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La Izquierda Diario
13 de avril de 2017 Twitter Faceboock

Washington et Moscou, les tensions se maintiennent
Rencontre entre Tillerson et Lavrov. Derrière les sourires figés, aucun accord sur la Syrie
Marina Garrisi

Après l’escalade de tensions entre l’administration Trump et la Russie, dans un contexte d’approfondissement de la crise en Syrie, la rencontre entre Tillerson et Lavrov aura permis de sauver les apparences et d’abaisser les tensions. Mais aucun accord n’a été trouvé.

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Ce mercredi 12 avril, Rex Tillerson, le Secrétaire d’État américain a rencontré le ministre des Affaires Étrangères russe Sergei Lavrov à Moscou. Cette rencontre a lieu dans un contexte d’approfondissement de la crise en Syrie et d’une montée des tensions entre les États-Unis et les alliés de Damas aux premiers rangs duquel se trouve la Russie.

Pour rappel, l’administration Trump avait ordonné des bombardements sur une base militaire syrienne la semaine dernière, après qu’une attaque chimique a eu lieu sur le sol syrien, vraisemblablement commanditée par Bachar El-Assad et causant des centaines de morts et de blessés graves. La Russie et l’Iran, les deux principaux alliés du régime de Damas, avaient refusé de reconnaître la responsabilité de Bachar El-Assad et ont réaffirmé leur soutien en condamnant l’intervention nord-américaine.

L’approfondissement de la crise en Syrie avait entraîné une escalade importante des tensions entre la Russie et les États-Unis, soutenus par le G7. La question du soutien de Poutine à Bachar El-Assad est au cœur des tensions, après que Trump ait qualifié le dictateur syrien « d’animal » et que les puissances militaires du G7 aient déclaré qu’il ne pourrait y avoir de solution au conflit syrien tant que Bachar El-Assad resterait au pouvoir. Dans le même temps Moscou a opposé son veto à l’ONU contre la proposition des États-Unis, visant à demander une enquête internationale et la coopération de Damas sur l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, imputée au régime de Bachar El-Assad.

Dans ce contexte, la rencontre entre le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson et son homologue Sergei Lavrov devait servir à abaisser les tensions entre les États-Unis et la Russie. En amont de la rencontre, Trump avait indiqué : « nous ne nous entendons pas du tout avec la Russie », parlant même d’une « relation peut-être au plus bas [niveau] de tous les temps ». Poutine avait déclaré pour sa part à une chaîne d’informations « On peut dire que le degré de confiance dans nos relations de travail, notamment dans le domaine militaire, ne s’est pas amélioré mais qu’au contraire il s’est dégradé ».

L’entretien entre les deux hommes politiques relevait donc d’un enjeu diplomatique important. Au terme de leur réunion, aucun accord n’a cependant été trouvé sur le cas syrien. Les deux diplomates se sont néanmoins efforcés de mettre en scène une avancée dans la gestion du conflit, en réaffirmant leur volonté commune de mettre fin au terrorisme dans la région syrienne et de détruire Daesh, une manière d’esquiver les divergences d’approches frontales concernant la figure de Bachar El-Assad.

Après deux heures de discussions avec son homologue, le ministre des Affaires étrangères russe a annoncé que Vladimir Poutine était prêt à remettre en vigueur l’accord sur la prévention des incidents aériens en Syrie. Un accord indispensable à la coordination des actions militaires russes et américaines en Syrie, mais suspendu au lendemain du bombardement de la base d’Al-Chaayrate le 7 avril. A condition, toutefois, a précisé Sergueï Lavrov, que les Etats-Unis s’engagent à poursuivre la lutte contre les terroristes.

Changement de cap à 180° degré de la politique de Trump

Alors qu’il s’affichait comme pro-russe durant sa campagne présidentielle et qu’il multipliait alors les marques de clémence envers le dirigeant syrien, le revirement de politique diplomatique de Trump à propos de la Syrie surprend et annonce des bouleversements sur la scène internationale. « Le groupe État Islamique est une bien plus grande menace contre nous qu’Assad » déclarait-il en juillet dans le New York Times. Mercredi 12 avril, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche quelques jours après que les États-Unis aient mené, seuls, une frappe aérienne contre une base militaire syrienne, le président américain a martelé de vives critiques « C’est un boucher. C’est pourquoi nous devions faire quelque chose ».

Cette décision n’a pourtant rien à voir avec la compassion, comme tente de le faire croire Trump. C’est le symptôme d’un leadership imprévisible, alors que, en interne, les dissidences et les tensions sont au plus fort entre les différentes sensibilités du pouvoir. Mais c’est aussi une tentative de démonstration de force d’un président affaibli. Trump cherche ainsi à redorer son blason auprès de l’opinion publique états-unienne, à apparaître comme un homme fort, comme celui qui va « rendre à l’Amérique sa grandeur » avec une politique étrangère agressive en nette rupture avec celle d’Obama, dont le bilan concernant le cas syrien est jugé globalement mauvais.

 
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