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La Izquierda Diario
21 de mars de 2017 Twitter Faceboock

Rassemblement à Bordeaux
Ford Blanquefort. Philippe Poutou manifeste avec ses collègues
Jyhane Kedaz

Ce Lundi 20 Mars, de nombreux salariés de l’usine de Ford Blanquefort ont fait grève et se sont rassemblés devant la préfecture. Une volonté de peser dans les négociations alors qu’au même moment avait lieu un comité de suivi réunissant les collectivités locales et les dirigeants de Ford Europe concernant l’avenir de l’usine, comité de suivi qui aurait dû se tenir déjà le 9 Mars, mais qui avait été annulé par la direction.Cependant après plusieurs heures autour de la table celle-ci ne donne toujours pas de réponse quant à l’avenir du site. Malgré tout, l’intersyndicale (CGT, FO, CFTC) souhaite continuer à construire la mobilisation et peser sur Ford afin que la direction s’engage à assurer l’avenir du site.

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Crédit photo : CGT Ford

C’est après avoir débrayé que les ouvriers de la FAI se sont rendus vers 13h à la préfecture où se tenait le comité de suivi afin de peser sur les négociations. « La réunion qui se tient maintenant sera sans surprise. On connaît le discours de Ford en ce moment. » explique Thierry Jeans, ouvrier à Ford et délégué CGT. « En 2018 on arrive au terme de toutes les productions qu’on fait aujourd’hui -boîtes de vitesses, doubles embrayages…- tout cela s’arrêtera ou chutera fortement. Donc on est inquiets évidemment car on ne sait pas ce qu’on fera après 2018. Ford nous dit qu’il y a "des projets à l’étude" mais même si c’était le cas ça serait loin de suffir à faire travailler les plus de 900 salariés qui restent à l’usine. On est là aujourd’hui pour mettre la pression à Ford, pour que notre bagarre soit médiatisée. On sait aussi que l’image de marque de Ford n’aime pas être égratignée. Montrer que Ford abandonne ses usines c’est un moyen de pression supplémentaire qu’on essaie de mettre sur eux. »

« On ne lâchera jamais Ford »

« Le moral on ne le perd pas, et il y a un truc qu’on ne fera jamais, c’est qu’on ne lâchera jamais Ford. Ford nous aura toujours accrochés à ses baskets pour leur mettre la pression tant qu’ils ne pérenniseront pas l’usine et les emplois » ajoute-t-il. Une démonstration de la volonté des travailleurs mobilisés de continuer un combat pour les emplois qui dure depuis plusieurs années déjà. Pourtant la direction mise beaucoup sur la démoralisation et la résignation des travailleurs face à une lutte qui s’éternise, tant en faisant planer le silence sur le sort qu’elle réserve à l’usine mais aussi en laissant peu à peu cette dernière s’éteindre et vieillir ; plus d’embauche de nouveaux salariés, pas non plus de nouveaux projets en cours... un contexte général propice à la monotonie et à la résignation. Malgré tout, de nombreux soutiens venus de l’extérieur continuent d’apporter régulièrement leur soutien aux Ford.

Une bataille pour les emplois qui continue d’entraîner autour d’elle

Et pour cause, au-delà du symbole évident qu’est Ford Blanquefort dans la lutte pour les emplois, le site est également un pilier du tissu économique de la région en comptant les emplois induits. Marithou Flipo et Antoine Martos, membres du comité de soutien aux Ford expliquaient qu’avant 2008, pas un des 500 maires autour de la ville de Blanquefort n’avait dans sa ville ou sa commune au moins un salarié de Ford Blanquefort. Constitué en 2008, ce comité de soutien réunis des habitants des alentours. Antoine Martos lui, est un ancien de Getrag, usine voisine de la FAI. En 2008, une pétition avait été lancée regroupant 27 000 signatures de soutien au Ford. Une démonstration de la volonté des habitants de soutenir le site de Blanquefort et de préserver l’usine. Thierry Jeans, interrogé précédemment expliquait à ce sujet « Ford représente beaucoup d’emplois, on a ensuite près de 900 emplois indirects ou induits. Dans l’industrie, un emploi direct c’est trois ou quatre emplois induits. […] On a déjà eu des soutiens quand on a fait de grosses mobilisations, on a eu des aides ou des motions de votées dans certaines mairies. A côté de ça vous avez d’autres syndicats ; des collègues de la Caf, de Carsat, de l’inspection du travail, de la poste, des collectifs de jeunes la Monnaie de Pessac.. Je dois en oublier ! »

