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La Izquierda Diario
2 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Catalogne
Après la répression du référendum : grève générale en Catalogne le 3 octobre

Nous reproduisons la déclaration du Courant Révolutionnaire des Travailleurs et des Travailleuses (CRT), qui publie le quotidien en ligne La Izquierda Diario.es, faisant partie du même réseau international que Révolution Permanente.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Apres-la-repression-du-referendum-greve-generale-en-Catalogne-le-3-octobre

Corriente Revolucionaria de Trabajadores y Trabajadoras (CRT)

Malgré la répression, c’est la mobilisation et l’auto-organisation qui ont permis la tenue du référendum catalan. La lutte pour le respect du droit à décider des catalans et contre la répression doit être liée à la bataille pour reprendre l’agenda de la classe ouvrière et des secteurs populaires.

L’escalade répressive des dernières semaines en Catalogne n’a pas réussi à empêcher la réalisation du référendum du 01 octobre. Des menaces, des dénonciations, de la réquisition de milliers de bulletins de vote et du matériel électoral, rien n’a réussi à démanteler l’infrastructure minimum nécessaire pour la tenue du référendum.

La mobilisation sociale et l’auto-organisation a pris force ces derniers jours dans la mobilisation du mouvement étudiant, l’occupation des écoles, lycées et d’autres bureaux de vote. Des centaines d’étudiants, de travailleurs, d’habitants et d’activistes ont mis en place l’organisation et ont planifié l’occupation dès vendredi. Un réseau de contacts dans l’ensemble du territoire a assuré la mise en place des urnes et des bulletins de vote. Le résultat : à 9 heures du matin, plus de la moitié des bureaux de vote ont ouvert protégés par des rassemblements massifs dans les rues alentours.

L’Etat espagnol, à l’initiative du gouvernement du Parti Populaire (la droite), et avec le soutien du PSOE (Parti Socialiste), et tout le régime de 1978 (régime en place depuis la fin de la dictature franquiste), a déclenché une brutale répression. Des milliers d’effectifs de la police nationale et des gardes civiles, agissant comme une véritable armée d’occupation, ont fait irruption de manière violente et ont confisqué des urnes dans une centaine de bureaux de vote, qui se sont rajoutés aux 300 bureaux de vote qui avaient été fermés auparavant. Un mort et plus de 800 blessés se comptent parmi les victimes, dont certaines en état grave. Des balles en caoutchouc ont été tirées par les forces de répression.

Mais toute la machine répressive mise en place s’est démontrée incapable d’arrêter un grand mouvement démocratique qui a fait preuve du fait que l’aspiration à exercer le droit à décider est majoritaire et très profonde. L’état d’esprit lors de la fermeture des bureaux de vote, malgré la forte répression, était celui d’avoir vaincu le coup de force de l’Etat central. Les personnes présentes chantaient « hem votat », au lieu de « votarem » que l’on entendait au début de la journée.

Le gouvernement de Mariano Rajoy a affirmé que « le référendum n’a jamais existé ». Rivera le soutient sans hésitation et Sanchez lui propose sa loyauté institutionnelle face à cette « crise d’Etat ». De manière subsidiaire, il lui demande d’ouvrir un processus de négociations avec la Generalitat, chose que le PP a déjà refusé. Il est fort probable, donc, que la répression devienne plus importante, sans que des mesures exceptionnelles ne puissent être écartées, comme par exemple la mise en place d’un état d’exception, surtout si la mobilisation continue de se développer.

Podemos a dénoncé la répression, à l’image de ce qu’ont déclaré des figures comme Ada Colau, même si jusqu’à présent elle a systématiquement refusé de ne prendre une quelconque mesure de mobilisation en solidarité avec le reste de l’Etat et maintient son projet d’un gouvernement de coalition avec le PSOE, qui soutient jusqu’aujourd’hui la répression en Catalogne.

En ce qui concerne le bloc souverainiste, le débat tourne autour de savoir si c’est le moment de proclamer la République Catalane dans les prochaines 48 heures. Les déclarations de l’ANC, Omnium, ERC et la CUP, et de manière plus ambigüe celles de Puigdemont, vont en ce sens. Depuis le CRT, même si la formation d’une république indépendante n’est pas notre projet politique, nous soutiendrons sa proclamation et sa constitution, du moment où il s’agit de l’aspiration majoritaire du peuple catalan exprimée par les résultats définitifs du référendum.

