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La Izquierda Diario
24 de août de 2017 Twitter Faceboock

Impérialisme américain
Poursuite de la guerre en Afghanistan : Trump annonce l’envoie de 4 000 soldats de plus
Sadek Basnacki

« America First ». Tel été le slogan du président états-unien lors de la campagne. Les Etats-Unis devaient arrêter d’être les gendarmes du monde. Quelques mois après son investiture, Trump n’a eu de cesse de proférer des menaces belliqueuses sur tous les continents. Il avait promis le retrait des troupes d’Afghanistan, il y enverra finalement 4 000 soldats supplémentaires.

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Donald Trump a donc choisi de maintenir la présence états-unienne en Afghanistan et ainsi de poursuivre la politique militaire de Barack Obama. Il l’a annoncé ce lundi 21 août sur la base militaire de Fort Myer, en Virginie, Tout comme son prédécesseur qui avait opéré un puissant rétropédalage en décidant un très net renforcement des troupes fin 2009, il a changé d’avis.

« Mon instinct initial était le retrait, et historiquement, j’aime suivre mon instinct. Mais toute ma vie, j’ai entendu que les décisions sont bien différentes une fois dans le Bureau ovale »

Donald Trump a précisé les « trois conclusions » auxquelles il est parvenu, devant un parterre de militaires et diplomates invités pour l’occasion. « Premièrement, notre nation doit rechercher un résultat honorable et durable », au regard des « efforts consentis » et des « sacrifices endurés » dans une « longue guerre » qui dure depuis seize ans. Les termes choisis rappellent le discours de Richard Nixon sur le Vietnam, qui englué dans une guerre lointaine, était soucieux d’en sortir « dignement ». Pour Nixon, cela s’est traduit par le renforcement du contingent états-unien et la généralisation conflit dans la région avec le bombardement du Cambogde et en intervenant au Laos.

En critiquant la stratégie d’Obama d’avoir annoncé le retrait des troupes, Trump a déclaré : « Nous n’opterons plus pour une approche fondée sur le temps, mais plutôt sur des conditions pré-requises. Il est contre-productif d’annoncer à l’avance nos opérations militaires. Nous ne parlerons pas de temps ni d’effectifs. L’ennemi ne connaîtra jamais nos plans. Je ne dirai pas où et quand nous attaquerons, mais nous attaquerons ! »

Sa troisième conclusion est de s’appuyer plus sur ses partenaires régionaux. Les Etats-Unis poursuivront leur soutien au gouvernement afghan et à l’armée afghane, mais ils ne sont « pas là pour reconstruire le pays, seulement pour combattre le terrorisme ». Rien que pour l’aide à la reconstruction les USA ont dépensé plus de 110 milliards d’euros depuis le début de l’intervention de la coalition. Trump a appuyé sur le fait que le Pakistan devait prendre davantage part à la lutte contre les Talibans, le Pakistan, « qui fut auparavant un grand allié mais qui a hébergé les terroristes, Ben Laden, tandis que nous lui versions des milliards et des milliards de dollars ». Il s’est même montré menaçant : « Les États-Unis ne peuvent pas rester silencieux plus longtemps sur les refuges » [que ce pays] offre aux terroristes. « Le Pakistan a beaucoup à gagner en se joignant à nos efforts en Afghanistan. Il a beaucoup à perdre en continuant à accueillir des terroristes ». Ce à quoi, la Chine s’est empressé de répondre en prenant la défense de son allié. La porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hua Chunying, a expliqué mardi que le Pakistan « a fait de grands sacrifices et a apporté de grandes contributions à la lutte contre le terrorisme ». Le Pakistan est allé dans le même sens en assurant qu’il désirait « la paix en Afghanistan ».

Comment expliquer ce changement de position ?

Ce changement total de politique vient en grande partie des changements autour de lui notamment avec le départ précipité de Steve Bannon et l’arrivée de John Kelly comme chef de cabinet. Bannon est pour le désengagement des forces armées états-uniennes et son remplacement par les très controversées sociétés militaires privées qui se sont malheureusement illustrées en Irak. Les hommes dont Trump s’est entouré et qui, au fil des mois, constituent maintenant le premier cercle sont tous des généraux en activité ou à la retraite. Son secrétaire à la Défense, James Mattis et H. R. McMaster, son conseiller à la sécurité nationale, qui ont tous deux longtemps combattu en Afghanistan, l’ont également mis en garde face aux conséquences d’un retrait de troupes sur la région.
A Camp David, vendredi dernier, le président états-unien a analysé la situation en compagnie du général James Mattis, H. R. McMaster et de John Kelly, dont le fils fait partie des victimes du conflit. Leur conclusion est que, si les USA retirent les quelque 8 000 hommes et femmes qui se trouvent sur place (contre 100 000 au plus fort de la guerre), il y a de grande chance que le fragile régime mis en place par la coalition soit renversé par les talibans. Un retrait créerait un « vide » qui profiterait aux « terroristes », a justifié le chef de l’État états-unien, qui s’oriente plutôt vers l’envoi de troupes supplémentaires, jusqu’à 3 900 personnes selon des médias américains. Pour les observateurs, l’avancée constante des talibans, tantôt en concurrence avec Daech, tantôt main dans la main, ne leur donne pas tort.

