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La Izquierda Diario
13 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Construire à la base
Manifestation du 16 novembre : Quelle stratégie pour la suite ?
Imrane Mylhane

Ce jeudi 16 Novembre aura lieu la 4ème Journée de manifestation interprofessionnelle contre les ordonnances de contre-réforme du code du travail lancées par le gouvernement Macron cet été.

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À l’appel de la CGT-FO-Solidaire-FSU-Jeunesses, les travailleurs-ses, les chômeurs, les précaires, les retraités, les lycéens et étudiants, iront manifester une nouvelle fois dans les grandes villes de France, pour le retrait des ordonnances Macron, appelées plus communément « Loi Travail XXL ».

La situation du mouvement social ?

Si beaucoup annoncent cette journée comme un « Baroud d’honneur », d’autres espèrent que le mouvement continuera à s’amplifier au premier semestre 2018, avec les futures contre-réformes annoncées par le Gouvernement Macron (CSG, Sélection Universitaire, Réforme des retraites, Cotisations Santé … ).

Malgré les bonnes paroles de Martinez, beaucoup de fédérations ne font pas le travail de terrain nécessaire pour mobiliser, des structures abandonnant presque toute idée de faire plier le gouvernement avec une nouvelle grève de 24H. D’autres, déçus de ne pas avoir vu une unité plus large le 10 Octobre laissent le navire couler par manque d’unité, la défaite contre le mouvement El Khomri étant encore dans beaucoup de têtes.

Tout ça à cause de la stratégie de la défaite ?

Nous sommes déjà bien loin de l’effervescence du mois de Septembre, avec la première journée de grève interprofessionnelle du 12 Septembre (Sans FO et la CFDT) qui avait donné beaucoup d’espoir pour la suite, atteignant le même nombre de manifestant que lors de la première journée du 9 Mars 2016 contre la loi El Khomri avec plus de 400 000 manifestants partout en France. Beaucoup avaient bon espoir que le mouvement 2017 puisse commencer à battre en brèche Macron et sa loi Travail. La suite nous la connaissons, un deuxième appel le 21 Septembre plus faible car mal préparé et venant s’ajouter à une série de dates, comme celle qui a joué quasiment contre le mouvement, la « Marche des Insoumis » le 23 Septembre, celle des retraités dénonçant la hausse de la CSG pour leur pension le 28 Septembre, et la manifestation de l’intersyndicale de la fonction publique le 10 Octobre contre le gel du point d’indice. À cela s’ajoute le départ seul des routiers sur une reconductible de 5 jours dès le 25 Septembre, ou encore les menaces de grève par la Fédération des Ports Docks.

Si le mouvement ouvrier ne sait plus comment gagner, c’est que ses directions syndicales ont trouvé la recette pour perdre. On ne peut s’y prendre de meilleure façon pour tuer un mouvement dans l’œuf. Des dates qui sortent de partout de façon divisée et des corporations importantes du mouvement ouvrier, qui partent à la chasse d’une dérogation corporatiste aux ordonnances, que le gouvernement leur a vite cédé.

Les mêmes erreurs que lors du mouvement contre la Loi EL Khomri sont reproduites, comme si les centrales syndicales étaient incapables d’apprendre de leurs erreurs, pour se renouveler et proposer une stratégie gagnante.

Au lieu de cela les directions syndicales recommencent le même cirque, entre FO rappelé par sa base, la CFDT qui nie la catastrophe sur le monde du travail que causera ces ordonnances et la CGT chahutée par ses fédérations les plus combatives qui doutent de l’envie de la Confédération de vouloir faire plier le gouvernement.

Personne n’y comprend plus rien, mais une frange importante des militants combatifs commence à comprendre le rôle de division du mouvement que jouent les directions syndicales.

Quelle stratégie pour gagner ?

