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La Izquierda Diario
14 de février de 2017 Twitter Faceboock

Une stratégie proche de celle de Hamon aujourd’hui
Il y a cinq ans, quand Hollande avait réussi à gagner les banlieues

Sarah Macna

Rappelez-vous, c’était il y a cinq ans. Nous étions un certain nombre à n’en plus pouvoir d’un Nicolas Sarkozy arrogant et bling-bling, qui avait prévu de « passer la banlieue au Kärcher ». Cet anti-sarkozysme, il s’était exprimé dans un vote Hollande, sans grande gaîté de cœur, mais avec l’idée qu’au moins, la brutalité du sécuritaire à tous les étages n’aurait plus les clés du pouvoir. Le candidat du Parti socialiste l’avait d’ailleurs bien compris. De promesses en promesses, il avait réussi à conquérir une partie de l’électorat des quartiers populaires. Mais quel est le bilan du quinquennat Hollande - et du Parti socialiste qui cherche à se refaire une santé aujourd’hui avec Hamon - en ce qui concerne sa politique dans les banlieues ?

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Des « grandes ambitions »... aux huées

Le 7 avril 2012, cinq ans avant de se rendre au chevet de Théo, le candidat Hollande était dans cette même ville d’Aulnay-sous-Bois pour s’adresser aux habitants de la Seine-Saint-Denis. Il leur recommandait d’avoir « de grands rêves, de grandes ambitions » : « Poussez les murs, repoussez les limites, dépassez les barrières et aucune frontière ne sera opposée à votre propre réussite ! ». Un discours qui rompait avec le Kärcher de Nicolas Sarkozy. Mais pourquoi alors, trois ans et demi plus tard, le 20 octobre 2015 à la Courneuve (toujours en Seine-Saint-Denis), Hollande se faisait huer lors d’un discours sur l’emploi, au son de « Hollande on ne veut pas de toi ici » et « le changement c’est pour quand » ? Le président devra même, à la fin de son intervention... prendre la sortie de secours ! Dans les quartiers populaires comme dans bien d’autres secteurs, le candidat à la rose aura bien déçu.

Le candidat socialiste avait effet beaucoup promis pour les « grandes ambitions » du 93. Des budgets pour l’éducation prioritaire, des récépissés de contrôles d’identité contre les contrôles aux faciès, des emplois, le droit de vote pour les étrangers, et la rénovation des quartiers.

En terme d’éducation prioritaire, il suffit d’écouter les mobilisations qui ont eu lieu ces derniers temps dans les ZEP pour voir que le compte n’y est pas. Dans des lycées pourtant dit « prioritaires », les enseignants se retrouvent parfois avec jusqu’à 35 élèves par classe, et un certain nombre de lycées ont vu leur budget diminuer suite à leur sortie du dispositif d’éducation prioritaire. Bizarrement, cela n’a pas empêché parallèlement le ministre Valls de mettre en place 80 zones de sécurité prioritaire. De l’argent, quand il s’agit de renforcer les effectifs de police, il y en a, mais jamais pour les profs et les élèves !

Quand aux deux mesures démocratiques qu’Hollande avait promis, elles ont tout simplement été enterrées. Concernant le récépissé pour les contrôles d’identité, il a soudainement disparu lors de l’entrée en fonction de Hollande, Valls allant jusqu’à dire que cette mesure risquait de remettre en cause l’autorité des forces de police...comme si l’agression de Théo et la mort d’Adama ne suffisait pas à les remettre en cause ! A la place, le gouvernement a mis en place le dispositif des « caméra-piétons », dont nous avons déjà évoqué dans un article précédent le caractère ambigu voire contre-productif en matière de lutte contre les violences policières. Quant au droit de vote des étrangers aux élections locales, mesure qui ne concerne pas seulement les quartiers populaires mais y trouve un écho, et qui est promise depuis des années par le Parti socialiste, on n’en trouve nulle trace dans les projets de lois du gouvernement Hollande...

En ce qui concerne les emplois promis par le gouvernement, la récente visite de Hollande à la Courneuve prouve la logique avec lesquels ils ont été pensés : celui-ci venait en effet se féliciter de la mise en place de la Garantie Jeune. Ce dispositif a en effet été étendu au printemps dernier, pendant la mobilisation contre la loi Travail pour faire taire les revendications étudiantes. En « dédommagement » de la casse du droit du travail qui va permettre de faciliter de plus en plus d’emplois précaires, le gouvernement Hollande proposait ainsi, avec la Garantie Jeunes, d’avoir le « droit » d’aller se faire exploiter pour 460 € pendant un an, renouvelable 6 mois, pour peut-être obtenir un CDD, qui un beau jour pourrait bien se transformer en CDI. Un beau programme que Hollande vient défendre auprès des jeunes de la Courneuve !

La seule promesse qui semble s’être un tant soit peu réalisée est celle concernant la rénovation urbaine dans les quartiers populaires. Mais vu les dégradations organisés dans ces quartiers depuis tant d’années par les politiques urbaines des gouvernements successifs, il n’était pas bien dur de faire « un peu mieux ». A Clichy-sous-Bois par exemple, le gouvernement Hollande pourra se féliciter d’avoir commencé en 2016 les travaux pour un tramway. Mais ceux-ci était prévu depuis 2005 !

En 2012, le candidat Hollande en campagne à Aulnay conseillait aux jeunes de « ne pas laisser d’autres décider à leur place ». Chiche ! Il aura en effet prouvé qu’on ne peut pas se satisfaire des promesses de campagne. L’assassinat d’Adama cet été, l’agression de Théo, la brutale répression que subissent aujourd’hui les jeunes qui sont descendus dans les rues du 93 pour condamner les violences policières, montrent qu’il n’y a rien à attendre de ces institutions prétendument démocratiques. Dissolution de la BAC, droit de vote des étrangers, des financements à la hauteur des besoins pour les services publics, fin des contrats précaires, légalisation du cannabis : imposons notre programme !

 
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