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La Izquierda Diario
2 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Bérézina
Législatives : Cambadélis, Vallaud-Belkacem, Valls et Hamon seront-ils balayés ?
Guillaume Loïc

Plus l’échéance approche, et plus cela se confirme : ça sent le roussi – et même carrément le carbonisé – pour le PS et ses (ex) caciques lors des prochaines législatives. Traditionnellement, ces dernières diffèrent des présidentielles, chaque circonscription ayant son histoire et ses enjeux locaux. Mais il semblerait que même cela ne suffisent pas à éviter au PS la reproduction, le 11 juin, de la Bérézina qu’il a vécu le 22 avril dernier.

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Cambadelis, Valls : les dinosaures en pleine humiliation

Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls font face l’un et l’autre à des configurations bien différentes dans leur circonscription respective (la seizième de Paris pour le premier, la première de l’Essone pour le second). Valls a en effet le privilège de s’être vu concéder le monopole de l’espace politique qu’il cherche à occuper, sans concurrent ni du PS ni de La République en Marche (LREM). Le premier secrétaire du PS, lui, est grandement en difficulté après l’annonce de l’investiture de Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat au numérique du gouvernement Philippe, dans un dix-neuvième arrondissement où Jean-Luc Mélenchon est par ailleurs arrivé en tête lors du premier tour de la présidentielle.

C’est probablement cette (forte) possibilité d’être relégué à la troisième ou à la quatrième place qui a fait perdre ses nerfs à Cambadélis le 23 mai dernier : il a carrément arraché le micro des mains d’une journaliste de LCP qui lui demandait si sa campagne était difficile. Elle l’est visiblement, et le pire n’est peut-être pas l’adversité, pour celui qui n’en est jamais qu’à sa septième campagnes législatives dans le dix-neuvième arrondissement (dont 5 victorieuses, soit 25 ans à l’assemblée). Le net a en effet multiplié les blagues et les détournements ces derniers jours, autour du #PoseTonCambadélis, après que le chef du PS ait enchaîné plusieurs discours de rue quasi seul et juché sur une palette en bois.

L’ombre de l’humiliation plane aussi sur la campagne de Manuel Valls, qui partage avec le dirigeant de son ancien parti la crainte des médias depuis quelques jours. Bichonné par le PS et le gouvernement, l’ex Premier Ministre n’en a pas moins commencé la course aux législatives sous le signe de l’alerte enlèvement de sa dignité lancée par l’humoriste Guillaume Meurice. Les jours suivant, il a du faire face aux annonces des candidatures de Francis Lalanne, qui a choisi Evry exprès pour être en face de Valls (« le symbole du paradigme politique que l’on veut changer »), puis de Nolan Lapie, le jeune identitaire breton qui l’avait giflé publiquement en janvier dernier, secondé carrément du soit-disant humoriste Dieudonné. Dans son propre fief, Manuel Valls est donc devenu une machine à faire du (bad) buzz, sans compter aussi que Benoît Hamon a choisi d’apporter son soutien au candidat local du PCF. Si bien que, alors que l’ancien Premier Ministre avait été réélu en 2012 avec plus de 60% des voix, un récent sondage le donnait au coude à coude au deuxième tour avec la candidate France Insoumise (FI), Farida Amrani.

Vallaud-Belkacem, Fekl, Hanotin : les « jeunes » qui pourraient être éliminés

Le PS a abordé ces législatives en connaissance de cause. Passé à la moulinette par cinq ans de gouvernement anti-populaire et toujours plus autoritaire, l’enjeu consiste depuis le départ à traverser le mieux possible la tempête. Pour tenter, plus tard, de recomposer quelque chose. Mais une difficulté imprévue pourrait bien perturber même ce scénario de sauvegarde minimale : nombre des quadras, la génération de dirigeants du PS dont pourrait venir le renouveau, se retrouvent en grande difficulté pour assurer leur maintient à l’assemblée. En fait, ils subissent l’équation qui a mis à mal la candidature de Hamon à la présidentielle : entre l’étau constitué par LREM d’un côté et la FI de l’autre, il n’y a (presque) plus d’espace politique en propre pour le PS.