Pour Trump, les femmes afghanes ont porté des mini-jupes et doivent pouvoir en reporter.

Afin de convaincre Trump que « l’Afghanistan n’était pas un endroit désespéré », McMaster a utilisé la même propagande que lors de l’intervention. La défense des droits des femmes. A l’époque les Etats-Unis avaient mis le paquet sur le fait que les femmes étaient encore moins bien traitées que du bétail, lapidation, port de burqa obligatoire, mariage forcé, viol légalisé etc..
McMaster a montré à Trump une photo en noir et blanc datant de 1972, sur laquelle se trouvent des femmes afghanes en minijupe, marchant dans Kaboul, pour lui montrer que les « normes occidentales » existaient alors et pourraient faire leur retour. Ainsi les USA tentent de refaire le coup des défenseurs des droits des femmes mais tout ça n’est qu’hypocrisie. Tout d’abord la libération des femmes ne se résume pas au port de la mini-jupe. Ensuite, les USA ne sont pas les défenseurs des femmes et encore moins des afghanes. Le traitement réservé aux femmes au Koweït ou en Arabie Saoudite ne préoccupe guère le résident de la maison blanche. Les États-Unis ont sciemment et volontairement sacrifié les femmes afghanes dans leurs intérêts. Ils ont armé et soutenu les Moudjahidins et les Talibans qui combattaient le marxisme impie. Ils ont soutenu ces bandes armées qui se sont soulevés contre un gouvernement qui obligeait les filles à aller à l’école et interdisait la vente des femmes. Les USA savaient très bien qu’ils aidaient des groupes qui voulaient remettre les femmes au pas. Le but étant de faire de l’intervention soviétique en Afghanistan leur Vietnam. Ainsi ils ont foulé aux pieds les droits des femmes car les droits des femmes ont été promus et défendus en Afghanistan entre 1978 et 1992 par des gouvernements marxistes ou pro-soviétiques. Pendant cette période, on constate qu’en Afghanistan il y avait un grand nombre de femmes médecins, professeures, avocates. De fait les États-Unis qui ont aidé les Talibans à prendre le pouvoir ont sacrifié les femmes afghanes dans leur propre intérêt.

Une guerre impérialiste

Trump devra convaincre ses supporters, ceux qui ont applaudi à « America First » lors de sa campagne et le jour de son investiture et qui comprennent que la guerre la plus longue de l’histoire des USA n’est pas près de s’arrêter.

« Ces terroristes sont des bandits, des criminels, et oui, des losers. Ce sont des losers. Nous allons les battre, une bonne fois pour toutes. Ce problème sera résolu. Je suis un solutionneur de problèmes ». Voici les mots de conclusions de Trump lors de son discours de lundi. Il faudra qu’il explique comment réussir une telle entreprise alors que 16 ans de guerre, de bombardements, de massacres n’ont fait que plonger encore plus le pays dans la pauvreté et dans l’horreur. Les Talibans ont d’ailleurs menacé les USA : « S[’ils] ne retirent pas leurs troupes d’Afghanistan, [le pays] deviendra bientôt un nouveau cimetière pour cette superpuissance au XXIe siècle. Les dirigeants américains devraient le savoir ».

Lorsque l’on regarde l’histoire de l’Afghanistan, toutes les puissances étrangères qui ont tenté d’y intervenir et dicter leur lois ont mordu la poussière, y compris la toute puissante armée britannique de la fin du XIX ème siècle. La guerre a déjà causé de nombreux morts. Les États-Unis déplorent plus de 2 400 soldats tués depuis 2001, soit deux fois plus de morts que l’ensemble des autres pays de la coalition : 1 136 victimes. Près de 500 militaires ont perdu la vie au cours de la seule année 2010. Tristes chiffres auxquels il faut ajouter les nombreux blessés de guerre : un décompte réalisé en avril 2017 par le Congressional Research Institute fait état de 20 092 soldats blessés en Afghanistan. Ce chiffre ne comprend pas les troubles psychologiques que de nombreux soldats contractent sur le terrain et qui les poursuivront toute leur vie au dépend de leur retour dans la société. Les civils ont bien entendu subit les plus lourdes pertes, un rapport de l’année dernière annonçait que depuis 2001, il y avait eu au total 11 002 victimes de la barbarie guerrière.

Le décompte des victimes ne s’arrêtera pas tant que les forces de la coalition continueront à bombarder le pays et étant donné les réactions les afghans en ont encore pour des années. Le président afghan, Ashraf Ghani, a salué, dans un communiqué, l’« engagement durable » du président américain en Afghanistan. Quant à l’OTAN, intervenue en Afghanistan au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à la demande des États-Unis, elle ne laissera jamais ce pays « redevenir un sanctuaire pour des terroristes », a déclaré le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, Jens Stoltenberg, en saluant le discours du président américain, Donald Trump. C’est un bien triste jeu morbide auquel joue le président Trump qui instrumentalise le dossier afghan afin de redorer son blason, lui qui voit de plus en plus de voix s’élever contre sa politique.

 
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