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La Izquierda Diario
11 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Légitime défense
Pour sauver leurs emplois, les ouvriers de GM&S piègent leur usine
Julien Anchaing

Crédits Photo : Radio France - Olivier Estran

Voilà des mois que les travailleurs de GM&S, sous-traitant de PSA placé en redressement judiciaire, luttent pour sauver leurs emplois. Ce jeudi, face à l’éventualité d’une liquidation de l’usine, ils ont piégé celle-ci avec des bonbonnes de gaz pour inverser le rapport de force.

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On se souvient de la détermination des métallos MTA de Fumel en 2015 qui, devant la menace de liquidation de leur entreprise, avaient piégé leur usine de bonbonnes de gaz pour rappeler à qui avant tout appartenait le matériel de travail. La radicalité ouvrière, devant le désespoir imposé encore une fois par les déstructurations d’usines, s’exprime cette fois à La Souterraine, en Creuse, où selon France Info les employés du sous-traitant automobile GM&S ont décidé d’un mode d’action similaire.

Devant l’absence de commandes passées, due à un retard sur les négociations avec les constructeurs automobiles français, l’entreprise et ses 280 salariés sont menacés de liquidation judiciaire. Depuis décembre, où l’entreprise a été placée en redressement judiciaire, les ouvriers ont résisté par tous les moyens, par le biais d’occupation, à l’usine PSA Poissy, en manifestant devant Renault et Peugeot… Mais le gouvernement et la direction ont fait la sourde oreille, tandis qu’en parallèle, le seul potentiel repreneur a annoncé qu’il supprimerait près de la moitié des emplois. Aujourd’hui, c’est un rapport de force inouï qui est sur le point de s’installer entre la direction, les constructeurs automobiles, le nouveau président Emmanuel Macron d’un côté et les ouvriers de GM&S de la Souterraine de l’autre.

« On a piégé l’usine » explique le délégué CGT Vincent Labrousse. Il rappelle qu’ils sont « toujours ouverts à la discussion ». Il s’agit avant tout d’une volonté de peser dans les négociations. « Nous refusons d’être baladés une minute de plus […] Cela fait six mois que l’on se bat, et nous sommes désolés d’en arriver là, mais aujourd’hui la menace, c’est celle d’une liquidation pure et simple. Si tel devait être le cas, l’usine ne sera pas rendue intacte ! » Pour cela, ils se réapproprient leur lieu de travail et menacent de le détruire. Une presse a par exemple déjà été détruite, coupée en deux au chalumeau, ainsi qu’un poste à souder.

On ne voulait pas en arriver là, mais on ne nous laisse pas le choix : la moyenne d’âge est de 49 ans, qu’est-ce qu’on va faire ? On a des familles !

Les ouvriers de GM&S ont pris conscience du rapport de force nécessaire pour imposer la pérennité du site face aux grandes décisions des capitalistes. Et ce, alors même que le site est pourtant parfaitement viable, selon les dires du négociateur de crise dépêché pour l’occasion, et qui n’est généralement pas prompt à défendre les travailleurs. « Je rappelle que depuis mon arrivée, les syndicats et salariés ont fait preuve de leur bonne foi : ils ont renoncé à bloquer le site, ils ont accepté le principe d’un plan de licenciement, ils ont même accepté de dépanner de manière urgente Renault sur des pièces défectueuses sous-traitées ailleurs. »
Cette radicalité légitime et nécessaire rappelle MTA à Fumel, mais aussi en juillet 2000 les ouvriers de la filature Cellatex de Givet dans les Ardennes qui avaient réussi à négocier leurs indemnités de licenciement, ou ceux plus récemment de l’usine de pièces automobiles New Fabris dans la Vienne en 2009. Si un tel rapport de force ne permet d’obtenir que le minimum, on imagine le rapport de force qui sera nécessaire de la part des travailleurs et de la jeunesse pour faire plier le gouvernement Macron et ses attaques à venir, ainsi que les grands groupes capitalistes qui s’engraissent sur notre dos.

Nos vies valent plus que leurs profits !

Reportage photo et vidéo sur place (crédits : Le Populaire du Centre et La Montagne Creuse)

 
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