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La Izquierda Diario
18 de mai de 2017 Twitter Faceboock

La Bourse dévisse, les rues se remplissent
Crise majeure au Brésil
Jean Baptiste Thomas

Rien ne va plus au Brésil. Michel Temer, qui avait remplacé Dilma Rousseff après l’avoir gentiment destituée, en août 2015, se retrouve dans l’œil-du-cyclone, pris la main dans le sac. Les Brésiliens, eux, sont descendus dans la rue depuis jeudi matin.

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C’est un peu comme l’histoire de l’arroseur-arrosé, mais revisitée, et sur fond de corruption généralisée et d’exaspération sociale profonde. La trame du récit est, plus ou moins, la suivante : Dilma Rousseff, dauphine de Lula, symbole de la gauche brésilienne, au pouvoir entre 2003 et 2016, est destituée pour maquillage de comptes publics dans le cadre d’une affaire de corruption qui éclabousse une bonne partie du Parti des Travailleurs. Parmi ceux qui lui savonnent la planche, il n’y a pas seulement la bonne vieille droite brésilienne mais également les alliés centristes du PT, à savoir le PMDB, dont le député Eduardo Cunha, et Michel Temer,le vice-président de Dilma.

Une fois le coup d’Etat institutionnel consommé, Temer devient, mécaniquement, président. Mais alors que les enquêtes se poursuivent dans le cadre de l’Opération « Lava Jatos », c’est tout d’abord Cunha qui tombe, incarcéré lui aussi pour corruption. Menaçant d’entraîner dans sa chute ses compères en balançant tout ce qu’il sait sur eux, on continue à lui verser des pots-de-vin. C’est en tout cas ce qu’a révélé la presse en décrivant comment, lors d’une discrète rencontre entre Temer et le PDG du géant brésilien de la viande JBS, ce dernier, Joesley Batista, avoue que son entreprise continue à faire parvenir des valises de billets à Cunha alors que ce dernier est derrière les barreaux, et ce pour acheter son silence. « Il faut continuer », lui dit, en substance, Temer, qui lui donne son assentiment.

Dès que la nouvelle est sortie dans la presse les klaxons ont bruyamment retenti dans les rues des principales villes du pays alors que des manifestations s’organisaient, dès jeudi matin, à Sao Paulo et à Rio, notamment. Parallèlement, perdant toute confiance dans l’homme mis au pouvoir mais qui s’avère absolument incontrôlable, les milieux d’affaires ont perdu pied et la Bourse de Sao Paulo a lourdement dévissé.

Le problème n’est pas seulement cet énième rebondissement dans ce dossier de corruption que la droite a, pendant très longtemps, piloté en sous-main, et qui se retourne maintenant contre elle comme un boomerang. La situation sociale est extrêmement dure et les tensions, perceptibles, notamment à la suite de la réélection de Rousseff, en 2014, sont violemment remontées à la surface lors de la grève générale de fin avril, l’une des plus importantes depuis la chute de la dictature, au milieu des années 1980. Les contre-réformes orchestrées par Temer au nom de la lutte contre le chômage ont fini de mettre le feu aux poudres et avec ce nouveau scandale, c’est le premier pays d’Amérique du Sud qui pourrait peiner à contenir sa colère.

Dans les coulisses, alors que Temer est poussé vers la sortie mais continue à s’accrocher à son siège, on s’affaire pour trouver une issue permettant de retoquer à la marge le jeu institutionnel pour éviter que la tempête n’emporte tout l’édifice mais sans pour autant remettre en cause ses fondations pourries. A droite, on est partisans d’élections indirectes en cas d’acéphalie du pouvoir, alors qu’à gauche, le PT et la CUT remettent en avant le vieux slogan populaire au moment de la chute de la dictature, « direitas já », exigeant une élection directe du nouveau président, ce qui bénéficierait à Lula, qui reste encore très populaire.


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