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La Izquierda Diario
2 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Crise au Brésil
Déclaration du MRT. Le Brésil : maillon faible de la crise internationale

Nous publions pour les lecteurs du réseau international de journaux en ligne La Izquierda Diario, dont fait partie Révolution Permanente.fr, la déclaration de la Fraction Trotskyste – quatrième Internationale sur la crise ouverte au Brésil.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Declaration-du-MRT-Le-Bresil-maillon-faible-de-la-crise-internationale

Dilma et le PT ont été renversés par un font unique large incluant le pouvoir judiciaire, les partis d’opposition, des secteurs de la base de soutien au gouvernement PT, qui passèrent du côté du camp putschiste, et les grands médias d’information du pays. Un coup d’état institutionnel qui a profité des combines, sur base de corruption, du PT avec Petrobras, tout en préservant les autres partis qui participèrent à cette « fête ». Après un an de gouvernement Temer, une fraction du bloc putschiste, dirigée par le pouvoir judiciaire, a utilisé la dénonciation comme moyen principal concernant les méthodes corrompues de JBS-Friboi pour tenter un coup d’état dans le coup d’état, contre ses alliés antérieurs.

La nouvelle manœuvre d’une aile des putschistes ouvre une crise difficile à résoudre. La continuité du gouvernement Temer étant rendue impossible sans qu’aucune alternative ne surgisse, on peut quasiment parler d’une période sans gouvernement. La combinaison entre l’action aventureuse de l’opération Lava Jato, le refus de Temer de renoncer au pouvoir, le renforcement de secteurs d’extrême droite, l’offensive d’ajustements et réformes réactionnaires, face à la persistance d’un mouvement de masse qui résiste à ces attaques et la politisation naissante des forces armées, sont les signes d’une configuration prérévolutionnaire, durant laquelle les mois se comptent en jours et les jours en heures.

Une conjoncture qui peut donner lieu à un nouveau gouvernement élu de manière « indirecte », par le congrès, pour que puissent avancer les réformes et ralentir la polarisation politique et sociale en cours, faisant ainsi régresser les éléments prérévolutionnaires qui se montrent aujourd’hui plus dynamiques. Ou, dans le sens opposé, elle peut mener au développement des tendances à la révolution et à la contre révolution, ouvrant une nouvelle situation de lutte des classes dans le pays.

1) Le « coup d’état dans le coup d’état » a pour but d’éviter la polarisation sociale, tout en tentant à la fois d’imposer stratégiquement un nouveau régime de domination plus ouvertement pro impérialiste.

A l’aune de la croissance économique sous le gouvernement Lula, quand le journal The Economist a mis en couverture le Christ Rédempteur de Rio de Janeiro comme une fusée se déployant du sol jusqu’aux cieux, la longue liste des grandes entreprises mondialisées brésiliennes (« global players ») gagna un rayonnement international. En dépit de l’association avec des capitaux étrangers, les grandes multinationales dont le contrôle majoritaire était resté entre les mains du capitalisme local, purent concurrencer à égalité les entreprises impérialistes sur le marché mondial.

Le point central du scandale actuel, impliquant le président, concerne l’entreprise JSB-Friboi, qui, après avoir racheté la société nord-américaine Swift Food Company, est devenue le plus gros acteur du secteur frigorifique dans le monde. L’entreprise La Vale do Rio Doce, après son acquisition de la société Canadienne INCO et de la société australienne AMCI Holdings, est devenue la deuxième plus grande compagnie minière. Embraer est le quatrième fabriquant d’avions. Petrobras, suite aux découvertes d’énormes quantités de pétrole brut sous la zone dite « Pre Sal », est devenue la sixième entreprise la plus grande dans ce secteur. Et la liste est longue, parmi laquelle se détachent comme faisant partie des 20 plus grandes multinationales Brésiliennes : Ode Brecht, Camargo Correia, Gerdau, Votorantim, Aracruz, Weg, Marcopolo, Andrade Gutierrez, Tigre, Usiminas, Natura, Itautec, ALL, Ultrapar, Sabó y Lupatech. En 2007, ce groupe « restreint » vendait pour 30 000 millions de dollars sur le marché extérieur, détenait 56 000 millions de dollars en actifs répartis partout dans le monde, et employait 77000 travailleurs en dehors du pays.

Certaines de ces entreprises ont toujours des dirigeants ou cadres exécutifs incarcérés suite à l’opération « anti-corruption » dénommée « Lava Jato ». Le développement de cette opération ces dernières années fut accompagnée de l’escalade des protestations d’une partie des fractions du capital impérialiste, concernant les avantages accordés au capital d’origine brésilienne au sujet des prospections de Petrobras. Etrangement, les opérations de « Lava Jato » ne développèrent jamais d’enquête sur les indices de la participation d’entreprises impérialistes dans les scandales de corruption.

Parmi les quatre départements que se partage l’Etat, celui qui comptait le plus de chiffre d’affaire, et qui était aussi celui avec la plus forte présence de capitaux étrangers, n’a jamais fait l’objet d’une enquête.

