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La Izquierda Diario
3 de avril de 2017 Twitter Faceboock

Le candidat anti-capitaliste et les média
Quand les chroniqueurs de ONPC s’acharnent sur Philippe Poutou
Anasse Kazib

Après le mépris par le fou rire, Laurent Ruquier, accompagné de ses 2 chroniqueurs, a laissé place au mépris par l’agressivité contre Philippe Poutou.

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Il aura fallut deux émissions avec Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle, pour comprendre que l’équipe de Laurent Ruquier, qui aime se vanter d’être de gauche, n’est en réalité qu’une mascarade.

Lui, qui aime se vanter de ne jamais inviter Marine Lepen dans son émission en dehors des obligations liés aux présidentielles, mais qui laisse en toute décontraction plusieurs fois dans l’année la parole à des racistes comme Nadine Morano ou encore l’ex chroniqueur Eric Zemmour, connu pour son islamophobie permanente.

Rappel des faits

Lors de l’émission ONPC du 25 Février, Philippe Poutou, assis dans son fauteuil le regard béant, avait fait l’objet d’une scène surréaliste qui a fait rapidement le tour de la toile, dans laquelle l’ensemble des chroniqueurs, des artistes autour de la table et de l’animateur, surenchérisse dans le mépris de classe, sur un point du programme qui est « L’interdiction des licenciements ». La production d’ONPC, fière de cette scène qui rappelle la violence de certains bizutages ou on essaye de maltraiter quelqu’un dans l’hilarité totale, a préféré garder cette scène au montage, pensant que les quelques millions de téléspectateurs, allaient se réjouir en voyant cette scène de mépris vis à vis de la classe ouvrière. Mais c’était sans compter sur les réseaux sociaux, qui se sont littéralement déchaîné contre l’émission. En effet, la question du chômage, de la précarité et des licenciements ne nous fait pas rire, car il s’agit d’un fléau subi par des millions de travailleurs, poussant parfois les ouvriers au suicide, comme c’était le cas de plusieurs ouvriers de Continental, qui a fermé en 2009.

Acte 2 : la Revanche

Ce samedi soir vers les coups de 2h30 du matin, oui 2h30 du matin, car il ne faudrait pas que le candidat puisse s’exprimer à l’heure de grande audience, contrairement à Florian Philippot, porte-parole de Marine Le Pen, qui a eu lui tous les projecteurs pendant plus de 55min pour parler de la chasse aux migrants dès le début de l’émission, moment où l’audience est la plus forte.

Tout le monde attendait ce face à face. Regard fuyant et serrage de main tendu avec les chroniqueurs et l’animateur de l’émission. Laurent Ruquier se précipite le premier en ouvrant la discussion en voulant revenir sur la scène du fou rire de la dernière fois, avec de jolie cadrage sur le regard hagard de Vanessa Burggraf , qui après la rafale de commentaires mécontents dont elle a été la cible sur les réseaux sociaux, a vite perdu son sourire et sa décontraction. Malgré le débriefing de cette scène, aucune excuse ni de la part de l’animateur ou des chroniqueurs, mais que cette scène de mépris n’a pas été décompté du temps de parole. Au delà de cette scène surréaliste, pas un mot sur les petites phrases moqueuses de Yann Moix « Attention on parle au futur président de la république ».

Dès la première question nous sentons à quel point les chroniqueurs et l’animateur veulent absolument en découdre, à coup de petite ponctuation « c’est utopique », « c’est radicale », « c’est impossible », essayant à tout pris de décrédibiliser le programme de notre classe, notamment sur le sujet de l’expropriation des patrons, la reprise et le contrôle ouvrier de la production. Vanessa Burggraf, qui savait pour autant se foutre de la gueule des ouvriers licenciés, se montre scandalisée lorsque Philippe Poutou explique que Bernard Arnault est un voleur. La chroniqueuse lui rétorque « comment pouvez vous dire que Bernard Arnault est un voleur, il donne de l’emploi ». Si elle avait vu « Merci Patron » elle saurait sûrement que Bernard Arnault ne donne aucun emploi, mais que c’est plutôt les milliers de salariés du groupe LVMH qui font ses richesses . Etre choquée parce que nous disons que nous voulons reprendre ce qui nous appartient, parce que c’est nous qui produisons les richesses, et en même temps rigoler sur la souffrance de millions de personnes qui n’ont pas de travail, ou encore ne pas dire un mot lorsqu’il s’agit de parler des caissières au smic, ou des salariés qui se suicident. Voilà encore comment les porte-parole du capital utilisent leur carte de presse, pour faire la propagande du capital, plutôt que simplement poser des questions sans prendre position en laissant les téléspectateurs se faire leur propre avis, sans petite ponctuation nauséabonde, visant à mépriser le candidat anticapitaliste.

