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La Izquierda Diario
12 de avril de 2017 Twitter Faceboock

Corruption
Au Front national : un assistant parlementaire payé 31 000 euros pour un SMS
Sadek Basnacki

Depuis le mois de décembre 2016, le Front national est sous le coup d’une enquête pour des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen. On reproche au parti de Marine Le Pen d’avoir utilisé les fonds alloués aux assistants des eurodéputés pour financer son parti.

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D’après l’enquête de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), Laurent Salles, engagé entre juillet 2014 et février 2015 comme assistant parlementaire du député européen et vice-président du FN Louis Aliot, n’a pu produire aucun mail, aucun poste sur son blog ni historique d’appels pour justifier son salaire. Seule trace de contact avec Aliot, un SMS échangé le 5 septembre 2014 à 14h38. Cette absence d’échange est une preuve « susceptible de caractériser la nature fictive de l’activité parlementaire européenne de Laurent Salles ». On peut également douter que des entrevues aient eu lieu entre les deux hommes du FN puisque Laurent Salles travaille au siège du parti frontiste à Nanterre et Louis Aliot dirige sa circonscription à Perpignan.

Même si pour l’instant ni Laurent Salles ni Louis Aliot n’ont été entendus par la justice, Louis Aliot a indiqué que son assistant « était en charge de son agenda ». Cela rappelle étrangement l’affaire Fillon qui avait dit exactement la même chose pour Pénélope. La différence, c’est que les contrats français ne comportent aucune liste précise de tâches dont les assistants doivent s’acquitter. Ils laissent les mains libres aux députés tandis qu’au Parlement européen, le contrat de travail doit préciser les fonctions de l’assistant parlementaire. Dans le cas de Laurent Salles, il est écrit que ce dernier est en charge de l’organisation de l’agenda du député, de la gestion des appels, des dossiers, de la préparation de discours, etc. Mais le plus important c’est que le Parlement européen exige qu’un assistant parlementaire ne doit pas travailler pour un parti politique national au risque de créer un « conflit d’intérêts ».

En 2015, le président du Parlement européen, Martin Schulz, avait saisi l’Office européen de lutte contre la fraude et le parquet de Paris après avoir découvert que 20 des 24 assistants parlementaires du FN figuraient dans l’organigramme du parti en France. Une information judiciaire a été ouverte en décembre dernier par le parquet pour abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé. C’est dans cette procédure que Marine Le Pen a refusé d’être entendue. Elle a également refusé de rembourser plus de 300 000 euros correspondant aux salaires versés à l’une de ses assistantes parlementaires, Catherine Griset, qui a déjà été mise en examen, tout comme Charles Hourcade.

Laurent Salles était en même temps conseiller municipal à Suresnes, s’était présenté aux élections cantonales en 2015 et figurait dans l’organigramme du FN comme assistant de Yann Maréchal-Le Pen à la délégation générale des grandes manifestations du parti. Ils constatent également qu’il a toujours été rémunéré par le parti. Ce n’est pas un cas isolé et les enquêteurs soupçonnent les cadres du parti d’avoir mis en place un système frauduleux d’emplois fictifs afin de réaliser des économies. Ils sont tombés sur des notes du trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, lors de leurs perquisitions. L’une d’elles, datée de juin 2014, explique que le FN ne peut s’en sortir dans les années à venir « que si [ils font] des économies importantes grâce au Parlement européen ». Il a même écrit à la main un calcul pour sa « chère Marine », « 9 députés européens : 12 salaires à 4000 = - 50000 de salaires chargés ». Après les élections de 2014, chaque année, le trésorier fait une estimation des économies réalisées « grâce » à l’élection de députés européens. Elles s’élèvent à 1,2 million en 2015. Idem en 2016 puis en 2017.

Le Front national c’est ce que Philippe Poutou a déclaré devant 6 millions de téléspectateurs lors du débat à onze le mardi 4 avril : c’est ce parti qui pique dans les caisses publiques de l’Europe. Et le pire, c’est qu’en plus le FN qui se dit anti-système se protège grâce aux lois du système. "Tous pourris" ? Surtout le FN.

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