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La Izquierda Diario
29 de mars de 2017 Twitter Faceboock

La Poste
Un facteur bloque un camion du centre de tri pour dénoncer ses conditions de travail
Sadek Basnacki

Ce matin à 06h30, à Maîche, dans la région Bourgogne-Franche-Comté, le facteur Thierry Lorenzini s’est allongé sur le quai de déchargement du camion du centre de tri de La Poste pour empêcher son déchargement. La raison de ce geste n’est autre qu’une réorganisation de plus orchestrée par La Poste.

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Allongé à même le sol, muni d’une couverture de survie, d’une bouteille d’eau et d’une pancarte où il est inscrit « grève de la faim » , le facteur, syndiqué à SUD PTT, a décidé de dire stop. A La Poste depuis 1993 il a vu, au fil de ces 24 années, les conditions de travail se dégrader petit à petit. La stratégie de la direction est de faire disparaître les petits bureaux de poste au profit de grosses plates-formes et d’en finir avec l’embauche de fonctionnaires. Récemment La Poste est passée sous le seuil de 50% de fonctionnaires. La direction préfère embaucher des CDD, des intérimaires afin de faire le plus de profits possible. Les restructurations font que des tournées sont supprimées et intégrées dans d’autres tournées devenant toujours plus longues et difficiles pour les facteurs. « Les tournées, ils courent pour les finir à temps » dénonce le facteur.

A Maîche depuis mai 2014, il s’inquiète d’une réorganisation dans son bureau suite à une première information qui a été donnée en mai 2016. Thierry Lorenzini a demandé des explications, a posé « des questions très concrètes sur le processus » parce que chaque restructuration accentue la pénibilité du travail pour les facteurs. Dans L’Est Républicain, il s’indigne et affirme : « en vingt-cinq ans, je n’ai jamais vu autant de collègues pleurer. L’ambiance se dégrade de plus en plus. En 2009, l’arrivée de la sécabilité avait déjà créé des tensions ». Alors quand il a décidé de se battre pour ses collègues et ses conditions de travail, il s’est bien évidemment heurté à sa hiérarchie. Le directeur des ressources humaines aurait exigé qu’il arrête « ces incessants courriers ». Un entretien a été proposé au facteur avec le directeur mais le facteur, avec raison, a refusé, souhaitant « une réponse écrite à une question écrite ». Un entretien oral n’engage en rien la direction alors qu’une réponse écrite permet d’avoir une preuve, une base pour savoir ce qui attend les facteurs de Maîche.

Par la suite, Thierry Lorenzini s’est adressé au responsable de la réorganisation qui lui a donné une fin de non recevoir en lui répondant « J’y pense ». « Ils se renvoient la balle », signale le facteur qui ajoute qu’« il y a un vrai problème à La Poste après les vagues de suicides. Les syndicats ont signé de nouveaux accords comme si tous ces suicides n’avaient servi à rien. »

L’accord sur les conditions de travail signé par FO, CFDT, CFTC et la CFE-CGC n’est qu’un voile qui dissimule mal la poursuite de la casse du service publique pour augmenter les bénéfices qui s’élevaient à 849 millions d’euros en 2016 au dépend des travailleurs et des usagers.
« Quand ça ne va pas, on vous envoie vers un médecin où l’assistante sociale qui n’ont aucun pouvoir décisionnaire dans l’entreprise » explique Thierry Lorenzini, mettant en avant que c’est bien la politique de la direction de La Poste qui pousse à bout les facteurs, parfois et bien trop jusqu’au suicide. C’est bien cela que Thierry Lorenzini a décidé de dénoncer en empêchant le camion d’être déchargé.

Lorsqu’il travaillait à Audincourt, l’un de ses collègues et « ami très proche » s’est suicidé. Lorsque le directeur d’établissement a annoncé le drame aux employés, Thierry Lorenzini s’était insurgé, « Continuez avec ces méthodes, ce ne sera pas le dernier. » « L’avenir a prouvé que j’avais raison », s’indigne-t-il. Bien sûr la direction lui a mis la pression, « on m’a crié dessus, en disant que je faisais de la calomnie ». Alors que « c’est bien à cause des cadences insoutenables et des conditions de travail que les employés pètent un plomb ». « Les collègues, parce qu’ils ont peur des sanctions, n’osent pas s’insurger ». Mais pourtant, il y a eu des victoires à La Poste et des raisons de lutter. La Poste est revenue sur la réorganisation de plusieurs bureaux notamment celle de Balma à Toulouse, celles d’Asnières et de Neuilly. L’acte de Thierry est un acte de résistance qui doit en encourager d’autres car seule la lutte pourra empêcher le rouleau compresseur de La Poste de broyer la vie de ses employés.

 
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