Après seulement une question sur les licenciements et une sur le patrimoine de Macron, comme si cela était le point essentiel de son programme alors qu’il n’avait que 19minutes pour s’exprimer, l’émission prend une autre tournure justement lorsqu’on arrive à la dernière question sur le temps de parole injustement reparti, et que Laurent Ruquier utilise pour revenir sur le buzz qui leur a fait tant de mal.

Voulant absolument en découdre, les chroniqueurs et l’animateur se lancent dans une chasse à l’homme avec des petites phrases du genre, « A quoi ça sert ? Vous allez faire 1% », « Faite nous une blague si vous voulez un peu plus de temps », « c’est bien que votre vrai visage ressorte maintenant »… Toutes ces phrases méprisantes, alors que le candidat ouvrier essayait tant bien que mal de rentabiliser les quelques minutes restantes pour parler de la Guyane et que l’animateur de l’émission a arrêté après s’être bien lâché sur lui ne le laissant même pas terminer son explication.

Voilà l’expression supplémentaire des dérives de ce système totalement anti-démocratique, où après avoir bataillé pour obtenir les 500 parrainages, le système et ses serviteurs bloquent encore le temps de parole avec un calcul se faisant à l’aide des sondages et des derniers résultats, empêchant encore plus les petits candidats, comme Philippe Poutou qui représente la réalité de plus de 23 millions de salariés en France, ne pouvant s’exprimer avec le même temps de parole et dans les moments de plus grande écoute. Et si ce n’était pas suffisant le candidat du NPA a le droit à du mépris et une série de questions sur pourquoi il se présente pour faire 1%. C’est quand même drôle cette vision de la politique où les sondages font déjà le résultat, et où des émissions dites sérieuses ou intellectuelles qui se font dépasser en permanence par des shows de téléréalité mais qui s’étonne pourquoi un candidat qui vient représenter les intérêts de la classe ouvrière, et apporter une vision différente de celle du néolibéralisme ou du protectionnisme, lui doit se retirer.

Même si il est difficilement imputable à l’émission qui applique les directives du CSA, l’émission ne fait rien en dehors des élections pour inviter les militants de la classe ouvrière de temps en temps en milieu d’année pour pouvoir s’exprimer librement. Alors il est facile de se cacher en période de présidentielle lorsque le temps de parole est limité, mais interrogeons-nous sur combien de fois dans les 5 dernières années Laurent Ruquier a invité un représentant du NPA dans son émission, à part une fois Olivier Besancenot, alors que le PS ou les Républicains sont relayés chaque samedi dans son émission.

On retiendra simplement que Laurent Ruquier et sa bande auront tout fait pour que les téléspectateurs ne retiennent rien du programme de Philippe Poutou lors de cette émission avec une avalanche d’attaque faisant perdre le peu de temps, malgré l’heure tardive, qu’avait le candidat pour pouvoir s’exprimer. Comme Philippe Poutou ironisait à un moment donné, ce n’est pas un hasard que le temps de parole ne soit pas comptabilisé selon si le candidat est mis en examen, ou accusé d’avoir volé de l’argent dans les caisses de l’Etat. C’est un système qui ne fera jamais des règles comme ça. Cette bourgeoisie capitaliste, lorsqu’elle ne méprise pas notre classe, fait tout pour nous empêcher d’être audibles, et l’émission ONPC et encore un bel exemple de cela.

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