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La Izquierda Diario
8 de février de 2017 Twitter Faceboock

Le vrai visage du régime d’Assad
Syrie « Abattoir humain », 13 000 morts en 5 ans dans la prison de Saidnaya

Dans quelques jours , les pourparlers pour la « paix » en Syrie se dérouleront à Genève. En attendant, Amnesty International a livré un rapport montrant une fois de plus le vrai visage du régime de Bachar al-Assad. Le titre même de ce rapport montre l’étendue des crimes, « abattoir humain, pendaisons et extermination de masse à la prison de Saidnaya ».

Sadek Basnacki

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Ils sont 84, 84 témoins, des juges, gardiens, détenus etc.. à avoir témoigné dans un rapport d’Amnesty International des pratiques de la prison de Saidnaya. Ils parlent tous de torture systématique, physique et psychologique, torture qui entraîne parfois la mort. D’ordinaire la torture est pratiquée pour obtenir des aveux qui conduisent également à la mort. « Si l’aveu est lourd, vous êtes envoyé au tribunal opérationnel… Dans tous les cas, sans exception, l’aveu a été extorqué sous la torture. Bien entendu, ils torturent les détenus de façon à ce qu’ils avouent des crimes plus graves », explique un ancien employé de la prison. 13 000 personnes, en majorité des civils, ont été exécutés puis enterrés dans des fausses communes. Parfois, les potences voient passer une cinquantaine de condamnés par jour. 

Ces condamnations sont sommaires, sans avocat, le détenu est emmené devant un tribunal militaire d’exception. « Les détenus y passent très peu de temps, une ou deux minutes seulement, avant d’être emmenés. Le juge demande le nom du prisonnier et s’il a commis le crime concerné. Qu’il réponde oui ou non, il sera déclaré coupable... » déclare un ancien juge du tribunal militaire. Pour procéder à l’exécution, les gardiens viennent chercher le condamné dans sa cellule, ils lui indiquent qu’il est transféré vers une prison civile de Syrie et lui bande les yeux. La joie de quitter ce lieu d’horreur, où les détenus sont battus, affamés, assoiffés, violés, doit être grande pour le prisonnier condamné à mort. Même si les conditions de détentions dans les prisons syriennes sont catastrophiques, c’est toujours mieux que cette prison de la souffrance et de la mort. Cette espérance ne dure que quelques instants et laisse bientôt place à l’effroi, car au lieu de quitter le bâtiment, le détenu est emmené, avec plusieurs autres prisonniers, dans les sous-sols du bâtiment où ils sont passés à tabac tout au long de la nuit. 

« On aligne les détenus et ils se déplacent en position de « train »... On les rassemble tous de cette manière pour les emmener dans une salle en bas... Ils n’ont pas le droit de s’asseoir. C’est là qu’on commence à leur crier dessus... On commence à les rouer de coups... On sait déjà qu’ils vont mourir de toute façon, donc on peut leur faire ce que l’on veut  » déclare un des gardiens de la prison. Ce n’est qu’au dernier moment que les détenus apprennent qu’ils vont être exécutés. Ils ont toujours les yeux bandés lorsqu’ils entrent dans la salle d’exécution. On leur demande leurs dernières volontés puis, comble d’horreur, on leur fait apposer leurs empreintes sur une déclaration qui atteste leur mort. Ils sont ensuite conduit à la potence, les yeux toujours bandés, le bourreau leur passe la corde au cou puis ils sont jetés dans le vide. On les laisse pendus 10 à 15 minutes puis on les détache. « Certains ne meurent pas parce qu’ils sont trop légers. Pour les jeunes, leur poids ne suffit pas à les tuer », a expliqué un ancien juge du tribunal militaire, « des assistants de l’officier en charge tirent alors leurs corps vers le bas pour leur casser le cou ». Certains corps sont emmenés ensuite à l’hôpital militaire de Tishreen afin qu’ils soient répertoriés, morbide travail d’une bureaucratie de la barbarie. D’autres sont directement enfouis dans une fosse commune.

Fin 2013, début 2014, ce qu’on a appelé « les photos de César » avaient déjà provoqué un choc. Celui que l’on surnomme César, c’est l’ancien photographe de la police militaire syrienne qui a pris des milliers de photos de victimes du régime. On y voit des cadavres squelettiques, portant des traces de torture ainsi que des marques de strangulation autour du cou. 55 000 photographies représentants 11 000 personnes tuées en détention. 

Les rares détenus qui survivent à Saidnaya racontent un monde effroyable à l’intérieur de la prison. Ils sont privés de nourriture et d’eau. Ils ne sont autorisés ni à parler ni à chuchoter sous peine d’être passés à tabac. Nombre de prisonniers déclarent avoir été violés ou contraints de violer d’autres détenus. Torture et coups leur sont régulièrement infligés entraînant des lésions durables, des handicaps ou la mort. Le sol des cellules est couvert de sang et du pus qui suinte des blessures des prisonniers. C’est le propre sang des prisonniers ou bien celui de ceux qui l’ont occupé avant d’être « transférés ». Face à ces accusations, le régime dément. La réponse fait froid dans le dos. Le ministère de la Justice a démenti que de telles exécutions aient eu lieu sommairement car le processus judiciaire syrien doit respecter "plusieurs étapes". 

Le régime syrien du clan Assad pratique une politique d’extermination de sa population. Comme Ben Ali en son temps, Bachar se pose en rempart contre le terrorisme et l’islamisme, il a été l’invité d’honneur de Sarkozy pour le défilé du 14 Juillet. On sait que rien ne peut changer au moyen orient sans la Syrie qui a de très bons rapports avec Téhéran. La Russie, la Turquie, l’Iran, la Chine et la nouvelle présidence états-unienne soutiennent le régime dictatorial syrien. La Russie bombarde les opposants au régime, la Chine forme l’armée syrienne et vient de faire un don « humanitaire » de 16 millions de dollars à la Syrie. La France qui a tenté la carte de l’impérialisme, ridiculisée, ne s’occupe plus du dossier. Tout le monde détourne les yeux sur les pratiques du gouvernement. Les pays impérialistes tentent d’utiliser la carte de la « dénonciation des crimes contre l’humanité » en Syrie pour améliorer le rapport de force dans un contexte de victoires militaires du régime et de ses alliés, au travers une commission d’enquête sous l’égide de l’ONU. Une commission qui servira non pas à conduire tous les responsables devant les tribunaux, puisque cette enquête ne concernera pas les responsable des bombardements états-uniens ou français, ni l’administration Bush qui a envahi l’Irak et a plongé la région dans le chaos, ni l’Arabie Saoudite qui, armée par les USA et la France, massacre la population au Yémen. 

Une vraie enquête sur les crimes de guerre de tous les responsables, c’est-à-dire le régime et ses alliés ainsi que les puissances occidentales, ne pourrait être menée jusqu’au bout que par des organismes de défense des Droits de l’Homme, indépendants de tout gouvernement et pouvoirs économiques, et par les organisations du mouvement ouvrier ainsi que par les principaux intéressés : les victimes des atrocités en Syrie et dans la région. 

Les témoignages recueillis par Amnesty n’ont pu être vérifié par l’ONG puisqu’elle n’a pas le droit de travailler en Syrie. En attendant la mascarade des pourparlers à Genève, des milliers de femmes, d’hommes et d’adolescents meurent sous les coups, la torture et au bout d’une corde dans les prisons syriennes.

 
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