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La Izquierda Diario
9 de août de 2017 Twitter Faceboock

Des salaires de 1,2 euros par jour
Les thés Darjeeling au bord de la pénurie après une grève massive des ouvrières en Inde
Boris Lefebvre

Depuis le 8 juin dernier, les ouvrières de Darjeeling sont en grève générale pour protester contre les conditions littéralement féodales dans lesquelles elles sont exploitées. Un regroupement 25 syndicats s’est joint à leur lutte pour dénoncer également l’oppression culturelle dont sont victimes les Gorkhas qui récoltent les feuilles du thé le plus prestigieux au monde.

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Les tensions entre l’État indien et les populations Gorkhas, ethnie d’origine népalaise, majoritaire dans cette province, qui depuis plus de cent cinquante ans récoltent le thé Darjeeling au Cachemire sur les contreforts de l’Himalaya ne datent pas d’hier. Ces populations sont à la fois soumises à des conditions de travail qui contreviennent ouvertement à la législation indienne et victime d’une oppression culturelle qui visent à leur imposer la langue et la culture bengali.

Le 8 juin dernier, les ouvrières car ce sont majoritairement des femmes qui récoltent le thé Darjeeling dans les 87 jardins où il pousse, se révoltent contre cette oppression culturelle. Depuis lors, leur combat n’a pas cessé mais il n’a fait que s’amplifier. La récolte est tombée à un niveau extrêmement bas : 140 000 kg au mois de juin au lieu des 1,3 millions de kg récoltés l’année dernière. La grève générale a tapé très fort dans le porte-monnaie des patrons car cette baisse historique de la récolte est en passe de créer une pénurie de thé Darjeeling. La spéculation sur la hausse des prix du précieux thé noir risque d’être insuffisante pour compenser les pertes. A la Bourse de Calcutta, son prix a été multiplié par trois, voire quatre selon les lots et il n’est pas près de retomber face à la pénurie qui s’installe. Ce thé est vendu 16 euros les 100 g en France et jusqu’à plus de 70 euros les 100 g pour les plus grands crus (un terme utilisé pour ce thé comme pour le vin). Le fournisseur indien Vivek Lochan exprime bien la portée de cette grève : « C’est un coup très dur pour nous. Beaucoup de jardins n’envisagent même plus de rouvrir cette année... Les arbres à thé nécessitent un entretien quotidien. Il faudra des semaines pour tailler les buissons et, lorsqu’ils produiront de nouveau une feuille de qualité décente, ce sera l’arrivée du froid. »

Dans ce combat, les ouvrières des plantations Darjeeling ont été rejointes dès le 9 juin par près de 25 syndicats qui réclament la mise en place et le respect d’un salaire minimum. Les ouvrières sont généralement payées 1,2 euros par jour et vivent dans des conditions de très grande précarité. Les maisons qui leurs sont fournies par le propriétaire des plantations sont dans des états pitoyables. La misère pousse les familles à faire travailler leurs enfants et à les déscolariser très tôt, ce qui pousse bien évidemment à la reproduction sociale et les enfants des récoltants suivent la voie de leurs parents et deviennent, à leur tour, dépendants des propriétaires des plantations pour survivre. Les diverses organisations dénoncent des conditions de travail féodales.

Contre ces protestations et ces revendications, la réponse de l’État indien ne s’est pas faite attendre. Le 17 juin dernier, des heurts entre les policiers et les manifestants conduisaient à la mort d’un homme par balle. Des perquisitions menées par la police indienne dans les locaux du Gorkha Janmukti Morcha (GJM), parti qui milite pour l’indépendance des populations Gorkhas et qui a lancé la grève générale dans la région de Darjeeling, auraient aussi fait des morts et des blessés.

La baisse de 90% de la récolte et l’arrêt des exportations de thé Darjeeling montre la force de la grève générale comme moyen de lutte et d’action pour s’opposer de manière unitaire à toutes les formes d’oppression. La grève des ouvriers des plantations de thé Darjeeling en offre le parfait exemple.

Crédits photo : DUTTA / AFP

 
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