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La Izquierda Diario
19 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Verbalisation des insultes sexistes
Le féminisme sous Macron : dérives racistes et policières
Ali Norbert

Mercredi 17 mai, la nouvelle secrétaire d’Etat à l’Egalité homme-femme Marlene Schiappa à annoncé au micro d’Europe 1 la mise en place rapide de la verbalisation des insultes verbales par les forces de police. Une mesure qui, loin de constituer un moyen de lutte efficace contre le harcèlement de rue ou les agressions sexistes, renforce le contrôle policier des populations des communes et des quartiers populaires, reléguées socialement et exposées aux violences policières.

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Alors que Macron a construit sa campagne présidentielle autour de l’image du jeune-dynamique-progressiste ouvert à la « société civile », le nouveau gouvernement apparaît comme un gouvernement de combat prêt à appliquer une politique d’écrasement des classes populaires. Concernant les droits des femmes, la parité de façade du gouvernement masque mal l’absence de véritable politique de lutte contre les oppressions et les inégalités de genre. D’ailleurs, le Ministère des droits des femmes laisse place à un simple secrétariat d’Etat dédié à « l’égalité femme-homme ». A cette régression s’ajoute, dans la continuité des gouvernements précédents, l’instrumentalisation des questions féministes dans la répression et la stigmatisation des quartiers populaires, des immigrés et des personnes de confession musulmane.

Partiel, sécuritaire et libéral : le féminisme façon Macron

Mercredi 17 mai 2017, Marlène Schiappa, caution « de gauche » du gouvernement et Secrétaire d’Etat à l’Egalité homme-femme, était l’invitée des journalistes d’Europe 1. Elle a annoncé son intention de faire des « insultes sexistes » un nouveau délit et permettre ainsi aux policiers de procéder à des interpellations et à des verbalisations, au nom de la lutte contre le harcèlement de rue. Cette mesure témoigne de la conception étriquée et individualiste du pseudo-féminisme version « En Marche ! » qui consiste à nier le caractère structurel du sexisme. Tout ne serait qu’une question d’individus déviants qu’il s’agirait de punir afin de préserver une société qui ne serait sexiste que par accident. Une conception également sécuritaire. C’est à la police que revient la tâche de chasser les déviants, avec pour cela l’augmentation des effectifs de « police de proximité » de 10 000 agents.

De plus, cette approche du problème est parcellaire et laisse de côté le harcèlement sexuel dans les entreprises, dans les couloirs des établissements publics et dans les lieux privés. Pourtant, c’est bien dans l’ensemble de ces espaces que se déploient les oppressions et les inégalités entre les hommes et les femmes. Derrière la mise en avant du harcèlement de rue se dresse, à travers le politique ultra-libérale du gouvernement Macron-Philippe, l’aggravation des conditions de vie des femmes, en particuliers les femmes travailleuses et des classes populaires, et des inégalités. Toute la dimension de classe de ce gouvernement au service du Medef se projette dans cette politique faussement féministe mais vraiment répressive contre les classes populaires. Le sexisme, réel, des hommes dominés sert de paravent à celui des hommes dominants et qui se déploie dans les rapports sociaux d’exploitation et de domination de notre société inégalitaire.

Le ciblage raciste des quartiers populaires

Ces dispositifs policiers seront principalement déployés dans les communes et les quartiers populaires, déjà constamment soumis au quadrillage et aux interventions policières. Ces espaces, dans lesquels vivent principalement des travailleurs et/où des personnes racisées, font l’objet d’une gestion sécuritaire particulière directement héritée des méthodes de maintien de l’ordre dans les colonies et les anciens quartiers ouvriers. Des brigades spéciales sont chargés d’entretenir une pression policière permanente dont témoigne la pratique quotidienne des contrôles aux faciès. L’évolution de l’arsenal judiciaire leur permet d’intervenir pour moins qu’un graffiti de la taille d’un téléphone et procéder à des contrôles violents et arbitraires. Pour les habitants, c’est donc autant de chance en plus de finir insultés, humiliés, tabassés ou même tués sous les coups de la police. La mise en place de la verbalisation des insultes sexistes étend les possibilités d’intervention d’une police dont le rôle tient plus au contrôle social des populations ségréguées et précarisées que de la préservation de l’ordre public.

Cette fixation sur les hommes des quartiers populaires, largement pratiquée par la classe politique et médiatique, s’appuie sur les représentations dominantes selon lesquelles les classes populaires issue de l’immigration, ségréguée dans certains quartiers et certaines communes, particulièrement touchée par le chômage et la précarité, serait une classe dangereuse, criminelle et arriérée. Un discours qui se double de celui, stigmatisant et raciste qui enferme les hommes arabes ou noirs dans une sexualité et un rapport aux femmes fantasmés par les classes dominantes occidentales. Un fantasme directement hérité de l’époque coloniale qui justifie un traitement d’exception. 15 personnes décèdent chaque année sous les coups de la police, presque tous arabes, noirs, issus des quartiers populaires.

 
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