La fonction stratégique de l’opération « Lava Jato » est d’ouvrir la voie pour que les monopoles impérialistes puissent gagner des parts de marché face à leurs concurrents locaux, reconfigurant la relation entre l’état Brésilien et les entreprises privées, et à la fois de créer un nouveau régime politique, avec suffisamment de légitimité pour mettre en œuvre les réformes structurelles permettant de transférer une grande partie de la rente des travailleurs vers le capital.

Les manifestations de Juin 2013 ont montré à la bourgeoisie que le PT ne possédait déjà plus tout son pouvoir historique de résistance. Dilma a été exclue du pouvoir car elle dépendait du financement illégal des « acteurs mondiaux » brésiliens pour maintenir sa structure électorale et assurer la gouvernabilité, au moment où la pression de sa base liée aux syndicats et aux mouvements sociaux était un obstacle pour avancer, au niveau exigé par la crise, avec les ajustements et réformes qu’elle a commencé à mettre en place en 2015.

Le gouvernement de Temer avec le PMDB (un des trois partis majoritaires, constitué d’oligarques et conseillers régionaux basé sur le clientélisme étatique), le PSDB (de Fernando Henrique Cardoso) et le DEM (hérité de la dictature militaire), bien que s’appuyant sur une base sociale plus à droite et défendant une subordination majeure à l’impérialisme, maintient essentiellement les mêmes liens de dépendance que ceux du PT, vis-à-vis de l’argent en provenance des « acteurs mondiaux » (« global players ») brésiliens, tout en ayant démontré qu’il n’a pas la force de mettre en œuvre les mesures les plus antipopulaires sans ouvrir de crises majeures.

Pour reconstituer les investissements étrangers et remplir les coffres publics du futur butin que se répartiront les capitalistes, Temer a essayé de mettre en œuvre une réforme fiscale drastique qui mettrait à sec le financement des besoins les plus essentiels, comme ce fut le cas des réformes libérales les plus réactionnaires qui avaient été imposées dans les années 90. Dans le sillage d’une crise économique qui atteint déjà une chute de 8 % du PIB et une augmentation rapide et massive du chômage, avec plus de 15 millions de chômeurs (15% de la population active économiquement), les actions du gouvernement putschiste ont mené à une polarisation politique et sociale croissante.

D’un côté, ces actions ont renforcé une extrême droite représentée par Bolsonaro, dont les intentions de votes ont augmenté jusqu’à 16 % et qui a de multiples liens avec la police et les forces armées. Une droite fascisante qui défend ouvertement la dictature militaire. De l’autre côté, les syndicats et les mouvements sociaux qui s’opposèrent au putsch et s’opposent aujourd’hui aux réformes libérales en cours se sont aussi renforcés. Ils se cristallisent politiquement sur Lula, avec plus de 30% d’intentions de vote et une tendance à la hausse.
La manifestation a Brasilia contre la loi qui imposait un plafonnement des dépenses budgétaires en novembre dernier, les grèves du 15 mars et du 28 avril (l’action la plus forte et importante jusqu’à maintenant) et la marche qui transforma Brasilia en un théâtre de guerre le 24 mai dernier, expriment la continuité d’un mouvement de masse qui résiste aux réformes libérales que le gouvernement essaye de faire passer au congrès, alimentée par la colère populaire croissante due au chômage et à la baisse du pouvoir d’achat des salariés.

Particulièrement opposée à la réforme des retraites, qui est considérée au Brésil comme la « mère de toutes les réformes », la classe ouvrière et les syndicats sont entrés sur la scène politique avec leurs propres méthodes de lutte, comme cela n’avait plus été vu depuis les années 80. Une réforme si impopulaire qu’elle est source de mécontentement y compris pour les bases sociales soutenant le coup d’état, apportant aux grèves une fort élan de sympathie populaire.

Le coup d’état à l’intérieur du coup d’état, duquel Rodrigo Janot (chef du ministère public de la Justice) a été un élément clé, a pour objectif d’éviter l’escalade de la polarisation politique et sociale pour continuer à avancer de manière pacifique afin d’imposer un rapport de forces social plus à droite et façonner un nouveau modèle d’accumulation capitaliste plus subordonné à l’impérialisme. Ainsi s’explique le fait qu’un gouvernement non élu et disposé à mettre en œuvre les attaques les plus dures, mais montrant sa faiblesse en le faisant, est trahi par une conspiration du « Parti Judiciaire » qu’il a lui-même conduit au pouvoir et qui continue de se comporter comme un petit « Etat » à l’intérieur de l’état. Cependant, dans l’immédiat la conspiration n’a pas eu d’effet, sinon de provoquer un saut dangereux dans la crise de ceux d’en bas.

2) La énième tentative ratée de créer une « bourgeoisie nationale » avec une autonomie majeure.

