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La Izquierda Diario
21 de septembre de 2018 Twitter Faceboock

Un revenu « universel »... sous conditions
Avec son Revenu Universel d’Activité, Macron annonce sa conception du modèle social français
Nicolas Arnaiz

Emmanuel Macron a réitéré ces derniers jours son souhait de créer un « Revenu Universel d’Activité » fusionnant « le plus grand nombre des prestations sociales, du RSA aux APL » avec le souhait avoué de réduire les dépenses liées aux prestations sociales. Ce nouveau revenu, censé aider les jeunes a s’insérer dans la vie professionnelle, n’est en réalité qu’une énième attaque du gouvernement contre les plus précaires. Mais surtout, c’est l’annonce par Macron du passage du modèle social français à un modèle basé sur les « droits » et les « devoirs », sur l’individualisation et le mérite.

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Si le Revenu Universel d’Activité voulu par Macron et sa clique porte ce nom, il sera pourtant...conditionné par l’exercice ou la recherche d’une activité professionnelle, et, comme l’a si bien dit Macron lui-même, par une « obligation d’inscription dans un parcours d’insertion, qui empêche de refuser plus de deux offres raisonnables d’emploi ou d’activité figurant dans son contrat ».

Avec cette fusion de toutes les aides sociales, c’est finalement tous les secteurs les plus précaires que Macron touche d’un seul coup : les chômeurs et les salariés, qui se retrouveront contraints d’accepter des jobs précaires pour ne pas perdre leurs aides, les retraités, qui verront encore une fois leurs pensions baisser, et les étudiants qui, au mieux verront leurs aides baisser, au pire, devront arrêter leurs études.

Encore une fois l’occasion de relancer le chantage aux allocations, puisque l’État sera bien évidement seul décideur du caractère « raisonnable » d’une offre d’emploi, et ne se gênera certainement pas pour pousser les chômeurs à accepter les jobs les plus précaires sous peine de perdre leurs aides sociales.

Derrière cette mesure, plus fondamentalement, c’est l’annonce par Macron de la transformation en profondeur du modèle social français pour passer au système macronien basé sur le mérite et l’individualisation, où les « droits » seront désormais conditionnés à des « devoirs ».

Cette mesure issue du plan pauvreté vise ainsi à réarmer idéologiquement le macronisme qui ne se contente plus de critiquer l’ « inefficacité » du modèle social français, mais entend cette fois acter son remplacement. Il s’agit, dans une séquence de décrochage de son électorat sur la gauche et sur la droite, de tenter de faire le grand écart : d’un coté satisfaire l’électorat de gauche en montrant qu’il se soucie des « derniers de cordée », et de l’autre tailler dans les aides sociales tout en se démarquant du discours de la droite sur « l’assistanat ».

Une tentative d’« en même temps » mise à mal tant par le tollé suscité par la déclaration de Macron sur le fait qu’il suffirait de « traverser la rue pour trouver un boulot », que par la colère des retraités face à laquelle Jupiter a été contraint de reculer. Si ces éléments indiquent que la société française n’est pas prête à entrer dans le modèle de société précaire ultra-libéral que vend Macron, c’est désormais au monde du travail d’opposer une contre-offensive face à ce modèle qui ne prend prend pas.

Crédits © Hamilton / REA

 
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