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La Izquierda Diario
24 de mars de 2017 Twitter Faceboock

Violences faites aux femmes
Culture du viol : Les 7 mineurs acquittés devront passer devant la cour d’appel
Sarah Brunel

Le parquet vient de faire appel de la décision de la Cour d’Assises des Hauts-de-Seine qui avait acquitté sept jeunes accusés de viol sur une jeune femme de 14 ans. Derrière les faits terribles de cette affaire, c’est la culture du viol qui est mise sur le devant de la scène par ce procès.

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Les faits rapportés par la jeune femme semblaient pourtant pleinement mettre en cause ses agresseurs. Selon Le Parisien « La nuit de cauchemar de l’adolescente remonte à septembre 2011. Cette jeune fille déjà grandement éprouvée par les viols incestueux qu’elle avait subis de son père - celui-ci a d’ailleurs été condamné à huit ans de prison pour viol sur mineur par ascendant - ouvre la porte à un jeune homme lui demandant si son père est là. Le père était gardien d’immeuble dans une grande cité d’Antony. L’homme est alors au travail, le jeune homme qui vient de sonner s’en va. Une demi-heure plus tard, nouveau coup de sonnette. Elle croit que le visiteur revient. Mais c’est un groupe de jeunes qui s’engouffre dans l’appartement. Certains se cachent en partie le visage. Ils évitent de s’appeler par leurs noms… En quelques instants, l’adolescente est assaillie dans la salle de bains et dans la chambre de ses parents, où elle ne trouve pas d’autre issue que celle de se soumettre à ses agresseurs. Ceux-ci ne l’épargnent pas. Le calvaire a duré environ trois heures »

La Cour d’Assise des mineurs des Hauts-de-Seine en avait pourtant décidé autrement le 17 mars, en acquittant les sept accusés. Elle avait même décidé autrement que le tribunal pour enfants, qui avait condamné deux des jeunes présents au moment des faits mais âgés de moins de 16 ans alors, a trois ans de sursis. Mais pour la Cour d’Assise, il n’aurait pas été possible de déterminer que ce qu’avait vécu la jeune fille ait été « imposé par violence, contrainte, menace ou surprise » - éléments déterminants pour qualifier un viol, selon le code pénal. En d’autres termes, la Cour d’Assise avait estimé que la jeune femme était consentante...et qu’elle mentait. Une présomption de mensonge qui est au cœur de la culture du viol de nos sociétés patriarcales.

« Une fille facile »

S’ajoutant à ce terrible verdict de la Cour d’Assise, c’est sans doute les « justifications » données par les agresseurs lors du procès qui ont déclenché le tollé dans la presse et sur les réseaux sociaux. Une justification donnée par tant d’agresseurs : la jeune fille serait « une fille facile ». Le Parisien précise qu’elle aurait acquis cette réputation « après qu’elle avait été surprise avec son petit copain au collège », d’après ses agresseurs. Avec les suspicions de mensonge, le discours patriarcal insiste sur la culpabilité présumée de la victime. Au fond « elle l’aurait bien cherché ».

C’est ce discours, implanté profondément dans notre société, qu’a incarné la décision du jury de la Cour d’Assise. C’est ce discours aussi, qui a conduit à une très large réaction sur les réseaux sociaux, à commencer par les Femen qui ont posé nues avec inscrit sur leur torse l’accusation contre cette parodie de justice : « Permis de tuer ». Une pétition a aussi été lancée, par une psychiatre présidente d’une association d’aide aux victimes (Mémoire Traumatique et Victimologie), Muriel Salmona, qui a reçu près de 40 000 signatures en quelques jours.

Des agresseurs acquittés, cela n’est guère nouveau. Quand ce ne sont pas les jurys de Cour d’Assise, c’est bien souvent directement la police, ainsi que les différents niveaux de la justice, qui relayent ce discours sur la « fille facile », trop bien habillée, ou pas assez, trop maquillée ou trop gentille face à ces agresseurs. Mais comme le dit Muriel Salmona dans son appel, tous les faits « ressemblent à s’y méprendre à un viol en réunion, prémédité, un crime extrêmement traumatisant qui entraîne chez la victime une sidération qui la paralyse, un stress extrême et une dissociation traumatique de sauvegarde avec une anesthésie émotionnelle qui la met dans l’incapacité de se défendre et de réagir, à la merci des agresseurs et sous leur emprise. »

Contre l’invisibilisation et les présomptions de culpabilité des victimes qui n’auraient « pas assez réagi », les réactions ont permis la réouverture du dossier et l’appel du parquet.

 
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