Loin du fameux « mirage » de la croissance brésilienne qui était comparable à celle de la Chine dans les années 70, une faiblesse structurelle en termes d’accumulation capitaliste a vu le jour depuis les années 80 - qu’on a d’ailleurs appelées « la décennie perdue » - pendant laquelle se sont combinées une explosion de la dette publique et une hyperinflation. Cette faiblesse, visible par une relative désindustrialisation et la chute du niveau de productivité de l’économie, a été compensée momentanément grâce à des niches de spécialisation dans la production. Celles-ci étaient liées à la combinaison entre le rôle des grandes entreprises mondialisées (« global players ») encouragées par l’Etat, et les avantages naturels du pays. Le Brésil s’est alors inséré dans le marché mondial de manière subordonnée, en tant que grand pourvoyeur de matière première et de biens de faible contenu technologique, soutenu par le boom chinois. Cette spécialisation qui recentrait l’économie sur les matières premières, combinée à la précarité des conditions de travail, a alors rendu possible que le dernier cycle de croissance permette l’expansion du marché du travail et une relative diminution de l’extrême pauvreté. Et, paradoxalement, c’est ce qui a affaibli l’économie pour faire face aux scénarios internationaux plus complexes, comme celui que nous traversons en ce moment.

Du fait de l’importance géographique, démographique et économique du Brésil, le néolibéralisme des années 90 mis en place par Fernando Henrique Cardozo a permis, même s’il a provoqué une relative désindustrialisation, de mettre en place une série de politiques étatiques actives, qui ont jeté les bases du développement de « champions nationaux ». Avec l’aide des banques publiques, des avantages octroyés dans le cadre du processus de privatisation, et la prestation de service des entreprises restées publiques, l’Etat a permis à un secteur du capital national de maintenir son contrôle majoritaire sur de grands monopôles, même si cela s’est fait en association avec le capital étranger. Dans le même temps, d’autres secteurs ont été intégralement vendus au capital impérialiste (notamment une partie des communications).

Le PT, qui a surgi comme expression politique de la grande vague de grève contre la dictature à la fin des années 70 et dans les années 80, plutôt que de lutter pour abattre la dictature et résister aux réformes néolibérales avec les méthodes de la lutte des classes, s’est constitué comme « main gauche » du régime démocratique bourgeois, utilisant son poids dans la classe ouvrière, pour émerger comme négociateur d’un néolibéralisme plus « social ».

S’appuyant sur le cycle exceptionnel de croissance économique mondial lié à la bulle immobilière nord-américaine et au boom des produits manufacturés lié à l’expansion chinoise, le gouvernement de Lula (en association avec le PMDB), sur les bases créées par le PSDB, a déployé le projet d’un pays basé sur les « global players » brésiliens émergents, sur l’expansion du travail précaire et de la consommation basée sur un crédit faible, et sur le clientélisme étatique, établissant une synergie entre la montée de l’exportation et la dynamisation du marché intérieur.

Avec le boom de croissance économique de la période Lula, l’hégémonie solitaire dont bénéficiait le capital financier dans les années 90 a commencé à être partagé avec des secteurs émergeants de l’industrie, des services, des mines et du commerce agricole, tous soutenus par les banques publiques et les entreprises de l’Etat. Des millions de personnes qui vivaient dans le chômage et la misère absolue ont commencé à connaître des conditions de pauvreté permettant une certaine consommation. Dans ce cadre, le Brésil a réussi à acquérir certaines marges de manœuvre, en tant qu’acteur sur la scène internationale, avec quelques autres pays qu’on a appelé les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique de Sud), profitant d’un moment pendant lequel les Etats Unis étaient concentrés sur les problèmes auxquels ils faisaient face au Moyen Orient. Ces aspirations à être un acteur de la scène internationale ont atteint leur point le plus haut dans la tentative d’établir un « axe » avec la Turquie et l’Iran, d’entrer dans le conseil permanent de l’ONU et de fonder la UNASUR (Union des nations sud-américaines) avec l’OEA (Organisation des États américains), etc., se positionnant comme « stabilisateur » nécessaire aux Etats Unis pour modérer les « populistes » plus « à gauche », comme le gouvernement de Chavez et d’autres dans la région.

Sur ces bases s’est constituée une situation paradoxale : alors que des secteurs monopolistes de la bourgeoisie brésilienne ont pu émerger avec un certain degré « d’autonomie » pour négocier de meilleures conditions d’association avec le capital étranger, le Brésil vivait dans le même temps la plus grande pénétration du capital impérialiste de toute son histoire. Ainsi, sous Lula, a été votée la loi qui privilégiait le capital natif dans l’exploration du « pré-sal » (gisements pétroliers pré salifères qui recèlent des ressources gigantesques, ndlr) – une des premières qui a été abrogé par Temer). Une mesure de « protection nationale », mais qui a permis dans le même temps que le volume accumulé de capital impérialiste qui entrait dans le pays a fait un saut très important, passant de 168.000 millions de dollars entre 1990 et 1999 à 242.500 millions entre 2000 et 2009 : une augmentation de 45%. Ce paradoxe permet d’expliquer pourquoi, malgré l’avancée dans la pénétration du capital étranger, la part des entreprises sous contrôle étranger parmi les 500 plus grandes du pays a chuté de 44,7% en 1999 à 41,5% en 2009.

