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La Izquierda Diario
14 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Peuples autochtones mis à terre et trophées de chasse suspendus : WWF et colonialisme vert
Muriel Radler

Le WWF, ce « panda géant » qui soutien près de 1300 projets environnementaux est considérée comme la plus importante ONG environnementalistes du monde. Seulement la diversité et l’ampleur de ses actions coutent chers, et le prix à payer n’est pas le même pour les autochtones et les chasseurs de gros gibier.

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WWF : Greenwashing et « colonialisme vert »

Dans une tribune parue dans Reporterre, Stephen Corry, le directeur de Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples autochtones, rappelle les liens entre chasse, protection de la nature et protection des peuples. En effet, le WWF (World Wide Fund) a déjà été épinglés à de nombreuses reprises pour ses liens avec les multinationales (comme par exemple Monsanto le leader de l’OGM ou encore Lafarge, le désormais célèbre bétonnier du mur de Trump) et sa politique de greenwashing.
En 2012, suite à un reportage à charge de « Cash investigation », le WWF avait déposée plainte contre France 2. Mais en ce mois de janvier, c’est à lui d’être mis en cause légalement : l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a jugé recevable une plainte contre ce géant de l’environnement ; en cause, les multiples sévices et assassinat des gardes forestiers payés par l’association.

Des indigènes tués par les brigades financées par le WWF

Alors que les grosses ONGs prennent un rôle économique et politique toujours plus important et critiquable c’est la première fois que l’une d’entre elle va être attaquée devant l’OCDE, une procédure généralement réservée aux entreprises multinationales. C’est Survival qui porte plainte et reproche au WWF d’avoir été impliqué dans des actes de violence et dans la spoliation de terres de ‘Pygmées’ baka au Cameroun. C’est à travers des financements, une assistance technique, logistique et matérielle au gouvernement camerounais et aux brigades anti-braconnage des zones protégées que le WWF participe aux violences contre les baka. Dans un rapport de 228 pages, avec des témoignages de Baka, Survival dénonce les violences corporelles, les menaces, les humiliations et la destruction des campements subis par ces chasseurs-cueilleurs. Les Baka et leurs voisins accusés de braconnage risquent la détention, les coups et la torture. Ils font état de nombreux morts parmi eux suite aux expéditions punitives que peuvent mener les gardiens de parcs.

Les chasseurs occidentaux peuvent tuer des éléphants pour leurs trophées, mais les pygmées n’ont pas le droit de chasser pour manger

Alors que les peuples qui pratiquent une chasse de subsistance, sont réprimés, la chasse au gros gibier, pour ceux qui ont les sous, est plus qu’autorisée. C’est aussi ce que dénonce Stephen Corry dans cette tribune avec le cas de Peter Flack, un grand chasseur qui est aussi l’ancien administrateur du WWF d’Afrique du Sud. Celui-ci, alors encore en fonction, avait eu le loisir (grâce à quelques 45 000$) de participer, selon ses dires, à la « dernière grande aventure africaine » : chasser l’éléphant dans les terres volées aux baka, expulsés illégalement afin de créer des zones de chasses privatisées. Après cette affaire relevée par Survival, Flack a été contraint de démissionner. Pour autant cela ne fait pas oublier que le WWF a fourni sans problème un salaire à cet homme qui, dans sa demeure, dispose de huit vastes pièces remplies de trophées de chasse, ainsi qu’une arme pour « chaque espèce sauvage et chaque type de terrain présent sur le continent africain »…

Protection de l’environnement ou protection de ses intérêts

Si cette association chasse/protection de la nature est troublante, c’est pourtant une association qui est à l’origine de la création de nombreux parcs, en Afrique comme en France : le but étant de réserver le « meilleur aux meilleurs », c’est à dire réserver le gibier et les terres à ceux qui ont les moyens de se les accaparer. Comme le dit Stephen Corry « Les blancs peuvent chasser, les Africains qui chassent pour leur subsistance, non » C’est toute une partie du passé et du présent de la protection de l’environnement qui est liée aux intérêts des puissants ainsi qu’aux idées colonisatrices et réactionnaires. Ainsi parmi les membres importants du WWF ont trouve de nombreuses personnalités inquiétantes telle que le prince Bernhard des Pays-Bas, connu pour son passé nazi et ses liens avec les industriels de l’armement, un prince qui eut l’honneur d’être le premier président du WWF et ceux pour quatorze années. Cette idéologie mortifère, se retrouve alors dans le « soutien » à une gestion violente de l’environnement, telle qu’elle se passe aux Cameroun, mais aussi en Inde où le gouvernement a tout bonnement autorisé ses gardes à tuer les présumés braconniers

Alors que d’un côté, le WWF n’hésite pas à soutenir une protection de l’environnement basée en partie sur la répression, de l’autre, il est moins regardant lorsqu’il s’agit des multinationales qui le finance. Bien que certaines actions du WWF ont leur efficacité, celui-ci, comme de nombreuses ONGs, en se nourrissant des fonds des grandes multinationales contribuent à couvrir leurs actions de destruction de l’environnement et d’exploitation voire leur permet d’étendre leurs activités destructrices, impérialisme : voilà l’action du WWF, qui promeut un « capitalisme vert », qui n’a de « vert » que ses pseudos bonnes intentions, et dont les politiques profitent toujours aux plus puissants, bien contents de pouvoir se balader dans un parc naturel quelque peu préservé durant leurs vacances ou de pouvoir chasser l’éléphant de tant en tant…

 
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