Si le mouvement a tant de mal à prendre au-delà des stratégies perdantes des directions syndicales, dans l’esprit de nombreux ouvriers c’est aussi un manque de perspective réjouissante à long terme qui pose problème. Certains parfois nous répondent, « nous allons peut-être gagner contre les ordonnances et après ? ». Et après ? Voilà la raison qui affaiblit également l’envie aujourd’hui de sortir uniquement pour un mouvement social. La classe ouvrière attend plus, elle n’a pas peur de se battre, mais elle veut se battre pour gagner, non pas simplement contre une loi, mais gagner contre ces gouvernements qui nous oppriment depuis tant d’années. On les a appelés « Plan Juppé », « CPE », « Réforme Balladur », « Retraite Sarkozy », « Loi El Khomri », « Loi Macron », et penser que tout cela n’est que l’accumulation de personnalités du monde politique, c’est nier l’évidence de l’existence de gouvernements au service du MEDEF et du grand patronat. Aux commandes, ils avancent masqués, espérant qu’à chaque nouvelle élection présidentielle, un nouvel « homme » providentiel séduise les « électeurs » pour continuer le travail.

Or Macron n’a pas su séduire, avec seulement 40% de la population française ayant voté pour lui au second tour de l’élection, dont une grande partie pour faire barrage au FN. La crise organique, l’élection de Macron et sa base sociale étroite sont des éléments de faiblesse, et pourtant les directions syndicales n’ont cessé de le légitimer en s’asseyant à la table des négociations avec Macron.

Il va donc falloir tirer le bilan de ces défaites, pour ne plus les recommencer. La construction de l’unité de la classe, ne peut se faire qu’avec une stratégie et une politique claire, elle va devoir se construire depuis la base. L’avant-garde ouvrière qui en a marre de mettre des coups d’épée dans l’eau, qui a envie de bien plus, a compris peut-être avant beaucoup d’autres que le problème n’est pas de le combattre uniquement à chaque fois qu’il fait surface, mais bien de l’arracher depuis la racine.

Les ouvriers doivent se syndiquer, participer massivement aux discussions qui les concernent encore plus qu’elles ne concernent Martinez, Mailly ou Berger. Le monde du travail va devoir s’organiser pour construire des Assemblées Générales, seuls endroits démocratiques où les travailleurs peuvent échanger et s’exprimer. Batailler contre les guerres de chapelles pour construire l’unité de la classe. Multiplier les initiatives pour préparer la reconductible puis la grève générale, qui devra être un tout, celle qui va commencer à fissurer ce que le capital a construit depuis bien des siècles. Beaucoup analysent cette « sinistrose » du mouvement comme une simple léthargie, un manque de combativité ou un manque de compréhension du danger des ordonnances, or tout cela est hautement politique. Il n’y a qu’à demander à l’ensemble des travailleurs qui ont combattu contre la réforme El Khomri par centaines de milliers durant 4 mois s’ils n’ont pas compris les ordonnances ou s’ils trouvent qu’elles ne sont pas si catastrophiques que cela, vous verrez leurs réponses.

Marre d’être trahis par le réformisme, le parlementarisme, les opportunistes, les bureaucrates, le mouvement ouvrier doit construire non pas pour gagner un répit d’un an contre une nouvelle contre-réforme, mais bien pour faire tomber ceux qui ont les pleins pouvoirs.

Le 16 Novembre ne sera donc pas un Baroud d’honneur, comme ne l’a pas été le 15 Septembre 2016. Cette manifestation, peu importe le monde qu’elle rassemblera, continuera à poser les jalons d’un mouvement d’ampleur à partir de la base. Ni désespérer, ni s’affaiblir il ne faut, mais construire jusqu’à la prochaine bataille. Les temps plus faibles doivent servir de moments pour apprendre, réfléchir, afin de repartir plus fort pour lutter contre tout ce que propose ce monde, licenciements, précarité, guerres, famines, pillages, racisme, sexisme, violences policières.

 
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