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La Izquierda Diario
14 de septembre de 2017 Twitter Faceboock

« Must fall ! »
Afrique du Sud. Jacob Zuma va-t-il (vraiment) bientôt tomber ?
Boris Lefebvre

Jacob Zuma, l’actuel président d’Afrique du Sud, héritier de Nelson Mandela et homme fort de l’ANC, est en passe de voir un de ses innombrables scandales de corruption le rattraper. La Cour suprême de Bloemfontein s’interroge pour rouvrir des poursuites contre le chef de l’État à propos de pots-de-vin touchés lors d’un juteux contrat d’armement en 1999. Alors que les manifestations, appelées par la droite et par la gauche, durent depuis des mois au son de « Zuma must fall » [« Zuma doit tomber ! »], celui qui est à la tête de l’ANC (Congrès national africain) pourrait bien voir sa chute précipitée.

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Les scandales de corruption poursuivent Jacob Zuma depuis des années et malgré les procès, il a toujours su s’en sortir et échapper à la justice, en bon politique. Condamné en 2016 à verser 500 000 euros pour avoir dépensé l’argent public dans le but de réaliser des travaux de sécurité dans sa résidence privée à Nkandla, le président sud-africain s’en sort haut la main tant les scandales de plus grande importance le suivent.

L’un des plus anciens scandales de corruption qui suit celui que les analystes ont baptisé « l’insubmersible » concerne des pots-de-vin payés en 1999 à l’occasion d’un contrat d’armement d’une valeur de 4,2 milliards d’euros. Ce contrat, auquel la multinationale française Thales a participé, a rapidement été entaché de soupçons de corruption. Schabir Shaik, conseiller financier de Zuma, alors vice-président, est accusé d’avoir négocié des commissions pour le compte de Zuma avec deux filiales sud-africaines de Thales. Il est condamné à quinze ans de prison en 2005. Mais Zuma, lui, reste en liberté malgré les 783 chefs d’accusation qui pèsent contre lui. Limogé du parti par le président Thabo Mbeki, il en prend la tête en 2007 pendant 10 jours avant d’être inculpé et démis de ses fonctions. Il est de nouveau blanchi en 2009 pour vice de forme dans la procédure et gagne les élections.

Arrivé au pouvoir avec de lourdes casseroles et à la tête de l’ANC, parti qui multiplie les mesures néo-libérales et voit sa légitimité fondre avec les affaires et les pratiques clientélistes qui durent depuis la fin de l’Apartheid, Zuma doit faire face à une opposition décidée à le condamner avant la fin de son mandat présidentiel. L’Alliance démocratique (DA, droite), le principal parti d’opposition parlementaire, a prouvé par des écoutes téléphoniques les pressions politiques contre les magistrats chargés du dossier Zuma. Dans la foulée, en 2016, un tribunal de Pretoria rouvre l’instruction contre Zuma. C’est cette décision judiciaire qui va faire l’objet d’un examen jeudi et vendredi par la Cour suprême.

La situation est on ne peut plus délicate pour le président sud-africain, d’autant plus que le temps joue contre lui. Un procès à son encontre compromettrait grandement les chances de son ex-épouse, Nkosazana Dlamini-Zuma, de se voir élire de nouveau à la tête du parti en décembre 2017, où elle aurait alors eu le pouvoir d’assurer sa protection judiciaire.

Bien que la procédure judiciaire en cours pour destituer Zuma soit largement le fait d’une opposition libérale et parlementaire, il ne faut pas oublier le rôle des mobilisations contre Zuma et les tensions sociales dues à la corruption qui minent l’Afrique du Sud. Comme le soulignait Julian Sauls, militant d’APDUSA, organisation d’extrême gauche sud-africaine, dans nos colonnes, « la grande question est de savoir quelles alternatives existent. Clairement, les partis qui prônent les mêmes programmes ou des programmes similaires à ceux de l’ANC finiront eux aussi dans la même situation que l’ANC. Parmi eux, il y a l’aile droite de l’Alliance démocratique (DA) et ses larbins qui voient ainsi se profiler des opportunités politiques et électorales et qui dépassent leurs progrès déjà enregistrés lors des élections municipales en 2016. Les perspectives électorales des Combattants pour la liberté économique (EFF) sont étroitement liées aux manœuvres auxquelles ils sont habitués. En anticipation des élections parlementaires nationales de 2019, toutes sortes d’alliances et de coalitions se préparent ».

 
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