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La Izquierda Diario
30 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Discussions gouvernement – syndicats
Réforme du code du travail. Macron fera diversion jusqu’aux législatives ?
Philippe Alcoy

Une semaine de « discussions » entre le gouvernement, les organisations patronales et les syndicats mais il n’y a encore rien de précis sur le contenu des contre-réformes. Macron cherche-t-il a gagner du temps jusqu’aux législatives pour dévoiler sa vraie feuille de route ? Le dilemme entre ne pas reculer et éviter une explosion sociale se pose déjà.

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A la sortie des discussions entre les représentants syndicaux et ceux des organisations patronales avec le premier ministre Edouard Philippe, peu de choses ont été révélées par rapport à la réforme du code du travail que le gouvernement entend appliquer au plus vite à travers des ordonnances. Sauf une chose : aussi bien la CGT que la très conciliante CFDT contestent le calendrier du gouvernement (pas encore précisé) et exigent que les « concertations » aillent au moins jusqu’à fin septembre, voire octobre ou novembre.

En effet, le gouvernement, qui a convoqué tous les principaux représentants des soi-disant « partenaires sociaux » ces derniers jours, entend mettre en place des modalités formelles validées par tout le monde. Cela dans le but de passer ensuite à s’attaquer au fond de la question. En tout cas, c’est cela que l’on affirme dans la presse dominante et dans les ministères.

Mais ces premiers pas, consultatifs, contrastent avec le discours offensif pendant la campagne qui affirmait que le nouveau président voulait commencer à réformer dès l’été. Et cela pose des questions. Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos, écrit ainsi : « il [Macron] écoute certes, mais surtout il avance, persuadé qu’on attend de lui des résultats. Qu’on se le dise donc : il ne commencera pas par un recul. Ce message vaut-il pour autant méthode de travail ? Emmanuel Macron sera-t-il le président du passage en force ? Cette question-là reste ouverte ».

On pourrait effectivement se demander si ces « discussions » ne sont pas une tactique du nouveau gouvernement pour, d’une part, gagner du temps et laisser que les élections législatives passent et, d’autre part, pour apparaitre comme un gouvernement « conciliant » qui prend le soin d’écouter tout le monde avant de passer à l’action. Ce serait une sorte de prolongation de sa campagne où Macron parlait beaucoup pour littéralement ne rien dire, évitant de dévoiler son vrai programme impopulaire et antipopulaire. L’incident de la semaine dernière où on l’entend, à son insu, dire que la réunion avec les syndicats s’était bien passée car il ne leur a « rien dit » est emblématique.

Evidemment, sur ce point il est encore trop tôt pour affirmer quoi que ce soit. Il pourrait y avoir de la part du gouvernement une tactique électorale mais aussi une réelle inquiétude face à une éventuelle réponse de la part de la jeunesse et des travailleurs, chez qui le souvenir de l lutte contre la Loi Travail reste présent.

En effet, le danger d’une nouvelle explosion sociale comme celle de l’année dernière ou celle de 2010 contre la réforme des retraites de Sarkozy c’est une crainte bien réelle. Comme dit Raymond Soubie, intellectuel pro patronal spécialiste du syndicalisme en France, dans une interview pour Les Echos : « Le résultat des élections montre (…) le rejet par près d’un électeur sur deux du système politique et économique actuel. Le contexte est donc inquiétant, plus grave que les tensions habituelles. Un jour, il peut arriver que tous les mécontentements se cristallisent ».

Le spectre d’un mouvement d’ampleur de la jeunesse et des travailleurs contre les premières contre-réformes du gouvernement Macron-Philippe est un scénario cauchemardesque pour le patronat français et, au-delà, pour toute la classe politique néolibérale européenne. Un mouvement du type « Loi Travail », même en cas de défaite partielle, pourrait gravement entamer la capacité de (contre)réformer de Macron. Et cela dès le début de son mandat.

C’est pour cela que dans les milieux pro-patronaux il y a des débats sur les temps et les méthodes pour « réformer » le code du travail, sujet hautement sensible. Ainsi, dans la même interview des Echos, Pierre Ferracci, un autre spécialiste des mouvements sociaux en France, considère que Macron « est convaincu que pour terminer son mandat avec un taux de chômage à 7 %, il faut démarrer vite là-dessus. Je ne suis pas sûr qu’il ait intérêt à utiliser son capital politique dans la précipitation. Il y a un enjeu d’équilibre ».

De là l’importance de trouver un certain consensus parmi certaines des principales centrales syndicales, capable de soutenir les contre-réformes de Macron. Ou en tout cas, c’est cela qui lui conseillent les experts interviewés par Les Echos. Ainsi, R. Soubie estime que « l’an dernier, le gouvernement a en effet fait le choix de refuser des aménagements de la loi travail au profit des branches, parce qu’il ne voulait en aucun cas désavouer la CFDT, très favorable à l’accord majoritaire dans l’entreprise. Le nouvel exécutif a intérêt à avoir une approche plus équilibrée ».

De son côté Ferracci considère « une colossale erreur de l’exécutif précédent » le fait d’avoir appliqué « sa vision du monde politique - les deux gauches irréconciliables - au monde syndical. Cela a poussé FO et même la CGC dans le camp des opposants irréductibles. Je ne nie pas les divergences syndicales, mais il y a néanmoins des convergences possibles ».

Ce qui est pointé ici c’est que le gouvernement devrait profiter de la brèche ouverte par FO ces derniers jours et diviser le soi-disant bloc syndical des « irréductibles ». Cependant, même cet exercice est complexe pour le gouvernement. Car il pourrait laisser le champ libre pour que la radicalité se développe à la base, parmi les travailleurs et la jeunesse, sans que les directions syndicales puissent la contenir. C’est pour cela que R. Soubie, conscient du rôle de « partenaire » de l’Etat et des gouvernements des directions syndicales conciliatrices, pense que « les syndicats doivent tenir compte de ce climat et ne pas apparaître trop proches du pouvoir ».

Encore une fois, les intellectuels et cadres de la classe capitaliste se montrent très lucides sur leurs buts et le débats sur les méthodes et tactiques pour les atteindre. Du côté de la classe ouvrière et de la jeunesse précarisée se pose de façon urgente la question de savoir comment se préparer à résister face aux contre-réformes brutales qui se préparent. Il est clair que ce n’est pas le « dialogue » avec le gouvernement, ni la « négociation » sur la liquidation des acquis sociaux qui permettra de la faire. Tout le contraire. Un gouvernement offensif, pro patronal, comme celui de Macron, ne connait qu’un langage : le rapport de force.

 
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