Des ouvriers de l’usine Getrag Ford Transmissions (GFT), usine voisine de la FAI ont également soutenu la mobilisation. Les deux usines basées sur le site de Blanquefort sont liées tant par une histoire commune que par la chaîne de production et il n’est pas rare qu’il y ai des transferts d’employés de la FAI vers Getrag. A ce sujet, les salariés de Ford Blanquefort pointent la stratégie de la direction de, tout en programmant la mort de l’usine de FAI, tenter de garder un réservoir de salariés à transférer vers Getrag. « La convergence des luttes existe entre les différents secteurs […] on se soutient les uns les autres et ça fait du bien ! C’est nécessaire dans la bataille pour les emplois mais aussi quand on ne veut pas qu’on nous prenne des acquis sociaux. Dans l’industrie le patronat essaie toujours de produire autant avec moins de monde, soit plus avec autant de monde. Donc forcément ce sont des conditions de travail qui se dégradent. Par exemple on a 3 postes sur une ligne d’assemblage, le but c’est de faire qu’il n’y en ai que 2, les charges de travail augmentent. »

Interrogé sur 2017 et sur la volonté de certains candidats à la présidentielle de prolonger la destruction du code du travail, T. Jeans répond « on était dans la rue contre la Loi Macron, contre la Loi El Khomri, contre toutes ces lois scélérates ; là heureusement on va avoir la parole d’un ouvrier dans la campagne, de Poutou. C’est une bonne chose plutôt que d’écouter toujours tous les autres candidats […] Philippe Poutou sait ce que c’est le quotidien des salariés ce qui n’est pas le cas des autres candidats. Même Mélenchon avec ce qu’il gratte par mois, comment il pourrait comprendre les problèmes d’un smicard ? Tous ces gens là ne peuvent pas comprendre ce que c’est d’avoir mille euros pour manger tous les mois. Après il y en a d’autres comme la candidate de Lutte Ouvrière […] Je parle de Poutou parce qu’il est proche de nous et qu’il est ouvrier. » Avant d’ajouter concernant le site de FAI « avec la campagne électorale ont vit nos dernières minutes de médiatisation. » Cela rappelle bien évidemment que pendant que certains candidats débattent sur TF1 de la destruction des acquis sociaux des travailleurs, d’autres se battent -comme Philippe Poutou- pour garder leur emploi.

"Il faut qu’on arrive à contraindre Ford à garantir l’avenir de la boîte."

La direction de Ford Europe est toujours muette sur l’avenir du site et ne s’engage à rien. Philippe Poutou, candidat à la présidentielle expliquait à la sortie du comité de suivi : « Ce qui se passe aujourd’hui est à la fois décevant et pas décevant. Décevant parce que Ford ne dit rien, n’apporte aucune réponse, ne rassure même pas ; c’est toujours le bla bla habituel, à savoir "on va essayer de voir, on va mettre en place un processus de discussion, on voit les pistes, on va voir ce qu’on peut faire pour vous..." mais sans rien de concret. Les mois passent. On n’est pas déçus parce que l’on savait que ça se passerait comme ça. »

Si la mobilisation a permis de forcer Ford à se mettre à la table des négociations, il reste selon le candidat anticapitaliste à construire un rapport de force permettant de contraindre Ford à investir sur le site, mais ne se montre en rien résigné. « Pour résumer, une mobilisation a redémarré en Janvier avec des journées de grèves importantes […] Ce qu’il nous manque aujourd’hui c’est la force de la mobilisation. Parce qu’on arrive à bousculer les choses au point qu’on provoque des tables rondes et l’intervention des pouvoirs publics dans le dossier mais pas suffisamment pour bouger les lignes et faire en sorte d’obliger Ford à s’engager. Parce que le problème c’est juste un choix, un choix que Ford ne veut pas faire ; les moyens sont là, il y a 10 milliards de profits à l’échelle planétaire. Il y a de nouveaux projets… il y a tout ce qu’il faut pour donner de la production à l’usine de FAI mais ils ne le font pas. Au bout du compte ça sera à nous de forcer les choses et d’arriver à obtenir cela. On est dans une période compliquée mais ce qu’on espère c’est d’arriver à construire une mobilisation. Il y a comme dans toutes les boîtes un problème de résignation et nous on essaie de créer un peu la volonté d’en découdre. On a une intersyndicale qui pour l’instant a l’air de vouloir continuer ». Une bataille qui va nécessiter là solidarité de tous, travailleurs ou non afin d’apporter au Ford le soutien dont ils auront besoin.

Philippe Poutou se bat contre les licenciements sur son usine Ford

 
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