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17 de novembre de 2017 Twitter Faceboock

Election Les Républicains
Wauquiez tente le grand écart sur l’UE pour rassembler de Juppé à Le Pen
Sadek Basnacki

Dans une interview au Figaro, Laurent Wauquiez, candidat à la présidence de LR, essaie tant bien que mal de flatter sa base eurosceptique tout en tentant de séduire l’aide modérée pro-UE et juppéiste. Cela n’est pas une mince affaire et l’oblige à effectuer un grand écart qui peut s’avérer difficile à tenir tant sur le long terme que sur le court terme.

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Crédits photo : KONRAD K./SIPA

Même si on pourrait aujourd’hui qualifier Laurent Wauquiez d’eurosceptique, celui qui fut sous Sarkozy pendant 227 jours le ministre aux Affaires européennes, ne l’a pas toujours été. À cette époque, il défendait l’entrée de la Croatie dans l’UE et assurait qu’il était « hors de question » de remettre en cause Schengen. En 2014, changement de ton radical : il plaidait alors une Europe « à six », avec l’idée que « l’élargissement de l’Union européenne à 28 a été une erreur majeure ». Novembre 2017, il plaide maintenant pour union européenne à 12. En tant que girouette politique, quelle est aujourd’hui la position du futur président des Républicains ?

Une refonte de l’UE

D’une part Macron veut réformer l’UE, et d’autre part les juppéistes sont bien tentés de rejoindre Wauquiez pour les élections européennes de 2019. Lui qui essaye d’éviter l’éclatement de sa formation politique, explique qu’il faut « revoir l’architecture européenne » puisqu’à « vingt-sept, ça ne marche pas ». Il faudrait selon lui organiser l’UE « autour de trois cercles » : « un noyau dur, sans doute autour de douze pays, dans lequel nous devrons aller beaucoup plus loin en matière d’harmonisation fiscale, de droit du travail, de règles sociales, pour supprimer le dumping social », « un deuxième cercle, celui de la zone euro  », enfin un troisième qui serait « une zone de libre-échange renforcée  » dans laquelle le Royaume-Uni « aurait toute sa place ».

On imagine que lorsque Laurent Wauquiez parle d’harmonisation pour supprimer le dumping social, ce n’est pas en généralisant feu le code du travail français à toute l’Europe ; ce serait plutôt en baissant au maximum les droits sociaux (un geste envers les juppéistes !). Pourtant, s’il rejette « l’étiquette d’eurosceptique » et s’affirme « européen convaincu », il exécute une certaine gymnastique intellectuelle pour ne pas non plus se couper de sa base très à droite à l’intérieur et à l’extérieur du parti. On comprend mieux ainsi l’affirmation que l’UE « ne fonctionne pas » et qu’il faut tout changer.

Une Union Européenne, oui... Mais une union des Etats Nations

Dans son discours, Wauquiez ne revient que très peu sur ce que représente économiquement l’UE (c’est-à-dire l’union des marchés). Quand il y revient, c’est pour pousser encore plus vers une Europe ultra-libérale, tout en faisant passer la responsabilité de la crise de l’UE sur la souveraineté et les crises migratoires. Le politicien forme ainsi un cocktail ressemblant beaucoup à ce qu’on entend tout à droite de l’échiquier politique.

« Je rejette l’étiquette d’eurosceptique ; je suis un Européen convaincu. Face à la mondialisation et pour que la France pèse et se protège, il est indispensable de s’adosser à l’Europe. »

Wauquiez souhaite faire un « traité de refondation » soumis à un référendum car « on ne construit pas l’Europe contre l’avis des peuples  » et qu’il faudrait que « la France retrouve la souveraineté sur sa politique migratoire  ». Il tente ainsi de rassembler la droite en promettant de trouver un chemin « entre le fédéralisme technocratique de Macron et le “Frexit” de Le Pen et Mélenchon », devenant ainsi l’homme de la « réconciliation entre la famille issue de Monnet et la filiation de Séguin ».

Wauquiez reproche à Emmanuel Macron de proposer « de faire un pas en avant et d’élargir l’union aux Balkans », politique que lui-même proposait il y a 6 ans. Maintenant, il propose « au contraire que sur le prochain mandat du Parlement européen il n’y ait plus aucun élargissement ». Juppé et ses partisans seraient potentiellement séduits par un rapprochement avec LREM en vue des élections européennes de 2019 à travers un « axe central ». Ils demanderont beaucoup plus à Wauquiez qui ne semble pas en mesure leur offrir plus tant il lorgne sur l’électorat du FN.

Wauquiez souhaite « que l’Europe réassume ses valeurs et sa civilisation » en expliquant qu’« Emmanuel Macron a tort : il n’y a pas de nation européenne. Il y a, en revanche, une civilisation européenne ». Une fois encore, ces propos ressemblent étrangement à ceux tenus il y a un mois par Marine Le Pen qui s’est dit en faveur de la « civilisation » européenne, mais contre celle de Bruxelles. Wauquiez reprend également les idées protectionnistes comme celle du « buy european act, qui donne une priorité d’accès aux marchés publics, comme le font les Américains pour défendre leurs intérêts ». Wauquiez considère que la France doit « retrouver la souveraineté sur sa politique migratoire et qu’on bâtisse un nouveau Schengen, sans cette politique migratoire. » Voilà un point commun de plus avec Marine Le Pen.

Aujourd’hui Wauquiez ne semble pas en mesure, malgré ses ambitions, de rassembler Les Républicains et les formations plus à droite. L’éclatement de son parti apparaît ainsi de plus en plus inévitable.

 
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