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La Izquierda Diario
15 de mars de 2017 Twitter Faceboock

Un millier de personnes pour exiger justice pour Edouard
Rassemblement à la mémoire d’Edouard : stop à la répression patronale
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Ce Mercredi matin à l’appel des syndicats SUD Rail, CGT Cheminots, FO Cheminots, UNSA Cheminots et CFDT, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur le parvis de la gare Saint-Lazare. Un millier de personnes pour exiger la justice pour Edouard, cheminot et militant syndicaliste au syndicat SUD-Rail, victime de la répression patronale, d’harcèlements et de vexations de la direction de la SNCF et qui a mis fin à ses jours sur son lieu de travail le week-end dernier après avoir reçu un dernier avertissement avant licenciement, assorti de 12 jours de mise à pied.

Correspondants

Le suicide d’Edouard vendredi dernier a provoqué l’indignation et la colère chez les cheminots ainsi que les travailleurs de tout un ensemble de secteurs qui connaissent eux aussi des collègues qui, exposés à la violence du monde du travail, aux violences patronales, aux projets de restructuration, à la privatisation des services publiques, sont dans une détresse profonde et pour certains finissent par se donner la mort. Les interventions à la tribune sont venues rappeler qu’Edouard en plus d’être un cheminot, un travailleur du rail, subissant la privatisation, les réformes de la SNCF, ses méthodes de direction, était aussi un militant syndicaliste reconnu qui avait choisi de s’organiser, de militer contre ces attaques et ce système.

Reconnu pour avoir batailler contre sa direction et gagné contre elle – il avait déjà attaqué la direction de St Lazare aux Prud’Hommes pour harcèlement et avait obtenu la condamnation de celle-ci à 45 000 € d’amende -, pour avoir tenu tête pendant des années aux membres de la direction qui cherchaient à les intimider, pour avoir lutté contre la privatisation du réseaux SNCF et ses conséquences directes pour les cheminots, pour avoir dénoncé les conditions de travail de plus en plus lourdes et dangereuses pour eux-mêmes et les usagers, pour avoir organisé la lutte contre la répression des cheminots – 400 cas de répression répertoriés depuis le printemps 2016. Un homme, un travailleur ?, un militant, un cheminot, qui a pris part aux luttes passées et qui prenait à bras le corps les combats pour changer le monde demain.

Le suicide d’Edouard renvoie à une réalité quotidienne pour nombre de travailleurs et travailleuses de tous les secteurs du public et du privé : à la poste,dans les hôpitaux, à France Télécom, dans l’éducation et aussi dans le milieu étudiant, dans la jeunesse. Ce sont ces différents secteurs et milieux - venus parfois de loin - qui ont tenu à être présents aujourd’hui pour exprimer leur solidarité et pour être ensemble, se parler, afin de continuer à s’organiser contre ceux qu’ils savent les véritables responsables de tels drames.

Edouard était victime comme nombre d’autres cheminots de la répression de sa direction qui part tous les moyens a cherché ? à l’évincer, le mettre à l’écart, l’épuiser moralement, car ce dernier cherchait – juste – à défendre pour lui et les autres de meilleures conditions de vie et de travail. La répression, la précarité, l’isolement, les pressions managériales, la charge de travail sont les sources de détresse chez nombre de personnes qui aujourd’hui parfois ?ne trouvent plus d’autres solutions que de mettre fin à leur jours. Mais qui sont les responsables ?

Les responsables ont un nom et un visage : ce sont les directions qui appliquent les projets de rentabilité patronale sur le dos du travail et de la santé de millions de travailleurs, les projets de privatisation et de casse du service public ? défendus par les gouvernements, ces patrons qui licencient alors même qu’ils en ont plein les poches, ces directions, ce gouvernement et sa police qui viennent réprimer les travailleurs quand ils se mettent en grève, ce gouvernement et ses antennes médiatiques qui criminalisent le mouvement syndical et ouvrier, qui criminalisent les jeunes et les quartiers populaires. A ce titre, un militant de SUD Rail a tenu à parler de Théo, de ces jeunes qui seraient « menaçants », seraient des "délinquants" et que la police dans les quartiers harcèle, assassine, viole. Edouard aussi aurait eu un « regard menaçant » justifiant sa mise à pied. Mais qui menace qui ? Qui menace qui quand les policiers décident de violer un jeune homme pour avoir refusé d’obtempérer ? Qui menace qui quand la direction cherchait ? à licencier Edouard qui s’oppose à la privatisation de la SNCF ?

Les personnes présentes au rassemblement ont écouté d’une oreille attentive les différentes interventions émouvantes et combattives. Combattives car la mort d’Edouard réveille, alimente, une colère profonde chez les travailleurs et travailleuses qui ne veulent plus voir leurs collègues disparaître de cette façon. Ce qui s’est exprimé à ce rassemblement est la question de la suite, de demain ; de la nécessité de continuer à s’organiser, de faire en sorte en la mémoire d’Edouard, de Théo et de tous les autres, que la répression patronale, la répression policière cessent.

Parce qu’ils ne sont pas morts pour rien. Après la lecture d’un document unitaire signé des quatre organisations syndicales à l’appel du rassemblement, la prise de parole de la part d’Eric Beynel, pour l’Union Syndicale Solidaires, et l’intervention du meilleur ami d’Edouard, une minute de "bruit" a été demandé pour rendre hommage à Edouard et à son combat. Ensuite,ce sont deux de ses collègues de Saint Lazare qui se sont exprimés. Ils ont raconté que la direction avait fait le tour des services ce matin pour essayer d’intimider les cheminots en les menaçant avec des absences injustifiées s’ils décidaient de se rendre au rassemblement. Heureusement, une bonne partie de cheminots de la gare Saint Lazare ont décidé de marquer le coup et cesser le travail pour se rendre au rassemblement et rendre hommage à leur collègue.

Étaient présentes des délégations de cheminots de plusieurs villes de France, de plusieurs gares de la Région Parisienne, comme Austerlitz, Trappes, Le Bourget, Paris Nord, Paris Est, et aussi de Strasbourg, Lille, Amiens, Lyon, et encore d’autres. Des délégations de travailleurs de Sud PTT, Sud Commerce, Sud Santé, Sud RATP, Info’Com CGT, de la FNAC Champs-Elysées, de la Compagnie Jolie Môme, ainsi que Mickael Wamen, porte-parole des ex-travailleurs de Goodyear Amiens, aussi victimes de la répression, étaient présents aux côtés des cheminots. Des étudiants venus de plusieurs universités ont également fait un cortège pour exprimer leur solidarité.

A la fin des interventions, un cortège s’est formé pour marcher ensemble jusqu’aux quais de la gare où Edouard a connu ses derniers instants. Des fleurs ont été déposées sur les rails à côté du quai 1. Un moment rare et fort pour exprimer notre peine. Une peine dont, comme le rappelait un cheminot SUD Rail, doit naître la colère : doit naître la grève et la révolte, seul langage que comprennent la direction et le gouvernement. L’avenir est rempli de luttes que nous nous devons, pour Edouard et les autres, de transformer en victoires !

 
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