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La Izquierda Diario
26 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Interview de Stanislas Bauge
Pour la CGT Transport, « si le mouvement dure les stations vont vite manquer de carburant »
Arthur Nicola

Vendredi 26 mai, à l’appel de la CGT Transports, les conducteurs de matières dangereuses se sont largement mobilisés pour obtenir des avancées sur leurs conditions de travail. Face à cette grève offensive, le patronat a tout simplement opté pour la répression et les atteintes au droit de grève.

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Une grève suivie à près de 70% en Ile de France pour des avancées sur les conditions de travail

C’est après une série de négociation avec le patronat que la CGT Transport a décidé de lancer hier une grève illimitée chez les conducteurs de matières dangereuses (pétrole, gaz, produits chimiques) pour faire entendre leurs revendication face à l’UFIP (Union Française des Industries Pétrolières, une branche du MEDEF). En effet, les conditions de travail chez les conducteurs sont particulièrement difficiles : payés moins que 10€ par heure, ils peuvent en outre travailler 56 heures par semaine, voire plus, le tout avec 24T d’acide sulfurique ou 38 000 litres de carburant dans la citerne. C’est donc aussi une question de sécurité, à la fois pour les conducteurs, mais aussi pour l’environnement et la population : « si on demande 45 heures de repos hebdomadaire, c’est parce que aujourd’hui, on a des conducteurs qui font 220-250 heures par mois avec de la matière dangereuse derrière eux, payés 9,79€ de l’heure pour la majorité d’entre eux » explique Stanislas Bauge, conducteur hydrocarbure sur la Rochelle et délégué CGT. Au-delà du temps de travail hebdomadaire, les revendications portent aussi sur le taux horaire, et surtout la reconnaissance des qualifications liées à leur métier.

Derrière la grève des conducteurs, la force du blocage des dépôts de carburant

Le mouvement de grève, est particulièrement suivi dans plusieurs régions : « sur Paris, on a une grosse mobilisation avec 70% des conducteurs ; sur la Rochelle, ce sont près 30% des conducteurs qui s’arrêtent dès qu’on parle avec eux » nous confie Stanislas Bauge tandis, et 8 dépôts pétroliers sur 9 neuf sont bloqués en Ile-de-France. Par ailleurs, les grévistes ont bloqué le dépôt de Lorient, tout comme celui de Donges. A la Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), le dépôt a été pris d’assaut par les conducteurs qui ne pouvait s’approvisionner ailleurs.

Ce fort taux de mobilisation inquiète particulièrement le patronat et le gouvernement, qui n’a pas envie de laisser se faire entendre une grève en plein milieu du weekend end de l’Ascension. Et c’est ce qu’ont bien compris les salariés : un délégué CGT chez Snat Fournaire explique qu’« en moyenne les stations-service ont trois jours d’autonomie donc si le mouvement dure les stations vont vite manquer de carburant ». Derrière ces blocages, il s’agit donc bien de construire un rapport de force pour obtenir tout simplement une reconnaissance de la pénibilité de leur travail et de la dangerosité de ces conditions de travail pour eux-mêmes, les habitants et l’environnement. Des enjeux sur lesquels le patronat n’a visiblement que peu d’intérêt.

La réponse du patronat et de l’Etat : répression policière et atteinte au droit de grève

Car au-delà de la sourde oreille qui caractérise l’UFIP et le MEDEF, les grandes multinationales ont vu d’un très mauvais œil le blocage des dépôts de carburants et n’a pas hésité une seconde à demander à la police d’aller débloquer les piquets de grève comme elle l’avait fait l’an dernier. Face aux grévistes, ce sont donc les forces de répression qui ont cassé les barrages, notamment sur le pont de Gennevilliers, mais aussi à Lorient. De surcroit, les entreprises membres de l’UFIP, loin de s’arrêter à la répression physique de la grève, font aussi tout pour l’éteindre, y compris en enfreignant le droit de grève : la CGT a dénoncé que les entreprises de transports ont eu «  recours à des intérimaires [pour remplacer les grévistes] et ont donné une prime exceptionnelle de 1000€ à ceux qui travaillent  », des mesures strictement interdites face auxquelles les autorités n’ont tout simplement rien fait.

Face au gouvernement Macron, un avant-goût de résistance contre la loi travail 2 ?

Après la lutte des GM&S à la Souterraine, cette grève nationale des conducteurs de matières dangereuses dérange particulièrement l’exécutif qui craint qu’un de ces conflits puisse trop dépasser la « paix sociale » qu’il souhaiterait avoir avant de lancer sa loi travail 2. Une deuxième réforme du code du travail qui est dans la tête de beaucoup de travailleurs et de syndiqués, comme nous le confie Stanislas Bauge : « une nouvelle loi travail, cela va encore accentuer la concurrence entre les entreprises, et le grand perdant ce sera le salarié. Les revendications que nous portons, ce sont des revendications conventionnelles, pour qu’il n’y ait pas de concurrence déloyale ». Car la principale réforme que veut mener Macron, sur l’inversion de la hiérarchie des normes, concerne en réalité l’entièreté des ouvriers et des salariés, pour lesquels les conventions collectives sont encore des synonymes d’une protection sociale, faible et précaire, mais existante. Si pour l’instant aucun plan de bataille ne semble se profiler contre les réformes que le gouvernement veut faire passer cette été, la détermination à ne plus rien laisser passer est palpable chez de nombreux militants syndicaux.

Crédit photo Solidarité Ouvrière

 
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