Tout ce château de carte a commencé à chuter à la suite de la plus grande crise économique mondiale depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les manifestations massives de juin 2013 ont exprimé le choc entre les aspirations croissantes générées par le cycle de croissance économique des années précédentes, et les limites d’un pays qui est resté dépendant du capital financier international et n’a ainsi pu faire face à aucune de ses contradictions plus structurelles, comme les très mauvaises conditions de santé, de transport et d’éducation. Et ce, alors que la corruption joue encore un rôle à large échelle pour assurer la gouvernabilité du pays.

L’abondance de crédit s’est transformée en abondance de dette. Les promesses d’amélioration graduelle et, à plus long terme, des conditions de vie ont été remplacées par des mesures d’austérité et des réformes réactionnaires. La balance commerciale structurellement déficitaire, qui avait été camouflée pendant la décennie passée par le boom des matières premières et par les exportations vers la Chine, a recommencé à se faire sentir. Le travail précaire a cédé la place au chômage. Les représentés ne s’identifiaient plus aux représentants. Les aspirations à être une puissance régionale, qui avaient soutenu le Brésil pendant une période, se sont effondrées. Les secteurs moyens de la société ont exprimé leur mécontentement sous une forme plus ou moins active, et sont le « bouillon de culture » d’une large « crise organique » (pour reprendre le concept de Gramsci, lui-même entendu comme « crise d’hégémonie »), dans laquelle les classes dominantes échouent dans la « grande entreprise » dont elles avaient le projet (et qui permettait de conquérir un « consensus » social), après la dictature militaire et l’offensive néolibérale, sans que cela n’ait conduit au surgissement d’un nouveau projet qui puisse le remplacer.

Les secteurs du capitalisme impérialiste et les « global players » brésiliens les plus internationalisés et les moins dépendants de l’Etat ont cherché à prendre la tête d’une nouvelle forme d’accumulation plus subordonnée au capital financier international, dans le cadre d’un nouveau schéma de répartition des richesses publiques. Cependant, la continuité de la crise économique mondiale et les incertitudes de la nouvelle administration Trump sont de grands obstacles à ce qu’il soit possible d’assurer un nouveau cycle de croissance, de crédit et d’investissement capable d’hégémoniser des couches de la bourgeoisie non-monopoliste (qui emploie la majorité de la population), des classes moyennes et des secteurs populaires, sans lesquels il est difficile d’assurer une gouvernabilité stable.

Ainsi, la faible productivité de « l’industrie nationale » et la faible accumulation du capital interne tendent à renforcer la dépendance structurelle de ladite « bourgeoisie nationale » face au capital impérialiste.

3) Les méthodes réactionnaires et le potentiel déstabilisateur de la lutte entre le « parti judiciaire » et les partis du « vieux régime »

La principale contradiction du Parti Judiciaire est qu’il détient le pouvoir suffisant pour détruire le « vieil ordre » mais qu’il n’a aucun pouvoir pour en construire un nouveau. Pour cela, il faut que le personnel politique des partis existants se subordonne au Parti Judiciaire ou construise un nouveau type de parti.

D’un côté, la caste judiciaire n’a pas été élue, reçoit les salaires les plus hauts, des privilèges de fonctionnaires d’Etat ; elle juge elle-même ses affaires, peut laisser fuiter ce qu’elle veut pour affaiblir l’image d’un politicien face à l’opinion publique ou décréter la prison préventive pour un temps indéterminé à l’opposé du droit de défense le plus élémentaire. Ce parti cherche aujourd’hui à faire approuver par le congrès le renforcement de ses pouvoirs. Voilà les normes de la « démocratie » qui maintient quatre prisonniers sur dix dans les prisons, sans aucune condamnation prononcée, dans leur grande majorité noirs et pauvres. C’est « l’Etat d’exception » utilisé couramment pour réprimer les populations pauvres des favelas et garantir la participation de l’Etat dans le gigantesque marché du crime organisé. Aujourd’hui utilisé pour destituer les présidents, et renforcer l’application de ces méthodes contre les travailleurs.

De l’autre côté, la caste politicienne traditionnelle qui a toujours utilisé le pouvoir judiciaire pour garantir son impunité, tente aujourd’hui de limiter le pouvoir de la « robe » en instituant l’invalidation de toute délation fuitée dans la presse, le contrôle du congrès sur les délations (qui est jusqu’à présent le rôle la fiscalité) et le licenciement des juges pour abus de pouvoir. Toutes ces tentatives incluent le PT, préoccupé par sauver Lula et les siens de la prison et par la possibilité de se présenter aux prochaines élections.

