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La Izquierda Diario
6 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Nouvel épisode du « Lava-jato » brésilien
Après Dilma Roussef, l’actuel président Temer sera-t-il destitué pour corruption ?
Nina Kirmizi

Après l’impeachment voté il y a un an contre l’ancienne présidente Dilma Roussef du Parti Des Travailleurs (PT), destituée de ses fonctions, c’est au tour de Michel Temer du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB, parti libéral de droite) qui lui a succédé de se retrouver devant les juges. En cause, des affaires de corruption impliquant l’actuel président et un enregistrement vocal sorti récemment dans la presse risquent de faire perdre son poste à Temer, un poste qu’il a obtenu après un coup politique monté contre Dilma.

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Une affaire de financement illégal datant de 2014 sur fond d’un nouveau scandale

Le 18 mai dernier, un enregistrement vocal du président Temer concernant une conversation avec la compagnie de l’agroalimentaire JBS est sorti dans la presse. Dans cet enregistrement, le président Temer tentait une négociation pour pousser l’entreprise à verser une somme d’argent à Cunha, ancien président de la chambre des députés actuellement en prison, afin qu’il taise des informations à sa connaissance. Cunha, de par sa position comme ex-président de la Chambre des députés, a été au cœur des schémas de corruption qui traversent l’appareil politique brésilien. Les informations dont il dispose pourraient donc porter atteinte à l’actuel président, ce qui explique les négociations entreprises par Temer avec JBS : il s’agirait donc de payer Cunha pour éviter qu’il ne cède à des réductions de peine en échange d’informations délivrées à la justice brésilienne.

Cette révélation est un nouveau coup porté à Michel Temer alors que celui-là passe cette semaine devant les juges dans le cadre d’un financement illégal obtenu en 2014 lorsqu’il présentait sa candidature comme vice-président aux côtés de Dilma Roussef dans un gouvernement de coalition. Ce qu’il risque à présent, à l’image de l’ex-présidente il y a un an, c’est une nouvelle procédure d’impeachment à son égard qui pourrait bien entrainer sa destitution. Le jugement de Temer, qui sera décisif dans son maintien ou non au poste de président, devrait être traité par les juges durant les trois prochains jours ou bien de nouveau reporté, comme ce fût le cas le 4 avril dernier, laissant plus de temps à la défense du président.

Un soutien vacillant à Temer

Dans le gouvernement Temer mis en place en mai 2016, étaient entrés des membres du PSDB (Parti de la Sociale Démocratie Brésilienne, opposant historique au PT) mais également des membres des partis de centre-droit qui ont quitté le gouvernement la semaine dernière suite à la révélation de l’enregistrement. Seuls les membres du PSDB qui soutiennent officiellement le gouvernement Temer y sont restés. Mais les dissensions au sein du PSDB s’accentuent entre ceux qui craignent que les « affaires » de Michel Temer ne déteignent sur le PSDB et recommandent de quitter le navire, et ceux qui souhaitent continuer à lui apporter son soutien.

Mais, dans un contexte de crise à la fois politique, économique et sociale, le maintien d’un gouvernement illégitime, de plus en plus pris dans des affaires de corruption pourrait bien renforcer la contestation sociale. Voilà pourquoi une partie de la bourgeoisie appuie la destitution de Temer. Un possible changement de président apparait comme une solution pour calmer la contestation qui grogne dans la rue et un nouveau souffle pour passer le plan de contre-réformes brutales.

Un plan de contre-réforme de la bourgeoisie et une contestation qui monte

Ce mardi, en dépit de l’énorme crise politique qui s’empare du pays, le Sénat vient de lancer le vote de la réforme du code du travail, après le passage d’une loi concernant la flexibilisation du marché du travail et le gel du budget pour 20 ans. Qu’importe donc la crise politique, les « affaires » de corruption et le caractère anti-démocratique du gouvernement mis en place après l’impeachment, la bourgeoisie maintient le rythme des contre-réformes.

Face à cela, le mécontentement social grandit. Après une première grève générale le 28 avril qui a totalement paralysé le pays, une seconde le 24 mai où, à Brasilia, le gouvernement a été forcé d’appeler l’armée pour contenir et réprimer les manifestants, se dessine une nouvelle grève générale le 30 juin prochain appelée par plusieurs centrales syndicales.

Cependant, il ne suffira pas des grèves « saute-moutons » appelées une fois par mois. Parmi les centrales syndicales qui appellent à la grève du 30 juin, et qui ont appelé aux grèves précédentes, on retrouve la CUT (historiquement liée au PT), qui fait bien évidemment ses calculs pour les prochaines élections présidentielles qui pourraient arriver, au regard de la crise politique qui traverse le pays, avant la date prévue de 2018. Mais aussi la Força Sindical qui a soutenu le processus de destitution de Dilma lancée par l’opposition de droite et qui a été aux côtés de Temer jusqu’à ce que sa popularité s’effondre auprès des secteurs ouvriers et populaires. Plutôt que de placer ses espoirs dans le changement, par les institutions, d’un personnel politique représentant de la bourgeoisie tout aussi corrompu, reste aux travailleurs brésiliens à prendre leurs affaires en main et à organiser la contestation, à partir de comités de base, en dehors des calculs politiciens des centrales syndicales, pour donner un réel souffle au changement politique.

 
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