viol. On retrouve dans le discours de Finkielkraut, comme dans plein d’autres articles traitant de l’affaire, deux traits caractéristiques de la culture du viol servant à disculper l’accusé : représentation archétypale du violeur fou, « le violeur de l’Essonne » (un cinéaste riche et célèbre ne peut pas être un violeur voyons !) et culpabilisation de la victime présentée comme responsable de son viol (« La jeune “victime” pervertie n’était pas si innocente » écrit une journaliste de Paris-Match dans un article publié à l’époque).

En 2010, l’actrice Charlotte Lewis porte également plainte contre Polanski pour agression sexuelle. Il lui répond en l’attaquant pour diffamation.

En 2013, Roman Polanski présente son film La Vénus à la Fourrure au festival de Cannes et affirme lors d’une conférence de presse : « Je pense que cette tendance à vouloir mettre les hommes et les femmes à égalité est purement idiote. Je pense que c’est le résultat des progrès de la médecine. La pilule a beaucoup changé les femmes de notre temps, en les masculinisant ».

En 2016, le réalisateur déclare sur le plateau du Petit Journal : « La masculinité, c’est pisser debout. ».

En 2017, il est nommé maître de cérémonie des César.

Depuis 40 ans, Roman Polanski incarne l’immunité judiciaire de l’homme blanc riche et célèbre, libre de violer, de fuir la justice, de lâcher des propos sexistes tout en continuant de réaliser des films couronnés par la critique et en bénéficiant du soutien de la presse (dernier article stupéfiant qui résume bien l’argumentation des défenseurs de Polanski tirée de la culture du viol) et de la profession de l’industrie cinématographique.

 
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