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La Izquierda Diario
26 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Liberté de la presse
Ethiopie : un journaliste condamné à 6 ans de prison pour avoir soutenu la révolte des Oromo

Yonatan Tesfaye, ancien porte-parole du Semayawi (Parti bleu), principal parti d’opposition, vient d’être condamné à 6 ans de prison pour « complicité de terrorisme » d’après le procureur fédéral. Une qualification en réalité très large, qui permet d’y inclure toute opposition politique et de la réprimer aussi brutalement que possible. Car en effet, Tesfaye a été condamné pour une publication de post Facebook, visant à soutenir la révolte des Oromo, importante minorité ethnique du pays, qui se voit confisquer ses terres au profit d’une expansion démesurée de la capitale Addis-Abeba.

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Incitation au terrorisme : les journalistes opposants en ligne de mire


Après avoir accusé le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF) « d’user de la force contre le peuple plutôt que de privilégier le dialogue pacifique avec le public », Yonatan Tesfaye avait déjà été arrêté en décembre 2015. Mais la dizaine de posts qu’il publia sur Facebook afin d’encourager l’ethnie oromo à se soulever contre le gouvernement qui la spolie dans le sang et confisque ses terres, faisant au moins 700 morts, attisa les foudres des dirigeants politiques. Ainsi, dans ses commentaires, Tesfaye affirmait, à juste titre, qu’« utiliser des objets pour des manifestations pacifiques, bloquer les routes avec des pneus ou brûler du matériel plastique dans les rues [...], ce n’est rien comparé aux vies des gens que le gouvernement détruit ». Il n’en fallait pas plus pour que l’EPRDF s’empresse de faire de l’ancien porte-parole du Parti bleu un « terroriste » et de déclarer la guerre à tous les opposants politiques, dans le cadre de l’état d’urgence, décrété suite aux manifestations des Oromo.

Journalistes et membres de l’opposition subissent ainsi une répression acharnée ou toute contestation est muselée. Getachew Shiferaw, rédacteur en chef d’un journal éthiopien, a été arrêté et poursuivi pour être entré en contact sur Facebook avec Abebe Belew. Ce dernier, exilé aux Etats-Unis, a été condamné par contumace en 2012 pour être membre d’un groupe dissident nommé Ginbot7. Si les charges liées au terrorisme ont été abandonnées à l’encontre du journaliste, il n’en demeure pas moins qu’il risque jusqu’à 10 ans de prison pour incitation à la révolte. Plusieurs ONG, dont Reporters sans frontières, ont ainsi demandé la libération immédiate de tous les opposants « arbitrairement détenus » par la publication d’une lettre ce jeudi. Mais le gouvernement éthiopien semble déterminé dans sa répression sanglante, puisque le premier ministre Hailemariam Desalegn, avait lui-même affirmé, fin avril, qu’il n’était pas question d’autoriser la moindre enquête indépendante sur cette répression.

La colère des Oromo


Bien que reconnue officiellement par l’état fédéral éthiopien depuis la Constitution de 1995, la communauté Oromo subit aujourd’hui une répression sans précédent par la coalition au pouvoir. Le projet d’extension urbaine de la capitale amène à exproprier les populations de cette ethnie, déjà marginalisée, avec une contrepartie financière, lorsqu’elle existe, largement insuffisante. A cela s’ajoute aussi le dénigrement culturel et linguistique, empêchant les Oromo ,mais aussi les Amhara d’accéder à des postes importants au sein de l’administration ou du gouvernement, au profit des Tigréens. Enfin, l’impérialisme occidental rajoute une pression supplémentaire sur ces populations en s’accaparant de leurs terres ancestrales avec la complicité de l’Etat éthiopien.

Mais, dès novembre 2015, les Oromo ont commencé à manifester pour réclamer plus de démocratie et pour pouvoir conserver leurs terres, seules sources de revenus. Réprimées dans le sang, ces révoltes gagnèrent tout de même du terrain jusqu’à ce que le gouvernement fédéral décide d’instaurer l’état d’urgence, encore en vigueur, lui permettant d’appliquer des mesures liberticides : couvre-feu, détentions arbitraires, torture, …

Aujourd’hui c’est donc un véritable climat de terreur qui s’installe dans la région où toute protestation politique est assimilée à du terrorisme, passible de peines d’emprisonnement très lourdes.

 
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