Cette lutte entre les pouvoirs, toujours plus autoritaire (bonapartiste) du parti judiciaire et des forces de « l’ancien régime », connaît une nouvelle escalade avec la crise actuelle. Les risques aventuriers de multiplier les coups par le dévoilement de scandales peuvent faire chuter le président sans suivre les règles juridiques constitutionnelles et sans attendre la vérification de l’authenticité de la preuve. Ces coups sont portés du fait de l’absence de règlement préventif entre la Lava Jato et les forces du vieux régime, afin de forcer Temer à renoncer au pouvoir. Ce caractère aventurier ouvre une crise aigüe dont il est impossible de prévoir la fin tant le pouvoir actuel est ingouvernable, sans qu’il y ait une alternative de gouvernement, augmentant les facteurs prérévolutionnaires de la conjoncture.

La constitution brésilienne prévoit que dans les deux dernières années de mandat, la vacance de la charge de président et de vice-président doit se résoudre par une élection indirecte au sein du congrès. Chaque formation politique dispose de 30 jours pour présenter des candidats qui ne sont pas nécessairement députés ou sénateurs. Le PSDB et le DEM en discussion avec des secteurs du PMDB et avec le consentement des principaux référents du PT (malgré la position favorable à des élections directes dans le discours public) tentent de trouver une candidature capable de remplacer Temer au travers d’élections indirectes dans le congrès.

Même si le 6 juin, devant le tribunal Supérieur électoral, l’accusation de financement illégal de la liste Dilma-Temer lors des élections de 2014 n’aboutit pas, il est possible de décréter l’annulation du résultat de ces élections et d’affaiblir l’actuel gouvernement. Temer fait tout son possible, juridiquement, pour retarder la décision définitive de sa chute.

Malgré les 10 demandes d’impeachment parlementaire présentées à la chambre, les alliés de Temer verrouillent la procédure , alors qu’il existe un large sentiment commun que les mois nécessaires pour sa sortie sont trop coûteux au regard du niveau de crise politique et économique qui traverse le pays.

De plus, son désir de prendre son temps, l’inexistence d’un nom alternatif qui ferait un minimum consensus et qui aurait les épaules solides pour continuer les réformes est le point d’appui central que Temer possède pour se maintenir au pouvoir, lié aux intérêts communs des autres forces du « vieux régime » pour s’auto-préserver de la Lava Jato. Il faut maintenir les réformes dans un contexte de croissance de mouvement de masses d’un côté et le renforcement des forces d’extrême-droite de l’autre.

Face à la manifestation appelée par les syndicats et les mouvements sociaux à Brasilia le 24 mai demandant l’abrogation des réforme, Temer répond par la répression des forces de l’ordre pour faire une démonstration de force. Cependant, c’est l’effet inverse qui s’est produit et Temer a rétropédalé le jour suivant. Il a encouragé la naissance d’une politisation à l’intérieur des forces armées et même la participation de dirigeants militaires dans la résolution de la crise.

Les oppositions entre les secteurs des classes dominantes augmentent. Le principal obstacle au développement des tendances révolutionnaires dans la crise est le contrôle des syndicats et des mouvements sociaux par le PT, bloquant les tendances spontanées du mouvement des masses. La principale tâche des travailleurs est de s’en affranchir pour que se développent les actions historiques indépendantes du mouvement ouvrier et des exploités, pouvant ouvrir une situation prérévolutionnaire ou révolutionnaire plus ouverte.

En réfléchissant sur les changements psychologiques qui ouvrent une situation révolutionnaire en Angleterre, Trotski disait : « a) que le prolétariat doit perdre confiance non seulement dans les partis conservateurs et libéraux mais aussi dans le parti des travailleurs. Il doit concentrer sa volonté et son courage dans les objectifs et les méthodes révolutionnaires. b) Que la classe moyenne doit perdre confiance dans la grande bourgeoisie, dans les Lords et ouvrir les yeux au prolétariat révolutionnaire. c) Que les classes possédantes, et la clique au pouvoir, rejetées par le masses, perdent confiance en leur propre force » (Qu’est-ce qu’une situation révolutionnaire, 1931)

Lénine met en évidence la nécessité de « l’aggravation, plus qu’à l’ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées » et d ’une « action historique indépendante » des masses pour que mûrisse une situation révolutionnaire et il donne une grande importance à l’« Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée ; crise du « sommet », crise de la politique de la classe dominante, et qui crée une fissure par laquelle le mécontentement et l’indignation des classes opprimées se fraient un chemin. Pour que la révolution éclate, il ne suffit pas, habituellement, que "la base ne veuille plus" vivre comme auparavant, mais il importe encore que « le sommet ne le puisse plus » (La Faillite de la deuxième internationale)

Si d’un côté, la crise de la classe dominante est le facteur le plus développé dans l’actuelle conjoncture et que le PT exerce toujours un contrôle du mouvement, facteur déterminant de contention des tendances révolutionnaires, d’un autre côté, les classes moyennes sont relativement passives devant le développement de la crise. Elles perçoivent un appauvrissement de leurs conditions de vie, même s’il n’atteint pas les plus bas niveaux comme en Argentine en 2001 (20-25% de chômage), sortant dans la rue pour réclamer aux banques leur or confisqué.

