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La Izquierda Diario
17 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Même les milliardaires sont malheureux, parfois…
Qui est Saad Hariri, l’homme le plus riche du Liban ?
Ciro Tappeste

Alors que la crise entre le Liban et l’Arabie Saoudite fait rage, retour sur un des principaux protagonistes de l’affaire : Saad Hariri, le premier ministre libanais démissionnaire.

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Crédits photos : © Sputnik. Maxim Blinov

Saad Hariri, c’est avant tout un « fils de ». Sans Rafiq, son père, tué dans un attentat à la voiture piégée en 2005, à Beyrouth, Saad Hariri ne serait rien. Mais si l’Histoire, parfois, bégaie, c’est toujours sur deux modalités différentes : la première fois comme une tragédie, la seconde fois sur le ton de la farce. C’est bien cela aussi qu’est Saad Hariri : le doublon-bouffon de son père.

Là où le paternel était un homme d’affaires « brillant » (avec ce que cela implique de business douteux), le fiston n’a jamais réussi à gérer quoi que ce soit. Là où le père était un vieux routard de la politique libanaise, habitué des combines et des mauvais coups (au point de s’y perdre, au final), le fils n’a jamais eu aucun véritable talent. Là où, comme tout bon politicien libanais, Rafiq tentait tant bien que mal de manœuvrer entre ses encombrants parrains, Américains et Saoudiens in primis, Saad n’a jamais été qu’un simple pantin qui se faisait manœuvrer.

L’affaire, on le sait, a pris une tournure toute particulière depuis sa démission, le 4 novembre dernier, depuis l’Arabie saoudite, ce qui est assez incongru pour un Premier ministre libanais. La gorge nouée, au bord des larmes, sans rolex à son poignet (comme les vulgaires détenus en garde-à-vue à qui l’on enlève la montre et les lacets des chaussures pour éviter le suicide), Saad Hariri a dit craindre pour sa vie, en lançant une accusation contre le Hezbollah. Drôle de dénonciation pour un homme qui est, avant tout, otage des Saoudiens.

Il n’en reste pas moins que la fortune du clan Hariri se trouve avant tout, dans le royaume. C’est le père, Rafiq, qui a fait fortune en devenant l’obligé de la famille royale en investissant dans le BTP, dans les années 1970, alors que le Liban plongeait, progressivement, dans la guerre civile. D’un côté la famille Bin Saud lui concédait de juteux contrats, de l’autre Hariri renvoyait l’ascenseur en arrosant généreusement ses commanditaires ou leurs affidés à grands coups de dollars détournés des chantiers. C’est avec cet argent que Hariri a bâti une fortune au niveau proche et moyen-oriental, à partir de la société Saudi Oger, un temps basée à Paris. C’est ainsi que Rafiq Hariri a « racheté » littéralement une partie du Liban, avec des journaux, des TV et ce jusqu’à l’entreprise de nettoiement de la capitale, Sukleen. Auparavant, c’est Saudi Oger qui a raflé une bonne partie des contrats de reconstruction de Beyrouth, ravagée par la guerre civile qui n’a pris fin qu’en 1989, avec les accords signés à Taëf… en Arabie Saoudite. C’est donc des Saoudiens, tout d’abord, que les Hariri sont les obligés.

Mais le clan Hariri sait également entretenir d’excellentes relations avec le patronat français et les politiciens de l’Hexagone. Premier ministre du Liban à de nombreuses reprises entre 1992 et 2004, Rafiq Hariri était un proche de Jacques Chirac au point, selon certaines sources, de financer ses campagnes électorales. Chirac sera d’ailleurs le seul chef d’État occidental à se rendre aux obsèques de « son ami ». La famille saura s’en souvenir, puisqu’elle mettra à disposition du couple Chirac son duplex situé sur les quais de Seine, à Paris, pendant plus de huit ans, après leur départ de l’Elysée.

Mais lorsqu’en fonction de la chute du prix du baril, Riyad a commencé à restreindre ses subventions aux entreprises, c’est bien Saud Oger qui a trinqué en premier. Et ce d’autant que l’Arabie Saoudite a toujours vu d’un mauvais œil que le Hezbollah, son ennemi juré, pion de Téhéran sur plusieurs théâtres d’opération régionaux, soit intégré au gouvernement mené par Saad Hariri, le second fils de Rafiq Hariri, qui avait repris les rênes du conglomérat politico-financier du pays après 2005. Il n’y a pas pourtant pas beaucoup d’options différentes pour gouverner le Liban que d’intégrer les chiites à la coalition au pouvoir. Pris entre deux feux, ce sont finalement ses parrains saoudiens qui ont fini par faire trébucher Saad Hariri. Mais ce sont eux, également, qui ont vidé son portefeuille. Dans les entreprises du groupe Hariri, on ne paie plus les salariés depuis plus d’un an, parfois. Quant à Forbes, le magazine américain, il a sorti Saad de la liste des « milliardaires ».

On comprend les larmes de Saad à la télévision saoudienne. Les riches aussi ont des émotions, et Saad Hariri est sur le point de tout perdre : la fortune léguée par son papa, le poste de Premier ministre transmis par son papa, ses parrains saoudiens dont il a hérité par son papa. Heureusement qu’Emmanuel Macron est là pour le sortir de cette mauvaise passe en l’invitant, samedi, à l’Elysée.

 
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