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19 de juillet de 2017 Twitter Faceboock

Au Parlement européen
Soupçons d’emplois fictifs : Suite à la dénonciation du FN, l’enquête élargie à Mélenchon
Léa Luca

Le parquet de Paris vient d’ouvrir une enquête pour « abus de confiance » contre le chef de file de la France Insoumise à la suite d’une dénonciation de l’eurodéputée frontiste Sophie Montel.

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L’enquête sur les assistants parlementaire élargie au chef de file de la France Insoumise

C’est Sophie Montel, eurodéputée FN, qui a demandé le 27 juin à la justice de s’intéresser à de possibles emplois fictifs du côté de Jean-Luc Mélenchon via l’article 40 de la procédure pénale. Une enquête préliminaire avait déjà été ouverte, après un premier signalement le 22 Mars de l’élue frontiste visant une vingtaine d’eurodéputés de tous bords : des personnalités des Républicains, dont Brice Hortefeux et Michèle Alliot-Marie, Yannick Jadot d’EELV ou le socialiste Édouard Martin. Cette même enquête a déjà entrainé en Juin la démission de trois ministres Modem du gouvernement d’Édouard Philippe : François Bayrou (Justice), Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Sylvie Goulard (Armées). Après ce second signalement le parquet de Paris a décidé d’élargir son enquête sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires à l’ancien eurodéputé du Parti de gauche, et à quatre de ses anciens collaborateurs : François Delapierre (ancien bras droit de Jean-Luc Mélenchon, décédé en 2015), Antoine Léaumont, Aigline de Vincens de Causans, et Laurent Maffeïs, trois cadres du Parti de Gauche. Sophie Montel les accuse d’avoir été rémunérés comme assistants parlementaires par le Parlement européen tandis qu’ils auraient en réalité travaillé pour leur parti. C’est ce sur quoi l’office anti-corruption (OCLCIFF) va statuer.

Jean-Luc Mélenchon va porter plainte pour dénonciation calomnieuse

« Aucun de mes assistants n’a jamais exercé de responsabilité politique ni à l’intérieur du Parti de gauche ni pour La France insoumise […] donc je ne sais pas pourquoi on me cherche noise », a répondu Mélenchon à ces accusations lors d’un point presse à l’Assemblée nationale mardi. Ces assertions sont pourtant d[1] émenties par Médiapart : en effet plusieurs d’entre eux occupaient au contraire des fonctions importantes. François Delapierre était parallèlement secrétaire national du parti « à la bataille idéologique » et conseiller régional d’Île-de-France. Parmi les assistants « accrédités » de Mélenchon, censés travailler exclusivement au Parlement européen, on trouve Juliette Prados, attachée de presse de Mélenchon, Aigline de Vincens de Causens, responsable de « la Télé de Gauche, Laurent Maffeïs qui se présentait comme le « dircab » de Mélenchon. Mercredi Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il allait porter plainte pour « dénonciation calomnieuse » : Une « dénonciation sans fondement est une dénonciation calomnieuse. C’est un délit. Il va donc en cuire à cette personne ! Comme à tous ceux qui auront relayé la dite dénonciation calomnieuse. Je me prépare donc à porter plainte à mon tour pour dénonciation calomnieuse contre cette militante du FN et ses complices » continue-t-il dans un post Facebook. Quant à Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis et ex-porte-parole de Mélenchon durant la campagne présidentielle, il dénonce auprès de Libération « les pratiques de corbeaux du FN, une longue tradition de l’extrême droite ».


A l’origine de la dénonciation, le Front National numéro 1 dans les emplois fictifs

La dénonciation de Sophie Montel arrive dans un contexte où le Front National est lui même accusé d’avoir détourné cinq millions d’euros du Parlement européen. Marine Le Pen elle même a été mise en examen en juin pour abus de confiance. Elle, et dix-sept autres eurodéputés frontistes sont soupçonnés d’avoir rémunéré comme assistants parlementaires un grand nombre de partisans qui travaillaient en réalité pour le parti. Si confier des postes d’assistants parlementaires à des cadres du parti est pratique commune au parlement européen, comme à l’Assemblée nationale, le Front National est le parti qui semble avoir usé le plus de ce stratagème, ce qui lui avait déjà valu une enquête préliminaire en Mars 2015. Le Modem et le Front National sont les deux partis actuellement dans le collimateur de la justice, soupçonnés d’avoir instauré un système de financement détourné de leurs partis grâce aux enveloppes mensuelles de 23000 euros que reçoit chaque eurodéputé pour embaucher des assistants parlementaires. Selon une enquête du Monde de 2015, le Front National a en effet un taux d’assistants parlementaires ayant des responsabilités dans le parti bien plus élevé que pour les autres formations politiques. En 2016, 23 des 63 assistants occupaient également une fonction dans leur parti, bien plus que le Front de gauche, EELV, le PS ou LR à la même époque.

Le FN à la manœuvre

Le Front National, profondément en crise depuis la campagne présidentielle et traversé de d’importantes divisions internes, n’entend à l’évidence pas tomber seul, comme en témoignent les nombreuses dénonciations de Sophie Montel. La député frontiste, proche au sein du parti de Florent Philippot, a fait depuis un moment la dénonciation des députés d’autres formations politiques sa spécialité. Elle annonce vouloir en cela, rompre avec «  le deux poids, deux mesures dont était victime le FN avec cette affaire de soupçons d’emplois fictifs sur les attachés parlementaires ». « Jean-Luc Mélenchon se présente comme un chevalier blanc, toujours prompt à donner des leçons aux autres. Aujourd’hui, il est président d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, et un adversaire politique. Pourquoi la justice ne se pencherait-elle pas sur ses anciennes pratiques au Parlement européen comme elle le fait pour nous ?  », a ajouté Sophie Montel. Dans un contexte où le Front National dispute à la France Insoumise la place de premier opposant politique au gouvernement Macron, tout est bon pour tenter de ternir l’image de leur principal adversaire.

crédits photo : Christophe Archambault/AFP

 
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