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La Izquierda Diario
6 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Extrême droite
Cyber-harcèlement en masse contre des militantes féministes sur Jeuxvidéo.com

La semaine dernière, deux militants féministes qui ont initié une campagne de sensibilisation sur le harcèlement de rue, à travers la mise en place d’un « numéro relou », ont été l’objet d’attaques haineuses - entre harcèlement, sabotage et menaces de mort - de la part de membres actifs du forum « Blabla 18/25 » du site jeuxvideo.com, régulièrement critiqué pour ses campagnes de cyberharcèlement. Nadia Daam, journaliste à Europe 1 qui a chroniqué mercredi sur le sujet, a également été la cible de trolls antiféministes, subissant de nombreuses menaces : menaces de mort, menaces de viol, menace sur son enfant, mais aussi tentative d’intrusion à son domicile au milieu de la nuit...

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En début de semaine dernière, le numéro anti-relou créé par deux militants féministes, Clara Gonzales et Elliot Lepers, pour alerter sur le harcèlement de rue a en effet été submergé de messages violents qui avaient pour vocation de le faire disparaître. Ce numéro avait été créé pour que les victimes de harcèlement de rue puissent « le donner à leurs harceleurs, pour s’en débarrasser et pour sensibiliser les relous ». Dans la nuit de lundi à mardi dernier, des militants d’extrême droite, membres du forum Blabla 18/25 ont organisé un véritable « raid » pour saturer la ligne. Ainsi, en très peu de temps, 20.000 messages violents et sexistes ont été envoyé, obligeant les créateurs de la ligne à la suspendre. Depuis, ces militants sont harcelés et menacés, de mort notamment. Ils ont dès lors annoncé qu’ils entreprendraient les démarches juridiques nécessaires pour que les responsables de la campagne à leur encontre soient poursuivis.

Deux jours après les faits, mercredi, Nadia Daam, journaliste à Europe 1, a chroniqué sur le sujet :

« Ce forum, pour dire les choses poliment, représente le bac marron d’internet, la poubelle à déchets non recyclables. À ce stade-là, c’est pas #balancetonporc, mais balance la chaine de fabrication des jambons Madrange, couenne comprise. Car ses membres se sont fixés une mission : harceler, menacer et décourager la moindre initiative féministe ».

Tout comme Elliot Lepers et Clara Gonzales, cette dernière est alors devenue la victime des trolls antiféministes du forum Blabla 18-25 de Jeuxvidéo.com, qui s’en sont violemment pris à elle. Pour avoir dénoncé le sabotage de ce numéro de téléphone destiné à aider les femmes victimes de harcèlement de rue, elle a ainsi subi des attaques contre ses comptes électroniques, des injures pornographiques, des menaces de morts, de viol, sur son enfant, une tentative d’intrusion à son domicile au milieu de la nuit.

Si l’on se penche un petit peu sur l’historique du site Jeuxvidéo.com et plus particulièrement son forum Blabla 18-25, on s’aperçoit que ces militants d’extrême droite, membres du forum, n’en sont pas à leur premier coup d’essai, et que les campagnes de cyber-harcèlement à l’encontre notamment de militants et militantes féministes mais également anti racistes, ne sont pas rares. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, il y a un an, ces derniers avaient lancé un RAID (le nom de leurs attaques), contre une militante féministe Flo Marandet, lui faisant vivre un enfer : « Il y a eu des dizaines de menaces, des menaces de viol, des menaces de mort sur mon conjoint avec des termes d’une extrême violence », explique-t-elle. « Quand je croyais avoir vraiment toucher le fond, que je pensais qu’ils ne pouvaient pas aller plus loin, ils sont allés plus loin ». Au cours de ces longs mois de menaces, les internautes iront jusqu’à mettre la tête de Flo Marandet à prix, en proposant un RSA contre sa mort.