Les classes moyennes qui ont joué un rôle clé dans la destitution de Dilma, mécontents de Temer en particulier suite aux effets de la réforme des retraites qui touche ses propres rangs, ne sont pas sortis dans la rue par peur d’une aggravation de l’instabilité politique du pays qui pourrait empirer les conditions économiques et remettre Lula au pouvoir. Les bases sociales plus larges du PT, tout en souhaitant la chute de Temer, perçoivent le danger d’une mobilisation pourrie pouvant servir les intérêts de la Rede Globo et de la Lava Jato.
Cette relative passivité des classes moyennes face à la crise donne une marge de manœuvre au régime pour chercher un gouvernement un peu stable – qui pourra retrouver une certaine légitimité pour reprendre l’agenda des réformes et des mesures d’austérité – pour faire reculer « l’escalade des extrêmes » qui prime dans la conjoncture actuelle, mettant fin au caractère prérévolutionnaire.

Cependant, dans un pays qui vit des journées spontanées comme celles de juin 2013, d’innombrables manifestions de droite ou de gauche avec des centaines de milliers de personnes dans les rues dans tout le pays ces dernières années, deux grèves nationales en 2017, il n’est pas impossible de voir les classes moyennes se diviser et se radicaliser. Dans un tel contexte, le mouvement ouvrier comme les bases fascistes de Bolsonaro vont jouer un grand rôle dans le scénario national.

4) Grève générale pour faire dégager Temer et imposer une Assemblée Constituante qui abroge les réformes et fasse payer la crise aux capitalistes

Malgré le fait que les grèves nationales du 15 mars et du 28 avril ont permis d’étendre largement parmi les masses le sentiment selon lequel c’est par la force de la mobilisation indépendante qu’il est possible de freiner les attaques, le PT, la CUT et les autres centrales syndicales ont passé un mois à refuser de convoquer une nouvelle grève nationale. Ils se sont contentés d’organiser la marcher à Brasilia, sachant pourtant qu’aussi grande qu’elle serait, elle ne pouvait avoir la force nécessaire pour faire dégager Temer et le Congrès corrompu et austéritaire. Dix jours après l’escalade de la crise, avec la tentative de coup d’Etat à l’intérieur du coup d’Etat, les centrales ont convoqué une nouvelle grève nationale pour la dernière semaine de juin. Cependant, comme elles l’ont fait dans la préparation des grèves antérieures, si cela dépendait des directions syndicales et du PT, cela ne serait pas une grève active organisée depuis la base, mais une grève contrôlée, pour que ne se déploie pas la spontanéité et la combativité ouvrière. Ils refusent de préparer, à partir des assemblées de base, une grève générale, avec des piquets de grève massifs, dans les secteurs stratégiques et les concentrations industrielles importantes, pour dépasser ce que fut la grève du 28 avril. Ils refusent de se préparer à une grève générale politique, qui s’appuie sur des comités d’auto-défense jusqu’à la chute de Temer ou du gouvernement putschiste qui lui succède, et qui puisse abroger définitivement toutes les réformes. Ce serait le seul moyen capable de gagner les secteurs des classes moyennes, pour aboutir à une sortie indépendante de la Lava Jato (du système de corruption, ndlr) et des partis du « vieux régime ».

Face à la crise ouverte avec la nouvelle tentative de coup d’Etat de la Lava Jato contre Temer, Lula, Dilma et les gouverneurs du PT cherchent des terrains de dialogue avec Fernando Henrique Cardozo et le PSDB pour trouver un pacte électoral indirect, tout comme Lula avait défendu en début d’année le soutien du PT au candidat du gouvernement putschiste pour la présidence du Congrès. Ils entrent ainsi dans des négociations de gouvernabilité réactionnaires, sur le dos du peuple, reniant jusqu’au droit démocratique le plus élémentaire qu’est le suffrage universel. La combinaison entre cette attitude du PT – cohérente avec les années de gouvernement du PT – et la stratégie de la CUT – appelant à des méthodes de lutte contrôlées bureaucratiquement pour négocier la « réforme possible » - permet de comprendre comment la campagne « Directas Ya » (mouvement pour des élections directes, ndlr) et la lutte contre les réformes, pour les membres du PT, ne sont pas un plan de lutte sérieux, mais font partie de sa campagne électorale pour 2018, ou une alternative pour s’arranger avec les vieux partis du régime au cas où un nouveau gouvernement nommé par élections indirectes s’effondrerait éventuellement lui aussi.