Néanmoins, nous pensons que pour arriver à imposer cette aspiration démocratique à l’Etat espagnol, il en faut plus qu’un vote au Parlement. Afin de vaincre tout l’appareil répressif, il faudra mettre en mouvement les forces sociales de la classe ouvrière et la jeunesse, avec leurs propres méthodes de lutte. Cela doit être intimement lié à la lutte pour un programme qui recueille les principales revendications ouvrières et populaires. Cette perspective n’est évidemment pas partagée par les directions bourgeoises et petites-bourgeoises qui sont à la tête du processus.

Depuis le CRT, nous saluons la grève générale du 03 octobre appelée par la gauche syndicale et maintenant également par CCOO et UGT (les deux principales centrales syndicales du pays). Cette journée ne doit pas être une journée de lutte isolée, elle doit s’étendre pour mettre fin à l’escalade répressive de l’Etat et réussir à imposer un véritable processus constituant (celui mis en place par la « ley de transitoriedad » n’est que limité) qui n’ait pas comme point de départ le cadre légal de l’Etat espagnol et de l’Union Européenne – qui inclut des lois telles que la réforme du code du travail, les lois contre les étrangers, ou encore la Ley Mordaza. Au contraire, ce processus doit être imposé par la mobilisation et l’auto-organisation de la classe ouvrière et des secteurs populaires.

Pour ce faire, les organisations ouvrières et de la gauche anti-capitaliste, à commencer par la CUP, devraient établir une feuille de route indépendante de celle proposée par Junts pel Si. Aujourd’hui, l’ERC et les entités souverainistes saluent la grève mais le font à partir d’une vision selon laquelle cette grève doit servir comme base de manœuvre pour sa République, c’est-à-dire un nouvel état capitaliste.

Les travailleurs de la Catalogne n’ont rien à attendre d’une telle république. Il est donc fondamental de lutter pour imposer un processus constituant vraiment libre et non pas sous tutelle par le Parlement ou par des groupes de la « société civile » qui décident ce dont on peut ou ce dont on ne peut pas discuter. Dans ce processus, on devrait pouvoir discuter des mesures telles que le partage du temps de travail sans perte de salaire, l’augmentation du salaire minimum, la fin de la précarité au travail, l’annulation de la dette, une éducation publique totalement gratuite et possible à partir de l’impôt aux grandes fortunes ou encore la nationalisation de la banque et des grandes entreprises.

La grève générale du 3 octobre doit être pensée en ce sens. La classe ouvrière doit se mettre à la tête de la lutte contre la répression et en défense du droit à l’auto-détermination et du résultat du référendum du 1er octobre. L’agenda et les revendications des travailleurs, des femmes, de la jeunesse et des migrants doivent être mises au centre. Contre le double discours de « transversalité du processus », qui cache l’hégémonie et la domination des représentants historiques de la bourgeoisie catalane, nous devons lutter pour l’hégémonie de la classe ouvrière au sein de cette grande bataille contre le régime de 1978.

En même temps, il est fondamental que la classe ouvrière du reste de l’état espagnol fassent siennes les revendications démocratiques du peuple catalan, y compris le droit à devenir une république indépendante si cette aspiration est majoritaire. Ce serait effectivement un pas en ce sens le fait que les directions syndicales du reste de l’état espagnol, aussi bien de la gauche syndicale que des organisations CCOO et UGT, appellent à des actions de grève et de solidarité avec la grève du 3 octobre en Catalogne, dans la perspective d’organiser une puissante grève générale dans l’ensemble de l’état espagnol.

Unifier la lutte de l’ensemble de la classe ouvrière de l’Etat espagnol au sein d’une même lutte commune contre le régime de 1978 est aujourd’hui plus que jamais une tâche centrale, pour qu’un mouvement démocratique catalan, avec la classe ouvrière à sa tête, puisse servir de fer de lance afin d’impulser une lutte généralisée pour imposer des processus constituants libres et souverains dans tout l’Etat espagnol pour tout décider. Cette bataille commune des travailleurs et des secteurs populaires de l’ensemble de l’état serait la seule à même de poser les bases pour conquérir des gouvernements ouvriers basés sur les organismes d’auto-organisation forgés à la lumière de la lutte, dans la perspective de conquérir une fédération libre de républiques ouvrières de la Péninsule Ibérique.

 
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