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La Izquierda Diario
31 de octobre de 2017 Twitter Faceboock

Déclaration du CRT
Catalogne. Honteuse capitulation de Puigdemont et de la direction du « procés »
Courant Révolutionnaire des Travailleurs et des Travailleuses - Etat Espagnol

Le 155 commence à être appliqué sans aucune résistance de la part du Govern. L’Assemblée Nationale Catalane (ANC) et Omnium refusent à appeler à la mobilisation. Le PDeCat et l’ERC, les partis traditionnels de la bourgeoisie catalane, confirment leur participation aux élections du 21 décembre.

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Après la déclaration de la République indépendante de Catalogne, suite à la réponse du gouvernement de Rajoy avec le 155 et les élections du 21 décembre, le Govern a capitulé scandaleusement sans même résister. Une attitude indigne face à la détermination et l’engagement du peuple catalan qui avait défendu le référendum du 1er octobre sans reculer devant la répression.

La République vit dans la ferme détermination du peuple catalan, dans l’immense bonheur des centaines de milliers qui se sont mobilisés ces dernières années, puis dans la lutte pour le référendum du 1er octobre et la grève générale du 3 octobre. Bref, dans les rues catalanes. Mais Junts pel Si et ERC, comme on pouvait s’y attendre, n’ont fait rien de concret pour la matérialiser ni se proposent de faire face au coup d’État institutionnel qu’est l’application de l’article 155.

Un République de papier face à un 155 de fer

Puigdemont n’a pris aucune mesure après la déclaration d’indépendance, non seulement pour que la République catalane devienne une réalité, mais même pour faire face à l’offensive répressive du gouvernement.

Une offensive que représente l’article 155, à travers lequel le Govern et le parlement sont dissous, et le gouvernement de Rajoy qui avec le soutien du régime de 1978 a convoqué des élections pour le 21 décembre en Catalogne.

Quel est le « plan de résistance » de la direction du « procés » ? Honteux, car il n’y a aucun plan. Tous les discours de la direction du « procés » appellent à maintenir la « normalité » après la déclaration d’indépendance. L’ANC et Omnium refusent d’appeler à des actions ou des mobilisations, alors qu’elles ont laissé les rues libres pour que la droite espagnoliste et les groupes fascistes les occupent. Les directions syndicales pareil. Parallèlement, le gouvernement central prend le contrôle, sans aucune résistance, des institutions catalanes suspendues.

Après avoir pris un weekend de « vacances », le président et cinq consellers (ministres du gouvernement catalan) ont voyagé « de nuit et en voiture » vers Bruxelles, siège de l’Union Européenne. Un voyage pour le moins controversé, étant donné que les raisons de celui-ci ne sont pas claires. Beaucoup de médias, y compris des médias catalans, parlent d’une possible demande d’asile politique en Belgique [la déclaration a été rédigée avant la conférence de presse du mardi 30 octobre – NDT].

Entre temps, la présidente du Parlement, Carmen Forcadell, s’est pliée au 155 en dissolvant le parlement. Aussi, le nouveau chef des Mossos d’Esquadra (police catalane) s’est réuni avec le ministre Zoido, sa « nouvelle autorité » à laquelle Trapero, ancien chef des Mossos, a demandé fidélité dans sa lettre de démission.

Le gouvernement de Madrid a donné quelques heures aux consellers et les membres du Govern révoqués pour retirer leurs affaires personnelles des bâtiments officiels, auxquels ils ne peuvent pas entrer désormais.

En même temps le Procureur Général de l’État, a présenté des plaintes contre les membres du Govern et la présidence du Parlement pour rébellion, sédition et détournement de fonds publics. Une plainte brutale qui cherche à frapper la direction du « procés » et la mettre à genoux face aux réactionnaires élections du 21 décembre, ce que pour le moment elle a accepté.

ERC et PDeCat ont déjà annoncé qu’ils participeraient des élections convoquées par le gouvernement central dans le cadre de l’application du 155. Leur stratégie de résistance se réduit à cela : accepter la mesure phare du 155. Voilà leur défense de la république qui vient d’être proclamée.

La députée de la CUP, Mireia Boya, n’a pas défini ce que fera sa formation par rapport aux élections de Rajoy. Elle a seulement dit que ce seront les militants qui auront le dernier mot. Regrettablement, la direction de la CUP n’a pas encore pris une décision claire conte les élections illégitimes de Rajoy, Felipe VI et le Régime de 1978.

Boycott des élections illégitimes du 21 décembre, résistance pour défendre la République et étendre la lutte contre le Régime de 1978 au reste de l’État

La première « déclaration d’indépendance » du 10 octobre dernier, qui a été suspendue quelques secondes plus tard, a presque fini par la convocation d’élections par Puigdemont. Mais il n’est pas arrivé à les concrétiser car le régime et l’État Espagnol ne lui a laissé aucune voie d’échappatoire. Les élections du 21 décembre, convoquées par le régime, sont un piège pour le peuple catalan, et la participation annoncée par le PDeCat et ERC sont une trahison sur toute la ligne.

Des élections liées aux mesures répressives du 155 qui, au « nom de la démocratie » cherchent à ne pas reconnaître le résultat du référendum du 1er octobre réalisé sous les coups de la police nationale et de la garde civile avec pour seul objectif d’écraser le mouvement démocratique du peuple catalan et ouvrir le premier chapitre d’une restauration réactionnaire et centraliste du régime de 1978.