C’est le cas de Najat Vallaud Belkacem, l’ancienne ministre de l’Education nationale, qui se présente à Villeurbanne, sur des terres historiquement bien ancrées à gauche et que le PS a repris au PCF au début des années 2000. Selon le dernier sondage, elle arriverait dix points derrière Bruno Bonnel, sorte de golden entrepreneur local, investi par LREM (19% et 30% au premier tour). Et le candidat de la France insoumise ne se situerai que deux points derrière elle, à 17% ! Pour couronner le tout, l’équipe de campagne de l’ex Ministre a produit ces derniers jours un sacré couac, en se targuant du soutien officiel de Tony Parker, avant de devoir s’excuser devant le démenti de ce dernier...

Mathias Fekl, l’éphémère dernier Ministre de l’Intérieur de la Hollandie (qui avait probablement été bombarder place Beauvau pour lui faire une carrure pour la suite), fait face au même pétrin, mais sous une forme différente. Pour lui, c’est le front républicain qui risque bien de l’empêcher d’entrer au Palais Bourbon. Dans la deuxième circonscription du Tarn et Garonne où il se présente, c’est Marine Le Pen qui est arrivée en tête le 22 avril, et Emmanuel Macron deuxième : si la configuration se reproduisait dans dix jours, alors Fekl serait contraint de se retirer devant le candidat En Marche.

Mathieu Hanotin donne un troisième exemple lui aussi illustratif. Haut placé dans la campagne de Hamon, espoir du PS dans son opération de laminage du PCF dans l’ancienne banlieue rouge ces dernières années (il a réussi à arracher aux communistes la deuxième circonscription de la Seine-Saint-Denis en 2012), il est aussi l’un des initiateurs du mouvement « Dès demain » lancé par Anne Hidalgo et Martine Aubry pour participer aux recompositions post PS qui s’annoncent. Mais le « jeune » Hanotin a d’abord été affecté par le scandale qui a touché son parrain en politique, Bruno Le Roux, poisson pilote du PS dans le 93 et qui a du démissionner en mars dernier pour une affaire d’emploi fictif. Et, surtout, il est mis à l’étroit par le score de Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu 43% des voix à Saint-Denis en avril dernier. Reste à voir si la division en trois candidatures (une FI et deux issues de l’ex Front-de-gauche) sauvera la peau de l’ambitieux Hanotin.

Même Hamon ?

La question est en effet déjà dans les têtes, l’étau qui a broyé le PS nationalement s’étant aussi mis en place à l’échelle locale, dans cette onzième circonscription des Yvelines qu’il avait emporté en 2012. D’autant que, ici, c’est le maire Les Républicains d’Elancourt, Jean-Michel Fourgous, ancien député battu donc par Hamon en 2012, qui pourrait bien prendre sa revanche en profitant de l’éclatement complet de l’espace politique qu’occupait alors le PS. Il s’agirait d’un symbole important, avec là encore un impact fort sur la suite de, l’aventure pour les « socialistes », puisque Benoît Hamon postule au rôle de réorganisateur à travers le « mouvement large, transpartisan » qu’il a lancé, avec l’aide de son ex allié à la présidentielle Yannick Jadot, pour « reconstruire la gauche ». Pour l’instant, c’est la destruction qui continue, en tous cas pour l’appareil de Solférino...

L’ironie El Khomri

L’ironie pour conclure la Bérézina. Cette série de défaites, ce recul historique (la déroute de 1993, avec soixante députés, est aujourd’hui un objectif haut), que plusieurs caciques ont vu venir et ont cherché à éviter en quittant le navire (Cazeneuve ou encore Mandon, l’ancien secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, se sont carrément retirés de la vie politique), pourrait bien épargner...la principale figure de l’impopularité du précédent gouvernement, Myriam El Khomri. Son verre d’eau à la figure n’y a d’ailleurs rien changé. Car El Khomri a été fine, elle a exprimé avant même l’annonce des investitures qu’elle soutiendrait le nouveau gouvernement et Emmanuel Macron. Alors, plutôt que de diviser les voix du centre gauche libéral (ce qui aurait profité à Caroline de Haas, investie par EELV), ce dernier a choisi de n’investir aucun candidat LREM dans cette circonscription du 18e arrondissement. Il faut dire que les ordonnances qui viennent ce été, contre le code du travail, constituent la suite directe de la loi qui porte le nom de la peut-être future députée...

 
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