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La Izquierda Diario
5 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Corps de femmes comme champ de bataille
Somalie. Elles tentent d’échapper à la famine et sont violées par des soldats
Anna Ky

En Somalie, pays ravagé par la guerre civile et la famine, de nombreuses femmes tentent de fuir la violence et la misère, dans des camps de déplacés. Nombre d’entre elles témoignent des viols qu’elles y subissent, commis par des soldats.

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Crédit Photo : AFPmag

La Somalie est l’un des pays les plus pauvres du monde. Déchirée par la guerre civile, la pénurie, par les massacres perpétrés par des groupes affiliés à Al Qaïda, plongée dans une situation économique désastreuse, on estime à plusieurs centaines de milliers de morts le bilan de ces 25 dernières années. Nombreux sont celles et ceux qui sont obligés de se réfugier dans les 186 camps de déplacés somaliens pour survivre, comme à Dusta dans la ville de Baidoa, au sud-ouest du pays.

Le camp de Dusta, où les baraquements insalubres faits de bois, de cartons, de bâches et de tissus s’étendent à perte de vue, jouxte un campement militaire de l’Amisom (Mission de l’union africaine en Somalie). Et dans ces camps, la peine est double pour les femmes, subissant la misère et les ravages des conflits armés, mais aussi le risque de se faire violer par les soldats de l’Amisom. Plusieurs membres d’ONG locales, comme Isha et le Somali Children Welfare and Rights Watch (SCWRW), en témoignent.

Quand ils ont l’occasion de le faire, ils commettent un viol.

Ces organisations estiment que plusieurs dizaines de femmes ont été violées récemment dans les différents camps de déplacés. Entre autres témoignages de victimes, recueillis par l’AFP, celui de Hawo, violée au mois de mars dans la cabane où dormaient ses trois enfants par un soldat armé : « Dans ma tête, je peux encore le voir ». Dans le camp de Buur Fuule 2, au mois de janvier, elles étaient neuf à se faire violer par un groupe de militaires munis d’armes à feu et de couteaux.

Ce qu’expliquent également les organisations humanitaires, c’est que la question des violences faites aux femmes est toujours reléguée au second plan dans la crise somalienne. Et ce alors que ces viols sont éminemment politiques, souvent effectués devant les maris, et vécus comme une humiliation par les familles des victimes. Le viol est une arme de guerre, un moyen de s’approprier le corps des femmes comme les terres, de les rabaisser au rang de simples objets ; parfois, également, un simple moyen de se divertir pour les soldats, reflets d’une société éminemment patriarcale, déchirée par la violence depuis des années, pillée par les interventions successives des puissances régionales et impérialistes.

Ces événements tragiques ne sont pas le fait de militaires isolés, mais illustrent la décomposition d’un système bâti sur l’exploitation, les oppressions, et dont ce type de faits n’est que la pointe avancée. Plus que jamais, une solidarité internationale est nécessaire avec ces femmes, dont le corps est devenu un véritable champ de bataille dans de nombreux conflits armés de par le monde.

 
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