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15 de août de 2017 Twitter Faceboock

« Culture du résultat »
Scandale aux douanes. L’affaire du faux café au Havre révèle de nombreuses dérives
Julian Vadis

C’est une affaire de faux café saisi en juillet 2015 qui a mis le feu aux poudres. Une succession de révélations qui a conduit à la mise en examen de l’ex-numéro 2 de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières le 27 juillet dernier.

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Crédit photo : AFP PHOTO / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Une affaire qui met en lumière la question de la corruption au sein des douanes

Selon le Journal du Dimanche, Erwan Guilmin, ex-numéro 2 de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) a été mis en examen ce 27 juillet dans le cadre de l’affaire du faux-café du Havre, après plus de 12 heures d’audition. Placé sous contrôle judiciaire et interdit d’exercer au sein des douanes, Guilmin est notamment accusé de complicité d’importation de marchandises contrefaites. Une affaire qui entrouvre une véritable boite de pandore.

Le 3 juillet 2015, Bercy fanfaronne dans un communiqué de presse, qualifiant d’ « historique » la saisis par les douanes de 43 tonnes de café contrefait dans le port du Havre. Cependant, deux ombres au tableau vont conduire à l’ouverture d’une information judiciaire. D’une part, le café est très grossièrement contrefait et semble, de ce fait, inécoulable sur le marché et, d’autre part, ce sont 77 tonnes de marchandises inconnues qui franchissent les barrières du port du Havre au même moment. A priori, il s’agirait de cigarettes de contrebande. Dès lors, l’hypothèse selon laquelle les douanes auraient fermé les yeux sur les cigarettes en échange de l’information concernant le faux café prend corps. Sans compter que la basse qualité de la contrefaçon du café laisser planer le doute. Ces 43 tonnes servaient-elle de couverture pour faire passer les 77 tonnes de cigarettes ? Dans les deux cas, les douanes se retrouvent au centre de la polémique.

Dès décembre 2016, les perquisitions s’enchaînent au Havre et au siège de la DNRED à Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. 800 000 euros en liquide sont découverts dans les locaux de la douane et au domicile de Pascal Schmidt, le chef de l’antenne de la Direction des opérations douanières (DOD), l’un des plus gros services de la DNRED dont la tête a été confié en 2014 à… Erwan Guilmin. En avril 12 personnes sont placés en garde à vue et deux douaniers, Pascal Schmidt et Magalie Noel, numéro trois de la DNRED, sont mis en examen, notamment pour complicité d’importation, détention en bande organisée de marchandise contrefaite et détournement d’argent public. C’est à ce moment-là que le journal Le Monde publie un premier rapport des enquêteurs qui mettent en avant l’hypothèse selon laquelle « un informateur des douanes [a] pu acheminer sa propre marchandise sous couvert d’une autre, destinée à être saisie ». Trois « aviseurs » – c’est-à-dire des informateurs rémunérés en liquides – des douanes sont mis en examen : le Serbe Zoran P, au cœur de l’affaire du café du Havre, Thierry P. et Luc M. Enfin, selon L’Express, c’est au tour de Vincent Sauvalère, ex-directeur du DOD et actuellement en poste à l’Office européen de lutte contre la fraude (et où il dirige la section tabac et contrefaçon…) d’être perquisitionné à son domicile et à son bureau fin juin 2017.

Erwan Guilmin et Magalie Noel en bouc-émissaires ?

Face à l’avalanche de preuves contre lui, Erwan Guilmin, par la voix de son avocat, ne cherche pas à remettre en cause son implication dans l’affaire du café du Havre. Toutefois, l’ex-numéro 2 de la DNRED n’entend pas être présenté comme le cerveau ayant mis en place le système au sein des douanes.

Beaucoup de choses ont été faites derrière son dos. Mon client est arrivé sur un système qui existait avant lui…

Me Laurent Frank Lienard, avocat d’Erwan Guilmin, ex-numéro 2 de la DNRED

L’affaire du café du Havre est-elle due à une brebis galeuse ou révèle-t-elle un mal plus profond ? Deux sources anonymes du JDD accréditent la seconde thèse. « Toute notre maison est ébranlée par cette affaire, et personne ne sait jusqu’où cela va remonter » explique ainsi un syndicaliste, dévoilant une possible panique au sein des douanes françaises face à l’affaire. Plus explicite encore, les révélations d’un haut gradé de la DNRED : « L’histoire du café risque de mettre au jour une petite organisation, un système corrompu en notre sein ». Difficile d’être plus clair sur la portée de l’affaire et de l’implication massive de membres de la DNRED, jusque dans ses plus hautes sphères. Autant dire que la chute d’Erwan Guilmin et Magalie Noel pourrait être vue par un certain nombre de membres hauts placés, actuels ou anciens, de la DNRED, comme des tribus à payer afin de refermer un placard qui semble rempli de cadavres.

 
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