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La Izquierda Diario
17 de août de 2017 Twitter Faceboock

Impérialisme français
Une semaine après l’attentat de Ouagadougou, l’opération française au Sahel vivement critiquée
Arthur Nicola

Dimanche dernier, un attentat tuait 18 personnes au Burkina Faso dans une attaque à la kalachnikov dans un café de la capitale. Une attaque qui révèle l’insécurité croissante du Sahel, entre les feux des djihadistes d’un côté et ceux des militaires français de l’autre.

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Un énième attentat au Sahel

Dimanche dernier, un commando de deux hommes attaquait un café de la capitale burkinabè, Ouagadougou, l’Aziz Istanbul, faisant 18 morts et 22 blessés. Les victimes, huit burkinabè et neuf étrangers, ont été tuées par deux hommes lourdement armés qui ont fait feu sur toute la clientèle du restaurant avant d’être abattues par les forces de l’ordre, qui ont réussi à libérer quarante otages retenus par les assaillants. L’attentat, rappelle celui du 15 janvier 2016, qui s’était déroulé à 300 mètres de là et qui avait fait 30 morts et près de 70 blessés, et s’inscrit dans une dynamique plus large dans tout le Sahel, qui voient les attentats perpétrés par des djihadistes se multiplier mois par mois. Si le Burkina Faso est pour l’instant un pays (relativement) épargné, c’est bien toute la zone qui est en proie à des attaques régulières, et notamment le Mali, épicentre des mouvances se réclamant du djihad. En 2016, les attaques et attentats ont couté la vie à 332 personnes au Mali, dont 207 civils. Au premier trimestre 2017, ce sont 150 victimes qui ont été dénombrées.

L’inefficacité de l’opération militaire Barkhane au grand jour

Si le président de la République a promis, après l’attaque de dimanche, d’accélérer la mise en place du G5 Sahel, une force militaire composée des forces de cinq pays, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. La France, qui a en partie impulsé cette dynamique de rapprochement des forces étatiques de ces pays, est en effet plus que jamais en difficulté au Sahel, alors que près de 4000 hommes de l’armée hexagonale sont toujours sur place. En effet, si les positions des djihadistes ont fortement reculé et qu’ils ne contrôlent plus de vastes zones ou des villes importantes, leur présence est toujours forte, comme le montre le nombre très important d’attaques terroristes sur le territoire de ces pays. Et l’interventionnisme français ne fait que renforcer la propagande des groupes les plus réactionnaires. L’assassinat par les troupes françaises d’un jeune berger de 10 ans le 30 novembre 2016 est un exemple saisissant du comportement des troupes françaises au Mali : assassiné depuis deux hélicoptères français puis enterré à la va-vite, l’état major français n’a jamais répondu de cet odieux crimes. De surcroit, les djihadistes visent principalement les informateurs des armées françaises, qui ne sont même pas protégés par cette même armée et qui sont facilement assassinés. Le néocolonialisme de la France passe de moins en moins bien, si bien qu’à Kidal, dans le nord du Mali, des tags « Barkhane dégage ! » ornent les murs. D’autant plus que le manichéisme de la France, qui classe aveuglément les acteurs politiques en « terroristes » ou en « alliés » empêche toute stabilisation de la situation et un arrêt des combats.

L’interventionnisme direct de l’armée française semble être dans une impasse, qui pourrait finir par couter cher politiquement aux impérialistes français. C’est là que la force G5 Sahel intervient : même si ce n’est pas encore le discours officiel, il s’agit là d’une force qui est destinée à remplacer l’opération Barkhane au profit des armées nationales africaines, avec comme financeur et penseur stratégique les représentants des « intérêts » de la France. Pour les populations locales, l’émergence d’un G5 Sahel destiné à remplacer les armées françaises n’est en rien une bonne nouvelle : avec des gouvernements inféodés à Paris et aux grands patrons français, ces armées feront tout simplement le même travail et leurs exactions continueront à produire des groupes terroristes se réclamant du djihad.

Crédits photos : AFP

 
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