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La Izquierda Diario
17 de février de 2017 Twitter Faceboock

Le champion de l’Etat policier
Le « progressisme » version Macron, c’est 10 000 policiers et 15 000 places de prison en plus
Arthur Nicola

En pleine affaire Théo, Emmanuel Macron a tenté de se donner un visage progressiste en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité ». Dans la continuité du clivage qu’il fait entre le camp des « progressistes » et des « conservateurs », celui-ci cherche à s’adresser au peuple de gauche et aux quartiers populaires. Mais ce positionnement ne fera pas oublier la proposition très réactionnaire du candidat d’En Marche ! en matière de « sécurité », de créer 10 000 nouveaux postes dans la police ainsi que 15 000 places de prison.

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10.000 postes dans la police et la gendarmerie pour continuer la répression contre les quartiers populaires et les mobilisations

Dans une interview donnée au Figaro publiée le 16 février, Emmanuel Macron a dévoilé ses propositions en termes de sécurité. Dans un contexte de mobilisation pour réclamer justice pour Théo où de plus en plus de personnes s’engagent contre les violences policières, la « question des banlieues » est au cœur de l’actualité. Et dans ces zones où le chômage et la précarité sont au plus haut, où la misère explose, la seule question qui préoccupe les médias est celle de la « sécurité ». Si Emmanuel Macron a semblé vouloir répondre autrement, en expliquant vouloir diviser par deux le nombre d’élèves par classe de CP et CE1 dans ces zones prioritaires, cette proposition est en réalité un cache-sexe placé devant ses réelles propositions, qui consistent à renforcer substantiellement l’appareil répressif. Face à Mélenchon et Hamon qui veulent tous deux augmenter le nombre de policiers, Emmanuel Macron tient désormais la palme d’or du nombre de postes à créer : 10 000 propose-t-il, dont 7 500 pour la police et 2 500 pour la gendarmerie.

Et si l’ex-banquier de Rothschild cherche à apparaître comme le seul candidat proposant des solutions contre les violences policières, celles-ci apparaissent en réalité comme de fausses solutions : il dit notamment vouloir ouvrir deux nouvelles écoles pour les policiers, et être « intransigeant » envers les policiers qui commettraient ce qu’il appelle des « bavures ». En réalité, la récurrence, la ressemblance et l’accumulation (un mort par mois depuis des décennies) de ces « bavures » montre bien qu’elles ne sont pas des « actes isolés » mais des violences structurelles.

Dans ce contexte, il ne s’agit donc pas de « mieux » former la police, mais avant tout de la désarmer, comme l’ont réclamé beaucoup de jeunes dans les dernières manifestations.

Un retour sur les aménagements de peines et des amendes automatiques pour les fumeurs de cannabis

Au cœur de la politique sécuritaire d’Emmanuel Macron, la « lutte contre le trafic de stupéfiant » qui serait l’unique cause des problèmes dans les banlieues. En effet, loin de proposer une politique de légalisation du cannabis, l’ex-ministre de l’économie prône une politique « tolérance zéro » face à l’usage des stupéfiants. Pour lui, face aux trafics, il faut réprimer durement tous les consommateurs : prenant acte que seulement 1 interpellé pour consommation sur 8 est condamné à une amende, il propose que les policiers puissent verbaliser sur le terrain, et mettre des amendes de 100 € à tous les « délinquants ». Il décrit cette politique comme « dissuasive et efficace », expliquant qu’il « croit à la peine immédiate et concrète plutôt qu’à une réponse pénale plus tardive et théorique ». En réalité, ce genre de politique ne permet que de harceler plus les consommateurs de cannabis (qui sont 5 millions en France), notamment ceux des quartiers populaires. Et surtout de conserver le meilleur prétexte qu’a la police aujourd’hui pour harceler les populations des cités, et particulièrement la jeunesse.

Au-delà de sa politique de « tolérance zéro » contre l’usage de stupéfiants, Macron propose même de donner à la police un « pouvoir d’injonction », c’est à dire que les agents puissent interdire une zone à un individu : « je souhaite que, sous le contrôle du juge, les policiers puissent sans délai interdire à une personne de fréquenter la zone où elle commet ses méfaits. C’est une révolution quotidienne, la fin de la crainte de traverser par exemple un hall d’immeuble tenu par une poignée de voyous. » De fait, ce sont encore les quartiers populaires qui sont pris pour cible.

15 000 postes de prison : justice de classe et maintien de l’ordre néo-colonial

Emmanuel Macron compte également renforcer le nombre de prisonniers. Mais pas celles et ceux qui détournent des millions d’euros d’argent public ou les criminels en uniformes : il s’agit bien encore de remplir les prisons de ces « petits délinquants » dont parlent tous les jours les politiques. Car pour lui, un remède contre ces quartiers « violents » est de revenir sur la réforme pénale de Christiane Taubira, en supprimant le principe d’automaticité d’aménagement des peines inférieures à deux ans.

Macron a bon dos de dénoncer la colonisation comme « un crime contre l’humanité ». Mais la politique qu’il préconise s’inscrit bien dans la logique de l’état français néo-colonial. Ses propositions en terme de « sécurité » démontrent que celui-ci compte bien maintenir et renforcer le rôle des « forces de l’ordre » dans les quartiers populaires, celui de contenir des populations soumises à la ségrégation sociale et spatiale, originaires dans leur grande majorité depuis une ou plusieurs générations des anciennes ou actuelles colonies de l’impérialisme français. Une gestion des quartiers populaires directement héritée du passé colonial de la France, dont les savoirs en matière de torture et de harcèlement des faubourgs d’Alger ont été recyclés pour les banlieues de l’Hexagone. Sous le vernis, il n’y a décidément vraiment rien de « progressiste » chez l’ex-banquier de Rothschild.

 
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