Ces élections ne peuvent pas être reconnues comme légitimes. Il n’y aura pas d’autodétermination, de République, d’indépendance et de processus constituant sans une résistance réelle contre les mesures du 155, ce qui implique en premier lieu laisser sans légitimité les élections imposées par la monarchie espagnole et les partis du régime. Celles-là sont leur manœuvre pour vaincre l’énorme mouvement démocratique catalan.

Les bureaucraties syndicales de CCOO et UGT, avec le PSOE et le PSC, ont servi de soutien politique pour les plans de la monarchie espagnole, héritière du franquisme, du PP et de Ciudadanos. Sans leur soutien explicite et inconditionnel, cette offensive serait impossible. Unidos Podemos et « Los Comunes » ont aussi joué un rôle néfaste, collaborant directement et indirectement. Ils n’ont convoqué aucune action en solidarité avec la Catalogne et à peine le 155 appliqué, ils se sont empressé d’annoncer leur participation aux élections.

Dans le cas de Podem, sa direction a été désavouée et Pablo Iglesias a imposé une consultation télématique avec des garanties douteuses pour éviter que sa section catalane continue à reconnaître la république proclamée.

La CUP doit abandonner une fois pour toutes, face à la trahison évidente de la direction du « procés », sa subordination politique à Puigdemont-Junqueras. Tout d’abord en rejetant la manœuvre du régime, rejeter les élections, appeler à les boycotter et se battre pour que le mouvement démocratique adopte cette politique, ainsi que se mettre à la tête des appels à se battre dans la rue contre le 155, à travers la mobilisation et l’auto-organisation ouvrière et populaire.

Il est urgent d’organiser, aux côtés de la gauche syndicale et des Collectifs pour la Défense de la République (CDR), des grèves dans les secteurs clés de l’économie (éducation, administration publique, médias et transports) pour désarticuler le 155 et préparer une nouvelle journée de grève générale. En même temps il est fondamental d’impulser l’extension, la massification et la coordination des CDR dans les quartiers, les lieux d’étude et de travail, pour qu’ils deviennent la vraie direction ouvrière et populaire de la lutte.

Dans le cas de Podemos, CCOO et UGT, ils devraient abandonner leur position de « fausse équidistance » qui n’est utile qu’au bloc monarchiste, mettre fin à leur politique de subordination au régime de 1978 et reconnaître effectivement la volonté du peuple catalan, lutter contre le 155 et appeler à des mobilisations massives dans l’État Espagnol contre la monarchie, le Régime et pour l’ouverture de processus constituants libres et souverains.

Le « voyage » imprévu de Puigdemont et ses consellers, l’acceptation sans mot-dire des élections imposées par Rajoy et ses révocations, sont encore des démonstrations que la bourgeoisie catalane et ses représentants politiques ne sont pas prêts à lutter pour la République. A l’opposé, le peuple catalan a suffisamment démontré sa volonté de prendre son indépendance vis-à-vis de l’État Espagnol et de rompre avec la Couronne. Seul les travailleurs et le peuple peuvent imposer la République. Et pour ce faire ils devront s’affronter non seulement à la bourgeoisie espagnoliste et les pouvoirs du régime de 1978, mais aussi aux représentants de la bourgeoisie et de la petit-bourgeoisie à la tête du mouvement souverainiste. Ceux-ci ont déjà démontré avoir plus peur de la mobilisation conséquente des forces sociales nécessaires pour conquérir le mandat populaire que des représailles de l’État central.

Pour une République catalane Socialiste

Pour tout cela la République catalane ne sera possible qu’en tant que République des travailleurs et du peuple. Une république catalane socialiste, avec un programme pour résoudre les graves problèmes sociaux des secteurs populaires comme le chômage, le logement et la précarité, et sceller l’unité avec la classe ouvrière du reste de l’État Espagnol dans une lutte commune contre la monarchie et le Régime de 1978. Il n’y à que comme ça que le peuple catalan pourra mettre un coup d’arrêt à la nouvelle restauration bourbonienne qui veut mettre en place un régime centraliste et autoritaire pour faire passer de nouveaux plans d’austérité.

Jusqu’à présent une partie importante de la classe ouvrière ne sent pas comme sienne la lutte pour l’indépendance étant donné le caractère bourgeois de sa direction – responsable des pires coupes budgétaires des dernières années – et le contenu que celle-ci veut donner à la république, une république des capitalistes catalans.

Pour que la puissance sociale de la classe ouvrière rentre dans la lutte pour la défense de la République catalane, seule façon de vaincre l’offensive du régime, il faut défendre clairement des mesures d’expropriation et de contrôle ouvrier des grandes entreprises capitalistes qui font partie de la « guerre économique » contre l’indépendance, le partage du temps de travail sans réduction du salaire, ou encore l’expropriation des logements vides, c’est-à-dire lutter pour la construction d’une république des travailleurs et socialiste.

C’est le seul moyen d’unifier les rangs de la classe ouvrière de tout l’État dans une lutte commune : pour la reconnaissance et la défense de la République catalane, pour mettre fin à la monarchie et au Régime de 1978 et imposer des assemblées constituantes libres et souveraines en Catalogne et dans le reste de l’État. Une véritable offensive ouvrière contre le venin espagnoliste qui veut gagner les secteurs populaires – et qui est la base de la restauration néofranquiste en cours – et qui ouvrirait le chemin pour construire une libre fédération des républiques socialistes ibériques, dans la perspective de lutter contre l’UE des capitalistes et pour les États Unis Socialistes d’Europe.

Crédits photo : EFE/ Quique García

 
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