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La Izquierda Diario
12 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Dès le 19, il faudra préparer les combats dans la rue
Macron En Marche vers les pleins pouvoirs ? Il va falloir l’arrêter
Comité de Rédaction

Rarement on aura vu un tel raz-de-marée au premier tour et, en même temps, une telle confirmation de la crise de régime qui entraîne avec elle les vieux partis sans pour autant que la majorité absolue que s’apprête à décrocher Macron soit synonyme d’un quinquennat tranquille pour ses soutiens du patronat.

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Les résultats définitifs ne sont pas encore connus, deux heures après la fermeture des bureaux dans les grandes villes. Cependant, des tendances fortes se dégagent. Si les projections se confirment dimanche prochain, Emmanuel Macron, avec ses 23% au premier tour des présidentielles, devrait remporter les deux-tiers des sièges à l’Assemblée bien que son mouvement n’ait réalisé que 30% des voix au premier tour des législatives, ce dimanche. L’autre élément central de la soirée est le résultat de l’abstention, qui dépasse les 50%, le chiffre le plus haut depuis 1958. Tout ceci indique combien cette nouvelle chambre bleue-Macron est, dans un sens, le fruit d’un trompe-l’œil qui recèle bien des inconnues pour la législature à venir.

Bénéficiant à plein du scrutin uninominal majoritaire à deux tours de la V° République et de l’inversement des calendriers électoraux mis en place par Lionel Jospin pour conforter un président élu par une majorité de députés au Parlement, La République En Marche devrait donc décrocher plus de 400 sièges, soit largement plus que les 289 requis pour disposer de la majorité absolue.

En l’état actuel des projections, la droite LR et UDI, avec 20% des voix, disposerait de moins de 100 sièges, soit en-deçà du seuil minimal qui avait été fixé par François Baroin et qui était pourtant qualifié de « déculottée » par les barons LR. La droite, qui arrive à la fin du cycle relancé par Chirac en 2002 avec la création de l’UMP, aura du mal à panser ses plaies et à tenir ses troupes tant l’aspiration vers le macronisme et vers la droite dure va être forte.

Le FN, avec 14%, revient à ses scores de 2012 et pourrait bien ne disposer d’aucun groupe parlementaire, avec moins de dix sièges, un résultat inférieur aux attentes frontistes bien que supérieur aux deux sièges de la précédente législature. Les frontistes réalisent néanmoins des scores importants et inquiétants dans le quart Nord-est de la France, symboles de la ligne social-nationale de Philippot.

France Insoumise arrive en quatrième position. Avec 11% des voix, FI pourrait décrocher entre 10 et 20 sièges, en comptant le PCF, qui a fait son plus mauvais score dans l’histoire de la Vème République, plafonnant à 3%.

Le score du PS, enfin, confirme l’état de délitement des sociaux-démocrates après cinq années de hollandisme. Avec 10% des voix, le PS n’obtiendrait qu’une trentaine de sièges, soit moins encore que les 57 de l’Assemblée de 1993, lors du plus mauvais score du PS. A titre de comparaison, au cours de la législature qui vient de s’écouler, la Rue de Solférino disposait de 287 députés. De façon extrêmement significative, c’est l’ensemble des ténors du PS qui ont été balayés dès le premier tour, avec Jean-Glavany, ancien chef-de-cabinet de Mitterrand, survivant de la claque de 1993, sorti dès dimanche, ou encore les anciens ministres Aurélie Filipetti, Mathias Foekl ou Benoît Hamon, sorti au premier tour des présidentielles. Le secrétaire général lui-même a dû rendre son tablier, Jean-Christophe Cambadélis étant éliminé sur sa circonscription du 19ème arrondissement parisien.

Pour Macron, la situation est plus que confortable sur le papier. Si le score du premier tour venait à se confirmer, ce qui est fort probable au vu du faible nombre de triangulaires en raison du très haut niveau d’abstention, Macron bénéficierait d’une majorité absolue au Parlement, d’un Sénat accommodant, d’une majorité des 3/5ème au Congrès lui permettant de changer la Constitution sans passer par référendum : une concentration de pouvoirs inédite qui démontre comment le président incarne, à lui seul, tous les travers de la Vème République, alors qu’il prétend incarner le « changement ».

Le programme que le gouvernement tient sous le coude pour dès le lendemain des élections, avec l’éclatement du Code du Travail, la mise en place de la suppression de 125.000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat et une contre-réforme des retraites censée aggraver celles de Balladur, Fillon et Sarkozy, laisse bien voir de quel « changement » il s’agit. Avec un Parlement à sa botte, Macron espère pouvoir tout faire passer. Mais c’est oublier un peu vite la situation que traverse le pays : l’élection actuelle est l’expression de la crise de régime et la façon dont le macronisme est une tentative de réponse sans pour autant être une garantie de succès. La question n’est évidemment pas tant que le FN, le pire ennemi des travailleurs, ou que le groupe de députés de la France Insoumise et du PCF, seraient un rempart parlementaire et institutionnel contre les mauvais coups à venir.
Il reste, dans le pays, un niveau de colère contenue, qui s’est exprimée au premier tour de la présidentielle, reflet du mouvement du printemps 2016 contre la Loi El Khomri et de la rupture totale du peuple de gauche avec ses référents traditionnels du PS.

Dans ce cadre, pour toutes celles et ceux qui ont fait un choix de conscience en portant leurs voix sur les candidatures d’extrême gauche, de Philippe Poutou et de Nathalie Arthaud, aux présidentielles, de LO et du NPA, aux législatives, il n’y aura que peu de choix dans les urnes, dimanche prochain.

Partout où des candidats de la France Insoumise ou du PCF se maintiendront, indépendamment de l’orientation néo-réformiste et néo-chauvine d’un Mélenchon, indépendamment du soutien du PCF au PS à de multiples échelons, locaux et régionaux, ces dernières années, nous voterons pour eux, sans illusions, mais sachant que c’est notamment aux côtés des électeurs de FI et du PCF, dans les manifs et dans les entreprises, que nous nous retrouverons pour lutter. Partout ailleurs, il n’y a aucune autre option, si ce n’est l’abstention. Partout ailleurs, nous ne serons ni chair à patrie, ni chair à patron, ni chair à PS, LR ou Macron, ni pour « faire barrage à l’extrême droite », qui n’est que le pire ennemi des travailleurs, ni pour contrer Macron, le meilleur ami du patronat.

Avec sa majorité absolue qui se profile au Parlement, et qu’il lui faudra piloter –car si tous les futurs députés ne sont pas « issus de la société civile » mais au contraire de vieux routiers de la politique politicienne, il n’est écrit nul par que la « nouvelle » formation ne sera pas traversée par des tensions-, avec une opposition la peau sur les os qui s’apprête à jouer le rôle de conseiller du prince, l’opposition, la vraie, va se déplacer, mécaniquement, sur les lieux de travail et d’études, dans la rue et par la mobilisation, dans les grèves et dans les luttes. Et il en faudra, des luttes, pour contrer les attaques promises qui se dessinent très clairement. C’est la raison pour laquelle il nous faut exiger, dès maintenant, l’arrêt total des « discussions » et des « négociations » avec le gouvernement de la part des organisations syndicales, demander, à l’inverse, un plan de bataille clair, qui ne peut être fait d’un calendrier d’appels éparpillés sur les territoires ou de journées d’action sans lendemain. C’est autour de ces revendications, à partir des structures existantes, qui regroupent des équipes militantes et syndicales, qu’il nous faudra mener la bataille, dès le 19 juin.

 
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