Le PSOL s’est installé comme l’opposition parlementaire au gouvernement du PT, et ensuite au gouvernement des putschistes, s’appuyant sur le capital politique de plus d’un million de votes obtenus par leur candidat Marcelo Freixo aux dernières élections à Rio de Janeiro. Cependant, en défendant la campagne « Directes Ya » et en ne mettant pas sa force au parlement au service de la préparation de la grève générale qui pourrait réellement faire dégager Temer et abroger les réformes, en s’opposant aux obstacles que le PT et la CUT mettent sur son chemin, il est en train de montrer ses limites pour s’affirmer comme une alternative indépendante au « vieux régime » en crise. La politique d’impeachment que le PSOL a défendu au parlement avec le parti REDE de Marina Silva, a alimenté les illusions selon lesquelles la crise pourrait se résoudre dans le cadre d’un Congrès putschiste, et non par l’action des masses, avec leurs propres méthodes de lutte.

A l’inverse, une politique révolutionnaire conséquente exige de batailler pour qu’émergent des comités de base, de lutte, contre les réformes, sur les lieux de travail et d’étude, impulsant l’auto-organisation pour que des milliers de travailleurs et de jeunes puissent prendre leurs luttes en mains, et préparer des piquets de grève et des comités d’autodéfense pour que la grève puisse triompher. Elle demande de participer aux meetings convoqués par le Frente Pueblo Sin Miedo (« Front du Peuple Sans Peur », rassemblant la CUT, les syndicats, les mouvements de sans logis et de sans terres) contre les réformes et pour dégager Temer, mais comme une aile qui défende une politique conséquente pour le développement de la mobilisation indépendante des masses. Cela implique aussi de dénoncer les manœuvres du PT et de la CUT qui font passer au second plan la question de la lutte contre les réformes, et qui démoralisent la mobilisation en ne proposant que des actions partielles, dispersées et mal préparées, et sans mettre les méthodes de la classe ouvrière au centre de la bataille. Cela nécessite aussi de mettre en garde sur le fait que les élections directes (pour toutes les charges, et non seulement pour le président) peuvent ne servir qu’à changer le personnel politique actuel pour mettre en place un plus légitime, qui pourra imposer les attaques. Il faut donc combattre pour une nouvelle constituante, qui abroge toutes les réformes précédentes et celles en cours, qui s’attaque à la racine de la corruption, et qui mette en son centre les revendications ouvrières et populaires, avec un programme pour que les capitalistes payent la crise.

A notre modeste échelle, c’est cette bataille que nous avons menée avec le Mouvement Révolutionnaire des Travailleurs (MRT, organisation de la Fraction Trotskyste - Quatrième Internationale au Brésil), à travers le Syndicat des Travailleurs de l’Université de San Pablo, l’opposition syndicale des professeurs dans différentes villes, l’opposition syndicale du métro de São Paulo, les conducteurs de Porto Alegre et quelques autres universités importantes du pays. Nous proposons cette stratégie à travers le média Esquerda Diário et bataillons à travers la centrale syndicale d’opposition Conlutas pour construire un pôle alternatif à la bureaucratie dans le mouvement syndical. Nous le faisons en expliquant que cette lutte permettrait aux travailleurs et aux classes populaires de faire l’expérience des mécanismes de la démocratie ouvrière et de mettre en avant la nécessité de la lutte pour un gouvernement des travailleurs en rupture avec le capitalisme.

5) Le caractère historique de la crise ouverte au Brésil et la lutte pour la construction d’un parti révolutionnaire

Au Brésil sont en train de se mener des attaques décisives dans la tentative de transformer les avancées superstucturelles qu’a obtenues la droite en Amérique du Sud, comme sous-produit de la crise économique mondiale et du gâchis des gouvernements post-néolibéraux dans le cadre d’un rapport de force social plus à droite, en cherchant à faire payer aux masses les coûts de la récession.

Le scénario continental peut être comparé à celui qui s’est ouvert avant le déclin des gouvernement appelés « populistes » (en langage marxiste, « bonapartiste sui generis ») dans les années 1950 qui, par la force offensive de pénétration du capital impérialiste, a donné naissance à des gouvernements bonapartistes de gauche et de droite, combinés avec des processus d’ascension et de recul du mouvement de masse. Trotski disait que « Dans les pays industriellement retardés, le capital étranger joue un rôle décisif. De ceci découle la relative faiblesse de la bourgeoisie nationale par rapport au prolétariat national. Ceci crée des conditions spéciales de pouvoir étatique. Le gouvernement oscille entre le capital étranger et le capital national, entre la faiblesse relative de la bourgeoisie nationale et la puissance relative du prolétariat national. Ceci conduit à un gouvernement de caractère bonapartiste sui generis, de nature particulière. Il s’élève, pour ainsi dire, au-dessus des classes. En réalité, il peut gouverner ou bien en se convertissant en instrument du capital étranger et soumettant le prolétariat aux chaînes de la dictature policière, ou bien en manœuvrant avec le prolétariat, ce qui conduit y compris à lui faire des concessions, gagnant de cette manière la possibilité de disposer d’une certaine liberté par rapport aux capitalistes étrangers (L. Trotski « L’industrie nationalisée et l’administration ouvrière, 1939, traduction de l’éditeur). Dans l’Amérique latine des années 1950 et 1960, les crises de ce type de gouvernement ont duré de dix à vingt ans, selon le pays, et n’ont pu défaire définitivement le mouvement de masse qu’avec la mise en place de dictature militaire.