Du fait du caractère ultra violent et réactionnaire de ces propos, on pourrait penser que ces derniers soient véhiculés sur des sites d’extrême droite, qui a comme audience principalement des militants de la « fachosphère ». Cependant ce n’est pas le cas et si ce forum a une réputation si sulfureuse, il n’en est pas moins la propriété du grand groupe Webmédia, l’un des principaux leader français du numérique. Jeux.videos.com étant en effet le premier site français de jeu vidéo. Si ce forum a en effet régulièrement été critiqué vis à vis des propos et comportements violents qu’il véhiculait, le leader français du numérique et son propriétaire Marc Lafede Lacharière, n’ont jamais réagi et se sont très bien accommodé de la présence de ces internautes – bien souvent d’extrême droite, minoritaires mais bien organisés et actifs et qui ont une certaine influence - qui utilisent ces sites web pour organiser et mener des campagnes extrêmement violentes contre des militants, notamment féministes, LGBTI, anti racistes.. Campagne dont a par exemple été victime l’association féministe et antiraciste Lallab, qui a aboutit à un véritable acharnement et une banalisation de propos racistes et islamophobe.

Ainsi, tout cela témoigne que ces militants d’extrême droite se déchainent, sur ces sites de jeux vidéo. Des sites qui sont également un terrain sur lequel s’expriment de nombreux maux de la société, notamment les plus réactionnaires. Le sentiment d’impunité, véhiculé par l’anonymat, explique en partie l’expression décomplexée et la banalisation de ces idées réactionnaires : racistes, homophobes, sexistes etc...

Si ces actes de cyber-violences, cyber-harcèlement, ne sont pas rares, cette affaire tend à prendre des proportions particulières, suscitant de nombreuses réactions et polémiques.

En effet, Europe 1 et de nombreuses personnalités ont cosigné une tribune de soutien à Nadia Daam, Europe 1 ayant également décidé de porter plainte pour « menace de crime contre les personnes ».

Sur Twitter, des internautes, et notamment une militante féministe Sophie Gourion, ont interpellé les marques diffusant leurs publicités sur le site de Webedia : « Pour que la peur change de camp, tapons au portefeuille », appelant au Boycott : #Boycott Webedia", et #BalanceTonSite : « Pour que ça s’arrête, il faut que la sécurité des femmes soit plus rentable pour Webedia que le harcèlement. Pure logique économique. »

Car en effet, même si Webedia s’en défend, il est clair que le site n’a pas forcément intérêt à faire le ménage puisque plus l’audience du site est importante, plus la publicité qui s’affiche dessus rapporte de l’argent. Or, les forums représentent un tiers des visites du site...

Après cette affaire, et l’interpellation des internautes, la marque Barilla a décidé de retirer toutes ses publicités du site, Apicil, un groupe de protection sociale, a quant à lui indiqué mettre « tout en œuvre pour suspendre » ses publicités sur la plateforme. Les entreprises ayant avant tout peur d’être entaché de ce scandale.

Face à la tournure de l’affaire et à sa médiatisation, Webedia a cette fois-ci décidé de réagir. Ainsi, dans une déclaration transmise à l’AFP vendredi, le groupe a « condamné fermement » les agissements de membres du forum et annoncé le doublement des ressources de modération. Il a également fait part de son intention de « s’associer aux actions en justice déjà engagés ou à venir ». Face à la pression médiatique, le gouvernement quant à lui, à travers sa secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a déclaré avoir « fait pression » pour que l’éditeur du site « réagisse » face au cyber-harcèlement : « J’ai demandé à @Twitter et à @WebediaFR de prendre leurs responsabilités pour que cesse le cyber-harcèlement". Une façon donc de se couvrir pour le gouvernement, mais aussi potentiellement, d’instrumentaliser l’affaire pour renforcer la surveillance sur internet, une surveillance qui en définitive pourrait s’abattre sur les militants d’extrême gauche.

Cependant, il est évident que le cyber-harcèlement n’est pas un simple problème de « modération », que cela exprime un problème plus profond, politique, de prise en charge et de lutte contre les oppressions et les préjugés les plus réactionnaires qui s’expriment aujourd’hui dans l’ensemble de la société, et que ce problème ne se résoudra pas par des mesures superficielles, de « pansement », prises par un gouvernement qui maintient et nourrit cet ordre social raciste, patriarcal.. et des groupes capitalistes qui ne sont préoccupés que par la recherche de profits.

 
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