La « crise organique » qui traverse le Brésil depuis la fin du cycle de croissance « luliste » et les journées de juin 2013 ne pourra pas se résoudre tant qu’il ne surgit pas de gouvernement qui soutienne les aspirations susceptibles d’être imposées par une nouvelle dynamique économique ascendante, capable de dépasser les 8% de PIB négatifs et faire reculer qualitativement le chômage qui atteint 15 millions de personnes. La crise économique mondiale rend difficile qu’un scénario de ce type puisse voir le jour d’ici des années. Que ce soit par le biais d’une grande récession ou d’une aggravation du scénario dépressif, le plus probable est que nous ne soyons encore que dans les préludes de combats décisifs entre les différents secteurs dominants et de ceux-ci contre le mouvement de masse, jusqu’à ce que puisse se recomposer une nouvelle forme d’accumulation capitaliste. Au-delà des résultats des offensives immédiates, des brèches vont se refermer et se rouvrir pour que le mouvement ouvrier se radicalise et joue un rôle dans un processus révolutionnaire, que ce soit face à de nouveaux gouvernements de droite ou de centre-gauche.

Bien que nous sommes conscients du peu de force que possèdent les révolutionnaires pour intervenir de manière décisive dans la crise actuelle, nous avons confiance en l’impulsion de l’auto-organisation à travers les comités de base de lutte contre les réformes. Par ce biais, des secteurs de masse peuvent prendre part à des processus de politisation et radicalisation, pouvant permettre ainsi de faire un saut dans la construction d’un parti révolutionnaire. Un parti qui tire les conclusions de l’expérience faite avec le PT et qui fasse valoir la force de la mobilisation indépendante de la classe ouvrière dans la lutte contre la domination impérialiste. Pour exprimer cette lutte sur le terrain politique, nous avons demandé à entrer dans le PSOL en tant que tendance, cherchant à batailler sur l’orientation du parti qui apparaît aujourd’hui comme l’alternative la plus visible à la gauche du PT.

Toutes les organisations qui se revendiquent classistes et anticapitalistes dans le pays, depuis celles qui ont joué le rôle de cinquième roue du putschisme de la Lava Jato (MES de Luciana Genro) ou avec la politique de « Fuera Todos » (PSTU) jusqu’à celles qui se sont opposés au coup d’Etat mais sans aucune politique indépendante du PT (les tendances internes au PSOL), et y compris celles qui se sont opposés à la Lava Jato et contre le coup d’Etat, plus délimitées du PT (comme el MAIS, NOS et Insurgencia) aujourd’hui sont toutes en train de défendre en commun les élections directes comme politique concrète face à la crise du PT. C’est pourtant le moment clé où la gauche indépendante du PT devrait faire une énorme campagne de masse, unifiée, pour dénoncer la politique bureaucratique et conciliatrice de la CUT, construisant une grève générale jusqu’à la chute de Temer et des réformes, et impulsant l’auto-organisation des masses depuis la base, de manière à pouvoir construire un outil de lutte alternatif à la bureaucratie syndicale qui soit visible par des secteurs de masses. Au MRT, nous appelons tous ces secteurs à construire un pôle commun pour mener cette lutte, non seulement dans les lieux de travail et d’étude, mais aussi en interpellant le PSOL pour qu’il utilise son poids parlementaire pour porter cette voix à l’échelle nationale.

C’est à partir de ce point de vue qu’en tant que révolutionnaires nous devons nous emparer de la bataille pour une orientation juste, pour intervenir dans la crise actuelle et dans la tâche stratégique de construction d’un parti révolutionnaire. Nous nous lançons dans la lutte pour une nouvelle Constituante, imposée par la force de la mobilisation, pour dialoguer avec les illusions des masses dans le suffrage universel, luttant pour que, à partir d’une expérience plus profonde de la démocratie bourgeoise, il soit possible de gagner la majorité de la population à l’idée de mettre en place un gouvernement des travailleurs en rupture avec le capitalisme, basé sur des organismes de démocratie directe des masses en lutte. Il ne s’agit pas d’une Constituante comme celle de 1988, négociée avec les militaires pour contenir les tendances révolutionnaires qui s’affrontaient à la dictature. Mais il s’agit d’un processus constituant qui libère les forces révolutionnaires contre les mesures réactionnaires du bloc putschiste et fasse passer les intérêts structurels de la majorité exploitée et opprimée au centre de la scène politique nationale, mettant à l’ordre du jour la rupture avec l’impérialisme, le non-paiement de la dette publique aux banquiers, la combinaison entre réforme agraire et expropriation des grands groupes de l’agro-business, et la nationalisation sous contrôle des travailleurs des monopoles comme Ode Brecht et JBS-Friboi, pour les mettre au service des masses exploitées et opprimées.

 
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